UN SOLIDE TRAVAIL SCIENTIFIQUE
F
in novembre, l’OMS recensait plus de 15 000
personnes victimes du virus Ebola dont 5 000
décès. En raison du très grand nombre de
personnes atteintes et du fort taux de létalité
de la maladie (près de 70% selon les experts),
ce chiffre devrait rapidement augmenter. Pour les trois
pays foyers de l’épidémie, Libéria, Guinée et Sierra
Leone, c’est une véritable catastrophe qui, selon la
Banque mondiale, est chiffrée à 800 millions de dollars
(et jusqu’à 32 milliards de dollars pour l’Afrique de
l’Ouest si l’on prend la fourchette haute). Mais son
impact économique mondial devrait rester limité. Ces
trois pays figurent parmi les plus pauvres du monde
et sont assez peu industrialisés. Les grandes entre-
prises internationales sont rares à y être implantées,
la France, par exemple, n’a même pas d’ambassade
en Sierra-Leone. Néanmoins, dans tous les pays déve-
loppés et particulièrement ceux qui ont eu des ressor-
tissants touchés (France, Espagne, États-Unis…), les
entreprises sont appelées à être particulièrement vigi-
lantes pour leurs collaborateurs locaux et pour ceux
qui sont amenés à voyager dans ces zones.
En France, les mesures de prudence
sont dictées par la loi. La juridiction
Karachi - suite à l’attentat au Pakistan
en 2002 qui avait tué 11 employés
français de DCNS - stipule : «
En
vertu du contrat de travail le liant
à son salarié, l’employeur est
tenu envers celui-ci d’une obli-
gation de sécurité de résultat.
Le manquement à cette obliga-
tion ayant le caractère d’une
faute inexcusable lorsque l’em-
ployeur avait ou aurait dû avoir
conscience du danger auquel était
exposé le salarié et qu’il n’a pas
pris les mesures nécessaires pour l’en
préserver
».
L’ÉPIDÉMIE N’EST PAS UN RISQUE
ALÉATOIRE
Les risques d’épidémie et de pandémie ne sont pas
couverts par les assureurs dans le cadre d’assistance
voyage et encore moins pour des pertes d’exploita-
tion sans dommages. Le principe de l’assurance est de
s’appuyer sur l’aléa. Or une épidémie, quand elle est
avérée, n’est plus un risque aléatoire mais un risque
certain. «
Dans les contrats traditionnels, nous couvrons
la perte d’exploitation. Nous avons dans notre catalogue
une offre de contrat perte d’exploitation sans dommage
mais la pandémie et les épidémies sont exclues pour
des raisons évidentes de cumuls,
souligne Véronique
Turinaz-Postel, Directrice commerciale d’Allianz Global
Corporate and Specialty.
Les contrats de transfert alter-
natifs de risques peuvent prendre en charge ces exposi-
tions, avec des montages adaptés et sur mesure
».
LES ENTREPRISES FACE
AUX RISQUES D’ÉPIDÉMIES
Bien que le nombre de morts causés par le virus Ebola continue d’augmenter, le drame a pour
le moment peu d’impacts économiques. Cependant en l’absence de couvertures assurantielles
spécifiques, les entreprises doivent prendre des précautions face à ce type de risques qui
pourraient à terme se multiplier.
Véronique
Turinaz-Postel,
Directrice commerciale
d’Allianz Global Corporate
and Specialty
Charles-Henry Madinier,
Directeur du département
Conseil en gestion des risques
de Marsh France
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
30
DOSSIER
EPIDÉMIE ET PANDÉMIE