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I

l y a trois ans, Patrick Pailloux, alors Directeur de

l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes

d'information), avait déclenché une véritable polé-

mique au sein du monde de la sécurité des systèmes

d’information en se déclarant contre le BYOD (“Bring

Your Own Device” ou «apportez votre propre matériel»).

Cette pratique consiste à permettre aux salariés d’utiliser

leurs terminaux numériques personnels (smartphone,

tablette, ordinateur portable) pour accéder aux données

de l’entreprise. Le message de l’ex-patron de l’ANSSI

semble avoir été entendu, puisque 66% des entreprises

interrogées déclarent interdire le BYOD, alors qu’elles

n’étaient que 38% en 2012

1

 4ette évolution ne signifie

pas que la pratique ne perdure pas.

Si les grands groupes sont réticents, le BYOD est en

revanche souvent en usage dans les start-up ou dans

certaines PME, qui n’ont pas les moyens de gérer une

potte de terminaux Par ailleurs… tous les pahs n¬ont

pas les mêmes comportements que la France. Dans

une étude mondiale sortie en juin dernier, l’entreprise

américaine de conseil et de recherche, Gartner, prévoit

que d'ici 2017 «

un employeur sur deux exigera de ses

employés qu'ils utilisent leurs appareils personnels au

travail

». De plus, les organisations devront «

mettre en

œuvre, dès à présent, des stratégies de BYOD offrant de la

flexibilité aux employés, en assurant dans le même temps

la sécurité au niveau de l'entreprise

». Cela peut se faire,

par exemple, en proposant aux salariés de rembourser

une partie, voire l’intégralité du matériel et/ou des

frais d’abonnement. Quant aux éléments de sécurité,

ils passent par des codes d’accès personnalisés au

système d’information ou par la séparation logicielle

des données personnelles et professionnelles.

IMPLANTER UN PROJET BYOD :

COMPTER UN AN

Le modèle BYOD séduit par ses nombreux avantages :

l’entreprise n’a pas à investir pour l’équipement de ses

collaborateurs, qui ont parfois à titre personnel des

machines plus puissantes que celles qui pourraient être

mises à leur disposition. L’employeur n’a pas à se soucier

de la gestion de la potte Il a l¬assurance d¬une prise en

main immédiate par l’utilisateur, qui retrouve un envi-

ronnement de travail familier.

Avocat à la Cour spécialiste des questions technolo-

giques, Éric Caprioli est régulièrement consulté pour

la mise en place du BYOD. Pour lui, le choix de cette

démarche doit se faire en concertation avec le service

juridique, la DRH, la SSI, et même le CIL quand il

existe Mais au final… constate”t”il… 

peu de projets

aboutissent dans une grande entreprise. Il faut près

d’un an pour l’implanter et cela soulève énormément

de problèmes. Il y a deux risques juridiques majeurs :

d’abord, la perte ou le vol de l’appareil peut amener

l’entreprise à effacer toutes les données, notamment

les informations personnelles ; ensuite, la difficulté à

gérer les accès au système d’information via des maté-

riels et des systèmes d'exploitation hétérogènes

».

Autre élément souvent occulté : «

l’appareil du salarié

possède une licence qui autorise un usage personnel et

familial. S’il y a usage professionnel, c’est une infrac-

tion par rapport à la licence

 Enfin… note l¬avocat…

peuvent appara&tre des problématiques fiscales :

«

Lorsque l’entreprise donne une certaine somme pour

financer l’appareil, est-ce un avantage en nature ou un

remboursement de frais profes-

sionnels ? Les deux situations

ne sont pas traitées fiscale-

ment de la même façon

».

Aux aspects juridiques

s’ajoutent des questions

qui relèvent des RH :

«

l’entreprise doit donner au

salarié les moyens de réaliser

sa mission. Or le BYOD peut

engendrer des discriminations

en fonction de l’équipement du

collaborateur. C’est pourquoi, il

est impératif d’avoir une charte

afin d’encadrer précisément les

usages

», relève Éric Caprioli.

BYOD : UNE PRATIQUE

À RISQUE QUI DOIT ÊTRE

PARTICULIÈREMENT ENCADRÉE

Lamixité des usages professionnels et domestiques de l’ordinateur, du téléphone ou de la tablette

personnels, soulève de nombreuses questions juridiques, de RH et de sécurité.

Éric Caprioli,

Avocat à la Cour

1

Enquête sur les pratiques de

sécurité en France réalisée en

2014 par le Club de la Sécurité

de l'Information Français.

Par Florence Puybareau

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°6 I

OCTOBRE 2015

52

VEILLE ET POSITION