Olivier Muraire,
Directeur général de Liberty
Mutual Insurance Europe
ne rend pas compte du risque auquel celle-ci est exposée.
Néanmoins l’approche reste très macro. En tant que
ré-assureur, j’estime que l’analyse des risques n’est pas
assez désagrégée. Il n’y a pas un risque mais plusieurs
avec différentes caractéristiques. De même, il n’y a pas
un coût du risque. Cela se décline au pluriel. Il faut avoir
des catégories de risques plus fines afin de faire des
comparaisons dans le temps
».
UN DOCUMENT QUI DOIT VIVRE
Les auteurs de cette première édition comme les autres
parties prenantes de la gestion des risques, tous ont
conscience que l’outil doit évoluer pour conserver sa
pertinence. «
Il faut que cet indicateur vive et évolue
afin de lui permettre de couvrir les nouveaux risques
»
note Kadidja Sinz. Pour Hervé Houdard, la pérennité de
l’indicateur va aussi dépendre de sa capacité à intégrer
les grands évènements de l’entreprise : «
Si l’entreprise
est amenée à changer de périmètre, à la suite d’une
opération de vente ou d’une acquisition, il faudra que le
Risk Manager tienne compte de l’évolution des actifs
».
Philippe Trainar fait le même constat : «
l’indicateur
a du sens mais surtout dans l’évolution et à terme. La
démarche est prometteuse mais il faut le faire vivre sinon
cela n’aura pas grand intérêt. Car dans le temps, une
entreprise va changer sa façon de se couvrir. Il va y avoir
une re-estimation de certains risques. Et en général,
c’est l’exposition de l’entreprise qui est en cause et non
pas le risque. C’est cela qu’il convient aussi d’analyser
».
Brigitte Bouquot souhaite une évolution plus tech-
nique afin de pouvoir prendre en compte la puissance
du mécanisme d’assurance : «
cette mesure n’est pas
toujours faite dans les entreprises. Comme, par exemple,
comparer le bénéfice d’un programme d’assurance par
rapport à une augmentation de capital. C’est ce genre
d’analyse que nous devons enrichir collectivement.
»
Certains acteurs appellent à une évolution plus
profonde. Ainsi Olivier Muraire, Directeur général
de Liberty Mutual Insurance Europe estime que : «
la
démarche de la construction de l’indice est intéressante
surtout parce que, ce qui ne se mesure pas ne peut pas
être amélioré
» mais souhaiterait «
un tableau mesu-
rant l’évolution des différents composant du coût du
risque pour l’entreprise car il est la somme de nombreux
éléments divers
». Il estime qu’il sera nécessaire d’avoir
un peu d’antériorité et de voir comment bougent les
indices pour que l’indicateur trouve véritablement tout
son intérêt. «
Pour expliquer les évolutions d’une année
sur l’autre il sera nécessaire de reporter les coûts de
chaque police par nature de garanties et par territoria-
lité
» confirme Bruno Capron. Enfin parmi les remarques,
certains s’étonnent que l’indicateur n’ait pas vocation
à être comparé d’une entreprise à une autre. «
Comme
tout indicateur, une entreprise devrait pouvoir se
comparer au minimum à une entreprise de son secteur
d’activité
» regrette Bruno Capron. Une démarche de
non-comparaison clairement défendue par les rédac-
teurs de l’indicateur qui rappellent «
qu’étant donné les
diversités de situations liées aux activités, à la structure
et aux finances de chaque entreprise
», il ne faut pas
s’attendre à une comparaison d’autant moins si l’in-
dicateur est amené à être décliné auprès des ETI (voir
encadré).
RISK MANAGER :
COMMENT S’APPROPRIER L’INDICATEUR?
Pour ses concepteurs, le succès de l’indicateur viendra
aussi de la manière dont les Risk Managers pourront se
l’approprier. Léopold Larios préconise même de l’uti-
liser «
en laboratoire
» avant de le déployer à plus grande
échelle. Dans un premier temps, souligne Anne-Marie
Fournier, «
chaque Risk Manager doit s’approprier l’outil
et faire part de ses réactions à l’AMRAE
». Cette appro-
priation passe bien sûr par la pratique. Chez Thales,
Brigitte Bouquot a déjà réfléchi à un plan d’action :
«
je vais faire une présentation aux managers financiers
et bien expliquer la méthodologie aux équipes car il est
plus facile de comparer le budget de primes par rapport
aux sinistres mais c’est insuffisant ! Dans mon entre-
prise, nous avons répertorié plus de 15 grands risques
avec des sous-risques. Mon souhait serait de décliner la
méthodologie dans chacune de ces catégories de risque
et pourquoi pas la présenter aux administrateurs quand
la démarche sera mature
». Pour sa part, l’AMRAE a
effectué des premières présentations auprès d’un panel
de membres et leur a demandé de travailler sous forme
d’exercices pratiques. «
Avant d’envisager d’enrichir le
document, c’est la démarche globale que nous voulons
développer. C’est-à-dire fournir davantage d’outils
pratiques à nos adhérents afin de les aider à ouvrir de
nouvelles perspectives. Notamment sur la perception des
nouveaux risques
» souligne Hélène Dubillot. Dans cette
perspective, l’AMRAE devrait ainsi publier, dans quelques
mois, un document sur les scénarios de risques numé-
riques qui inclut les couvertures associées et les possi-
bilités de traitement. Dans l’intervalle, le nouvel indi-
cateur du coût du risque va circuler dans l’écosystème.
Atout Risk Manager se fera l’écho de son intégration
dans le quotidien des professionnels du risque.
Philippe Trainar,
Chief economist et
Senior Global Advisor
to the Chairman du
groupe SCOR
Piloté par
Anne-Marie Fournier
Vice-présidente de l’AMRAE, Kering
✔
Brigitte Bouquot,
Administratrice de l’AMRAE, Thales
✔
Léopold Larios, Edenred
✔
Renaud de Pressigny, QBE
✔
Hélène Dubillot, AMRAE.
LE GROUPE DE TRAVAIL
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°2 I
SEPTEMBRE 2014
21
DOSSIER
INDICATEUR DU COÛT DE TRAITEMENT DES RISQUES ASSURABLES