LE REPORTING INTÉGRÉ :
UNE NOUVELLE ÈRE DE LA COMMUNICATION
SUR LES RISQUES ?
T
rop longue, trop complexe. La communication
financière prête aujourd’hui le flanc, dans son
ensemble, à d’importantes critiques. Certains
ont donc décidé de prendre le problème à bras
le corps et de réfléchir à une forme de nouvelle
communication, baptisée « reporting intégré », ou
integrated reporting
, telle que proposée par l’IIRC
(International Integrated Reporting Council). Plus
concis et beaucoup plus synthétique que les rapports
actuels produits par les entreprises, ce reporting a
notamment pour objectif de mettre en évidence les
liens entre la création de valeur de l’entreprise et
les moyens mis en œuvre par cette dernière. L’un des
objectifs affichés est de faciliter la prise de décision par
les dirigeants de l’entreprise.
SUIVRE L’ÉVOLUTION DES RISQUES
Dans ce cadre, les risques prennent évidemment une
nouvelle place. «
Au-delà de ses aspects dramatiques, le
risque est un élément consubstantiel de la vie de l’entre-
prise et de sa création de valeur. Lorsque l’on réfléchit à ce
qui fonde la stratégie des entreprises, on comprend que
le risque n’est pas le monopole des directions des risques.
Il doit au contraire être l’axe central de la réflexion stra-
tégique de l’entreprise, à son plus haut niveau : il faut
que les dirigeants, avant même de définir la stratégie
de l’entreprise et de penser son mode de déploiement,
s’interrogent sur le niveau de risque qu’ils sont prêts à
accepter
» explique Philippe Peuch-Lestrade, Directeur
général délégué de l’IIRC. Alors même que l’idée de
« performance dans la durée » est fondamentale dans
le projet de l’
integrated reporting
, chaque décision
doit s’afficher au regard du risque qui en découle.
«
Le reporting intégré devrait permettre aux instances
de gouvernance d’établir plus facilement les liens de la
chaîne risques – éléments de contrôle des risques – créa-
tion de valeur
, estime Philippe Peuch-Lestrade.
Prenons
l’exemple d’une ”simple” embauche de personnel : elle
présente un double risque, bien évidemment si l’em-
bauché est un fraudeur, mais aussi et tout simplement si
le recruté n’est pas à la hauteur des attentes et se révèle
donc contre-performant. L’interaction entre les facteurs
de risque et les décisions prises par les dirigeants est
mise en évidence à travers le reporting intégr
é ».
Avec une double conséquence. Tout d’abord unemeilleure
appréhensionen interne. Ainsi, selonuneétude
(1)
réalisée
en avril et août 2014 par Black Sun, auprès d’une partie
de la centaine d’entreprises qui planchent actuellement,
à travers le monde, sur le sujet du reporting intégré,
79% des dirigeants estiment avoir ainsi amélioré leur
processus de prise de décision et 68%avoir obtenu grâce
au process une meilleure compréhension de leurs risques
et opportunités. L’évolution vers le reporting intégré
forcerait donc l’entreprise à se poser de nouvelles ques-
tions. «
Aujourd’hui, combien de groupes ont réellement
réfléchi à leur appétence au risque ? Il conviendrait que
les conseils d’administration statuent avec précision sur
ce sujet
» souligne Philippe Peuch-Lestrade. Par ailleurs,
la démarche du «reporting intégré» séduit évidemment
les investisseurs et analystes. Selon une étude récente
du cabinet PwC
(2)
, seuls 14%des investisseurs jugent que
les entreprises communiquent suffisamment aujourd’hui
L’HORIZON
DU REPORTING INTÉGRÉ
Les groupes qui ont adopté la nouvelle démarche du « reporting intégré» n’hésitent pas à
communiquer sur leurs risques de façon extrêmement synthétique et hiérarchisée, mettant en
évidence le lien entre les risques, leur contrôle et la création de valeur.
Philippe
Peuch-Lestrade,
Directeur général
délégué de l’IIRC
QU’EST-CE QUE LE REPORTING INTÉGRÉ ?
«
Le reporting intégré est un processus qui aboutit
à une communication, le plus souvent sous la
forme d’un ”rapport intégré“ périodique, portant
sur la création de valeur par l’entreprise au fil du
temps. Un rapport intégré est une communication
concise expliquant le processus de création de
valeur d’une entreprise à court, moyen et long
termes, à partir de sa stratégie, de sa gouvernance,
de sa performance et de ses perspectives
».
Source : PwC
(1)
Étude BlackSun,
Realising the benefits : the impact of Integrated reporting,
réalisée entre avril et août 2014 auprès de 66 entreprises travaillant sur le reporting intégré.
(2)
Étude Corporate performance :
what do investors want to know ?,
menée au niveau mondial par PwC auprès de 85 professionnels du secteur de l’investissement.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
26
DOSSIER
COMMUNICATION SUR LES RISQUES