

RETOUR D’EXPÉRIENCE
AVEC LA COLLABORATION DE
Beaucoup de pays s’équipent. Parmi les 30 fermes les plus produc-
tives, la moitié sont britanniques.
Au début des années 1980, le Danemark se lance : près de Vindeby,
11 éoliennes produisent alors 4,95 MW. Depuis, les éoliennes ont
augmenté en taille : la dernière génération, la 5
e
, mesure plus de
200 m de haut (une pale dépasse la largeur d’un A380) et produit
seule plus de 7,5 MW. Les grands constructeurs ont des projets de
10 voire 12 MW, car, à la clé de cette course à la production, se
trouvent des économies d’échelles conséquentes.
En grandissant, la fiabilité doit être irréprochable. Le moindre
arrêt suppose des pertes d’exploitation, l’envoi sur place d’une
équipe avec un bateau-hôtel pour de l’éolien offshore. Si une
pièce doit être envoyée à terre, il faut prévoir un navire spécial
dont la disponibilité est limitée…
Les prévisions tablent sur 80 000 MW produits en 2020 par l’éolien
offshore, dont la moitié en Europe. Face à ces défis, les assureurs
de grands risques s’organisent eux aussi.
Certains prenant même part à l’exploitation de cette nouvelle
ressource.
Le 31 mars 2015, AGCS, organisait une journée technique sur ces
nouveaux risques à laquelle le Dr Johannes Stoiber, directeur de
l’équipe d’ingénierie de AZT, un laboratoire qui a plus de 80 ans
d’expérience, était convié.
Il y a présenté les travaux de son équipe qui a analysé des causes
de défaillances à partir d’expertises conduites entre 1993 et 2012.
Son équipe a principalement planché sur les défauts mécaniques.
Elle a constaté que les courants d’air irréguliers créaient des
charges dynamiques élevées, renforcées par l’augmentation du
diamètre des rotors.
Les éoliennes actuelles ont été calculées par extrapolation sur les
petites. Leur durée de vie escomptée, autour de 20 ans, n’est pas
souvent atteinte. «
Le vent hétérogène et les fortes rafales créent
un fort couple de décrochage sur les paliers de rotor et sur les engre-
nages. La vitesse du vent et sa direction ne peuvent pas être régu-
lées ! Les charges dynamiques élevées sont le défi principal de la
conception des éoliennes,
» précise Johannes Stoiber.
La plupart des pannes apparaissent au niveau du train de trans-
mission : pales de rotors, engrenages (dents et paliers). Au niveau
de l’engrenage, les dommages sont sous forme de changements
de surfaces et d’éclatements de dents. «
Notre analyse statistique
menée depuis déjà 20 ans confirme que 60% des sinistres analysés
ont été provoqués par des charges élevées ou une distribution de
charge asymétrique, 18% sont dus à la lubrification (fatigue de
surface), 17% à la fabrication, 20% au matériau.
»
Plusieurs causes peuvent conduire à une défaillance.
Côté assurance, il existe un éventail de produits qui couvrent la
plupart des risques, dont les pertes d’exploitations. On trouve des
garanties classiques : bris de machine, catastrophes naturelles,
incendie... Des garanties décennales ont déjà été appliquées dans
le cadre d'éoliennes terrestres. La question de l'ancrage est déci-
sive car une mauvaise étude du sol peut avoir des conséquences
importantes, allant jusqu'à l'arrachage des mâts.
Pour le moment il n’existe pas de leviers comme dans l’industrie pour
réduire la prime d’assurance. À l’expert ensuite de déterminer la
cause. Ce qui demande évidemment de l’expérience dans le domaine.
C’est pourquoi la surveillance et le monitoring permanent des
installations sur l’ensemble de l’appareillage, recommandé par le
laboratoire AZT, paraît essentiel.
David Kapp,
Extrait de la Lettre Droit & Réglementation n°25,
supplément à Face au Risque
L’éolien se développe, ses risques aussi
L’éolien a le vent en poupe et a connu un bond technologique ses 10 dernières années.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE I N°6 I OCTOBRE 2015
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