Quels types d’informations diffusez-vous sur vos
risques ?
Le groupe diffuse plusieurs types d’informations sur
ses risques. Il y a tout d’abord une communication
obligatoire annuelle, à travers le DDR (ou document
de référence), qui comporte bien évidemment un
chapitre « facteurs de risque », mais aussi le « rapport
du président » dont les deux derniers paragraphes
expliquent que notre dispositif de maîtrise des risques
est efficace et bien géré. En tant que Directeur des
risques du Groupe, je suis chargé de leur rédaction,
l’ensemble des travaux étant coordonné par le respon-
sable de la Communication Investisseurs.
Par ailleurs, nous participons, de façon volontaire, à un
certain nombre d’enquêtes réalisées par des agences de
notation extra-financières qui classent les entreprises
en fonction d’un certain nombre de critères notamment
de responsabilité sociale, sociétale et environnemen-
tale (RSE). C’est un sujet qui est monté en puissance,
ces dernières années, et il y a de plus en plus d’enquêtes
en la matière. La gestion des risques y occupe une place
importante, que l’enquête soit générale ou ciblée sur
des sujets comme le carbone ou l’eau... Ces enquêtes
présentent l’avantage de concentrer nos réponses et
les investisseurs peuvent les consulter pour connaître
notre politique de gestion de ces risques.
Enfin, il faut reconnaître que nous communiquons assez
peu sur nos risques de façon spontanée, en « push» :
nous n’avons ni forum ni communication spécifique
pour le faire.
Communiquez-vous en interne sur vos risques ?
Nous communiquons... le juste nécessaire, mais sans
plus et en segmentant l’information au maximum. Ainsi,
rares sont ceux qui en interne connaissent l’intégralité
de notre cartographie des risques : chacun a accès à la
partie d’information dont il a besoin, par continent,
ou par unité, par exemple. Nos plans de traitement des
risques, eux, sont beaucoup plus largement partagés.
L’objectif de cette approche est de communiquer aux
différents acteurs de l’entreprise une information de
nature confidentielle, dont ils ont néanmoins besoin
dans l’exercice de leur mission, mais en limitant cette
diffusion au strict nécessaire.
Comment qualifieriez-vous votre politique de com-
munication sur les risques ?
Nous faisons probablement montre d’une certaine
«prudence» dans notre communication sur les risques.
Nous sommes très attentifs à notre risque de réputation
et nous pensons aujourd’hui qu’associer notre nom à des
risques pourrait être préjudiciable en termes d’image.
Toutefois, toute entreprise a des risques et l’on peut
aussi penser qu’il est rassurant pour l’extérieur de voir
que nous connaissons bien nos risques, que nous avons
défini un niveau d’acceptation pour chacun d’eux et mis
en place les moyens nécessaires à leur gestion.
De fait, le groupe Michelin a aujourd’hui acquis une
grande maturité dans sa gestion des risques. Cela fait,
depuis toujours, partie de notre ADN. En effet, nous
sommes sensibles au risque par nos produits - les pneus
dont l’aspect sécuritaire est majeur - mais aussi par la
protection nécessaire de nos savoir-faire, en particulier
les secrets de fabrication du pneu radial. Aujourd’hui,
nous connaissons bien tous nos risques et avons claire-
ment établi un niveau de tolérance pour chacun d’eux.
Nos plans de traitement sont également parfaitement
définis et nous les suivons régulièrement.
Aujourd’hui nous commençons à afficher notre « risk
policy », mais de façon encore assez générique et il
nous faudra probablement dans le futur devenir de plus
en plus précis. C’est une chose nouvelle : par exemple,
certains pays, comme l’Inde, en font aujourd’hui la
demande officielle.
Alain Aubignat,
Risk Manager du groupe
Michelin
«Nous sommes très attentifs
à notre risque de réputation.»
LES CHOIX DE MICHELIN
Le Risk Manager du groupe Michelin, Alain Aubignat, nous expose la politique
de communication de son groupe en matière de risques.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
22
DOSSIER
COMMUNICATION SUR LES RISQUES