Parmi les clients d’International SOS, certains ont choisi
de mettre leurs activités en arrêt de production jusqu’à ce
que le pays où ils sont implantés, soit indemne. «
Cela peut
prendre des mois
» reconnaît le médecin.
DES MÉMOS POUR RASSURER CHEZ
CAPGEMINI
Capgemini est l’un des groupes mondiaux qui a mis en
place un programme mondial d’assistance sécuritaire et
médicale, intégrant un plan de prévention vis-à-vis des
risques sanitaires. Placé sous la responsabilité conjointe
des directeurs de la mobilité, de la sécurité et des assu-
rances, ce programme élaboré avec une société spécia-
lisée s’adresse aux collaborateurs qui se déplacent à
travers le monde et notamment dans des pays proches
des foyers d’épidémie (le Groupe n’a pas d’établissement
permanent dans les trois principaux pays concernés).
«
Les hommes sont la première ressource de l’entreprise.
Il est donc primordial de veiller à leur sécurité maximum.
Nous interdisons aux collaborateurs d’aller dans certains
pays considérés comme à risque
» explique Alain Ronot,
Directeur des Assurances du Groupe Capgemini
et Administrateur de l’AMRAE, qui indique
que le Groupe a aussi beaucoup appris
d’H1N1. «
Plus impactant, il nous a permis
de mettre en place une organisation et de
mieux évaluer ce type de risque
».
«
Par rapport aux cas recensés dans les pays occidentaux où
Capgemini est présent, nous suivons de très près la situa-
tion. Globalement, à ce stade, il ne faut pas tomber dans le
catastrophisme. Ebola n’a pas pou
r le moment l’ampleur
du paludisme ou de la fièvre jaune». L’organisation
est cependant bien rodée. Outre un suivi régulier
notamment via une application mobile déve-
loppée par un prestataire, le Groupe diffuse des
mémos «
afin d’éviter les effets de panique et
les impressions d’isolement. Il est nécessaire
de communiquer sur le sujet
» précise Alain
Ronot qui travaille pour cela avec les services
mobilité, sécurité et RH. Si pour Capgemini,
société de IT & Management consulting, Ebola
ne menace pas directement son activité, son
directeur des assurances estime néanmoins
que le marché de l’assurance devrait se saisir
de cette problématique des pertes d’exploita-
tion non consécutives à un dommage matériel.
«
Certes nous pouvons la traiter via des solutions de
financement ou de transfert alternatif des risques inté-
grant des sociétés captives, par exemple, mais c’est un
sujet majeur sur lequel nous souhaiterions travailler avec
les assureurs et les réassureurs
».
LES VOYAGISTES EN PREMIÈRE LIGNE
Alain Ronot n’est pas le seul à appeler les assureurs à
plus d’engagement sur ces risques. C’est aussi l’avis
d’Alain Capestan, directeur général délégué du groupe
Voyageurs du Monde. «
Si mes locaux brûlent, j’ai une
RC d’exploitation mais pas pour ce genre de risque,
puisque la pandémie et ses conséquences ne s’assurent
pas. Cependant la question se pose car nous pouvons
craindre, un jour, une épidémie d’envergure qui sera
beaucoup plus redoutable qu’Ebola
».
Aujourd’hui, Voyageurs du Monde est très peu touché
par Ebola. La variété des destinations et la capacité
du voyagiste à proposer rapidement des alternatives
lui permettent de pallier aux rares défections de ses
clients. Mais il reste attentif. «
Nous avons conçu un
plan en cas de grave pandémie qui repose notamment
sur des économies de trésorerie
». Ce programme s’ap-
puie également sur les expériences précédentes,
parfois de natures très différentes mais aux impacts
forts. Par exemple, les conséquences des attentats du
11 septembre 2001 ou l’éruption du volcan islandais
Eyjafjöll, qui en 2010 a paralysé l’espace aérien euro-
péen pendant plusieurs jours, ont été difficiles à gérer.
«
Après le 11 septembre et pendant trois mois, nous avons
eu un chiffre d’affaires négatif. Nous ne vendions plus de
voyages et les clients qui s’étaient engagés se faisaient
rembourser. C’était très délicat au niveau de la trésorerie.
Heureusement, nous avons toujours eu des bons bilans et
les banques nous ont suivis
» souligne Alain Capestan.
L’entreprise a également été concernée par le SRAS et
le H1N1 mais là encore avec des conséquences limitées.
«
30% de notre activité est sur l’Asie et à l’époque même
si l’épidémie ne concernait qu’une partie infime de ce
Alain Capestan,
Directeur général délégué du groupe
Voyageurs du Monde
LES PRÉCÉDENTS
DU SRAS ET DU H1N1
Le SRAS
(Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) a été la première
maladie grave et transmissible à émerger au début du 21
e
siècle.
Transmise depuis une province chinoise à la fin 2002, le coronavirus
responsable de l’infection a contaminé plus de 8000 personnes (dont
774 décès) autour du globe en quelques mois. La pandémie s’est avérée
particulièrement sévère à Hong Kong qui dénombra près de 300 décès. L’impact
économique mondial fut estimé à plus de 3,8 milliards d’euros de pertes.
La grippe A
(H1N1) est une maladie respiratoire aiguë de l’être humain apparue
au Mexique en mars 2009. Elle est causée par un virus issu d’un réassortiment
inédit entre des virus d’origine porcine, aviaire et humaine. L’OMS a confirmé
18 500 décès dans le monde entre avril 2009 et août 2010 pour 25 millions de
cas recensés. Il y eut sans doute davantage de morts mais les chiffres sont
difficiles à collecter. En tout cas, c’est nettement moins que la grippe
saisonnière qui toujours selon l’OMS fait entre 250 000 et 500 000
morts chaque année. Selon la Banque Mondiale, la pandémie
se serait soldée par une baisse du PIB mondial de 0,7%
à 4,8%, selon sa gravité. Le coût pour la France se
serait monté à près d’un milliard d’euros.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
32
DOSSIER
EPIDÉMIE ET PANDÉMIE