

La diversité de sa production et les aléas des évolutions technologiques
placent AgfaGevaert dans une situation tr!s spécifique ?ombre de
ses produits combinent en effet un coût parfois relativement réduit
avec des risques potentiels importants. Pour l’entreprise, l’équation
était d’autant plus complexe à résoudre qu’en dépit de sa situation de
leader elle présente une surface financi!re relativement modeste par
rapport aux big players d’autres secteurs. En 2014, son chiffre d’affaires
a culminé à 2,6 milliards d’euros, soit 16 fois moins que celui de Bayer
(42,2 milliards d’euros), son ex-maison mère.
UN SUIVI PERMANENT DES CONTRATS
Comment résoudre une équation aussi complexe ? Jo Willaert a entamé
plusieurs démarches Il a d¬abord passé au peigne fin l¬ensemble des
marchés capables de répondre à ses besoins finissant par Yeter son
dévolu sur celui de Dublin pour faire face aux besoins des pleins néces-
saires. Pour mieux négocier, il s’est adjoint, dans plusieurs domaines,
l’appui de courtiers, un métier dont il a pu mesurer la transformation
pour l’avoir pratiqué lui-même : «
longtemps le courtier a constitué un
véritable mur de Berlin entre l’assureur et l’assuré. Mais son rôle a évolué.
De technicien vendant des polices et arrangeant les sinistres, il est devenu
consultant proactif capable de réfléchir avec son client.
»
UN ENVIRONNEMENT TOUJOURS PLUS RISQUÉ
La gestion des risques demande une actualisation régulière de la
cartographie des risques en coopération avec l’audit interne. Cet exer-
cice régulier se focalise plus particulièrement sur trois dimensions :
l’évolution des activités du groupe, l’environnement de l’entreprise,
et l’environnement global. Une profondeur d’analyse qui tient à la
complexité de réalité, souligne Jo Willaert : «
le monde est devenu
informatique, doublement même, si on considère qu’il y a des enjeux
à la fois internes mais aussi externes, puisqu’Agfa-Gevaert vend des
produits et des services IT. Le risque IT, inexistant il y a 15 ans, est désor-
mais important. L’environnement de l’entreprise est aussi devenu plus
complexe, plus contraint par des réglementations et aussi plus déperson-
nalisé. Aujourd’hui, une entreprise est de plus en plus impliquée dans
des circonstances et des évènements où elle ne joue aucun rôle actif.
L’environnement global est aussi devenu plus instable. Tous ces facteurs
rendent plus complexes la gestion et la couverture des risques.
»
Aux prises avec un ensemble de risques aux caractéristiques très
variées et changeantes, Jo Willaert souhaite maintenant améliorer
son dispositif avec des outils en ligne. Et il a sa petite idée sur la
marche à suivre : «
je vais m’inspirer du panorama de solutions établie
par l’AMRAE
». Pour trouver l’oiseau rare, la présidence de FERMA, à
laquelle il vient d’accéder (voir page 10), sera sans doute aussi une
aide précieuse.
LE NUMÉRIQUE, FACTEUR D’OPPORTUNITÉ ET DE RISQUE
La numérisation des données et le développement des réseaux,
survenus depuis le début des années 2000, ont encore donné plus
d’ampleur au périmètre de responsabilités dévolu à Agfa-Gevaert. Si
l’entreprise a su développer des outils et des logiciels qui lui ont per-
mis d’accroître son activité, elle s’est trouvée aux prises avec une nou-
velle difficulté, explique Jo Willaert : «
la dégradation ou la perte de
données sont devenues de très grands risques auxquels nos clients,
et donc nous aussi, sommes exposés. Certains de nos produits sont
par ailleurs utilisés par des tiers, comme des personnels médicaux
ou paramédicaux sans lien avec Agfa-Gevaert, de sorte que le péri-
mètre de responsabilité de chaque intervenant n’est pas toujours
facile à déterminer. Nous sommes donc confrontés à des zones
grises qui sont très différentes de celles liés à un cas d’incendie,
par exemple.
»
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE I N°6 I OCTOBRE 2015
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MÉTIER RISK MANAGER
RISK MANAGER À L’INTERNATIONAL