AMRAE - ATOUT RISK MANAGER - page 32

L’AVIS DES EXPERTS :
David Vigier
|
Europcar International
|
Directeur des assurances et de la gestion des risques
Quel dispositif avez-vous mis en place ?
La prévention de la fraude et de la corruption doit partir
de la ligne éditoriale et des valeurs d’intégrité diffu-
sées par la direction de l’entreprise. Un programme
de compliance exigeant est un élément important d’une
politique robuste en la matière. Il est généralement
admis que le processus de recrutement joue un rôle
important pour s’assurer que les nouveaux collabora-
teurs adhèrent aux valeurs. La mise en place d’un tel
dispositif, si elle ne le supprime jamais totalement, offre
un bon bouclier pour réduire considérablement le risque.
Les produits assurantiels sont-ils bien adaptés ?
En matière de fraude, les produits sont connus sur le
marché de l’assurance. Il y existe une offre qui permet
d’apporter une réponse en matière d’exposition finan-
cière liée à ce risque. Les assureurs ont, ceci dit, essuyé
une sinistralité soutenue sur ce type de portefeuille, ce qui
explique que les niveaux de franchises se soient considé-
rablement rehaussés ces derniers temps. 
En matière de corruption, le marché de l’assurance n’ap-
portepas de réponse efficace. Les polices Responsabilité
Civile des Mandataires Sociaux répondent en partie sur
certains points très spécifiques. L’éventail des polices
des lignes financières (garantie fraude, gestion de
crises, atteinte à la réputation, responsabilité de l’em-
ployeur…) peuvent apporter des éléments de réponses
très parcellaires en matière de frais relatifs à des cas de
corruption. Rappelons également que certaines zones
géographiques sont plus sensibles que d’autres, ainsi
que certaines typologies d’entreprises et notamment
celles confrontées à des attributions de marchés publics.
Comment améliorer la gestion de ces risques ?
La problématique à laquelle sont généralement confron-
tées les entreprises est celle de la prise de conscience
souvent trop lente des enjeux liés à ces sujets au plus
haut niveau. Il est fondamental que la politique d’inté-
grité innerve les organisations, que par exemple, des
procédures d’alerte (type whistleblowing même si ce n’est
pas tout à fait dans la culture française) permettent aux
salariés de signaler des cas. Le rôle des Risk Managers est
aujourd’hui d’alerter les instances dirigeantes de l’entre-
prise sur les enjeux relatifs à ce type de risques et d’en
organiser la prévention avec les différentes directions
fonctionnelles concernées. 
✧✧✧
Jean-Marc Lefort
|
KPMG
|
Associé en charge de la prévention
et l’investigation des fraudes
Pourquoi le risque de fraude ne cesse-t-il d’augmenter ?
Rappelons que les fraudes comptables et financières
peuvent revêtir trois formes distinctes : le détournement
d’actifs, le faux bilan et la corruption.
Ce risque augmente pour plusieurs raisons. Tout d’abord,
la crise économique accentue la pression exercée sur les
individus et les entreprises notamment pour atteindre les
performances économiques attendues. Ensuite, l’inter-
nationalisation des échanges implique un éloignement
entre les sites opérationnels et les sièges sociaux ainsi
qu’une complexité accrue des montages (dans le cas de
joint ventures par exemple). Enfin, la croissance génère
mécaniquement une augmentation des comportements
frauduleux, la fraude étant consubstantielle à l’activité
économique.
David Vigier,
Directeur des assurances
et de la gestion des risques,
Europcar International
Jean-Marc Lefort,
Associé KPMG, en charge
de la prévention et l’inves-
tigation des fraudes
Si les risques de corruption et de fraude sont consubstantiels à toute activité économique
d’envergure, leurs effets peuvent être dévastateurs si aucun dispositif n’est déployé pour en
limiter les impacts. Un défi de taille pour les Risk Managers qui doivent à la fois alerter les
instances dirigeantes et organiser la prévention avec les différentes directions concernées.
CE QU’ILS EN DISENT, CE QU’ILS EN PENSENT :
CORRUPTION ET FRAUDE
« Il est fondamental
que la politique d’intégrité
innerve les organisations.»
David Vigier
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°2 I
SEPTEMBRE 2014
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MÉTIER RISK MANAGER
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