ses résultats (ou sur sa capacité à réaliser ses objectifs)
et considère qu’il n’y a pas d’autres risques significatifs
hormis ceux présentés
», ou encore, en matière de risque
de liquidité, la déclaration suivante est proposée : «
La
société a procédé à une revue spécifique de son risque de
liquidité et elle considère être en mesure de faire face à
ses échéances à venir
». Et autant dire que les groupes
ne se privent pas d’utiliser ces formules toutes faites.
Finalement, on peut se demander si l’information
donnée par les groupes cotés sur leurs risques apporte
réellement quelque chose aux observateurs destina-
taires - en théorie - de la communication financière.
«
Les investisseurs se plaignent aujourd’hui de la standar-
disation des rapports : ils estiment que l’information qui
leur est communiquée ne permet pas une bonne compré-
hension des problématiques des entreprises
» résume
Philippe Kubisa, s’appuyant sur une étude récemment
menée par PwC
(1)
. «
Se focalisant sur la forme davan-
tage que sur le fonds, rares sont les groupes qui donnent
des éléments sur la quantification ou la réalité de leurs
risques. Aucun ne semble s’appuyer sur la cartographie
menée en interne pour faire une présentation hiérar-
chisée de ses risques
» résume Lionel d’Harcourt.
MUTISME ET LANGUE DE BOIS
«
Les groupes ont peur de trop s’exposer
». Le risque reste
un sujet souvent tabou auprès des responsables de la
communication, même financière. On craint tout d’abord
pour l’image du groupe. «
Notre direction de la commu-
nication estime qu’associer notre nom à des risques n’est
pas bon
» reconnaît ainsi le directeur des risques d’un
grand groupe. Au-delà du simple risque de réputation,
il y a un risque de décalage entre un risque que l’on
estime –en interne– correctement maîtrisé et le ressenti
–parfois décuplé– que pourrait en avoir les marchés
financiers. Mais il y a aussi des inquiétudes en termes
d’intelligence économique. «
Les rapports des entreprises
françaises sont de véritables mines d’informations pour
les entreprises étrangères qui envisagent de s’implanter
sur notre marché
» estime Jean-Philippe Riehl. Certains
groupes redoutent que les informations sur leurs risques
ne dévoilent, entre les lignes, leur stratégie. «
Certaines
entreprises apprennent plus sur leurs concurrents à travers
leurs rapports annuels et leurs publications que par des
indiscrétions sur le marché : la communication sur les
risques doit être conduite avec précaution pour, à la fois,
satisfaire le besoin d’information des investisseurs et ne
pas se retourner contre les intérêts de l’entreprise
» estime
Guillaume Gasztowtt, associé KPMG. Un sujet particu-
lièrement important dans les secteurs où tous ne sont
pas confrontés aux mêmes obligations. «
Étant coté, le
groupe Carrefour est soumis à des règles de transparence
que son concurrent Auchan ne connaît pas...
» relève ainsi
un professionnel du risque.
Enfin, dans un contexte de judiciarisation croissante, et à
l’heure où les «class actions» à la française commencent
à se mettre en place, les dirigeants redoutent que la
moindre information ne puisse, un jour, se retourner
contre eux. «
Ils craignent une mise en cause judiciaire :
qu’on vienne leur reprocher, a posteriori, l’ordre de leurs
priorités s’ils livrent la hiérarchisation de leurs risques
»
indique un consultant. Et même s’ils ne se sont pas
trompés... «
Si l’entreprise est confrontée à ce qui avait été
identifié comme son risque ‘numéro 1’, on pourra reprocher
aux dirigeants de ne pas l’avoir correctement maîtrisé
» juge
un professionnel. D’autant que la donne évolue très vite.
Jean-Philippe Riehl,
Consultant spécialisé dans
le domaine des risques
Guillaume Gasztowtt,
Associé KPMG
(1)
Étude Corporate performance
What do investors want to know ?
menée au niveau mondial par PwC auprès de 85 professionnels du secteur de l’investissement.
QUE DIRE SUR SA POLITIQUE D’ASSURANCE ?
Parmi les sujets débattus, celui de l’assurance. Ces dernières années, certains groupes ont en effet eu une politique de communication
très transparente sur leurs primes et polices d’assurance, allant jusqu’à livrer le détail de leurs couvertures... en cas de kidnapping de leur
personnel. Une politique dangereuse, en particulier si l’on est présent dans certaines zones exposées. «
Depuis 2012, ces informations ont été
retirées. Il est évident qu’il faut réfléchir à la portée des informations que l’on livre. Dire que l’on a souscrit une police spécifique pour couvrir
ce risque expose ses salariés sur le terrain
, souligne un professionnel.
L’AMF n’ira pas reprocher à une entreprise de rester vague sur le sujet : il
lui suffit que la rubrique soit traitée
».
Concrètement, l’indicateur du coût de traitement des risques assurables proposé l’an dernier par l’AMRAE (voir Atout
Risk Manager numéro 2) constitue une bonne alternative pour parler du coût de son assurance sans trop en dire. Cet
indicateur permet en effet de mettre en évidence le coût de l’ensemble de ses risques assurables (ou auto-assurés)
rapportés aux fonds propres de l’entreprise ou une autre référence (comme l’EBIT, le CA…), sans entrer dans des
détails... inutiles ou dangereux. Pour le calcul, l’association des professionnels du risque préconise de prendre le
coût des assurances (TTC, hors rémunérations des intermédiaires mais incluant les contributions à des systèmes
obligatoires comme les primes versées à des captives d’assurance directes), celui de la prévention des risques, ainsi
que les frais de gestion externes (courtiers, avocats, experts…) et internes (collaborateurs intervenant dans la
gestion globale des risques et des assurances) mais aussi le coût de l’auto-assurance (franchises, les sinistres non
assurés et le coût des captives). On découvre ainsi que le coût du risque assurable est faible, «
en moyenne inférieur
à 0,1% des fonds propres de l’entreprise
» indique Anne-Marie Fournier, Vice-présidente de l’AMRAE. On verra, à la
lecture des comptes 2014 des entreprises, si l’indicateur a remporté l’adhésion de nombreuses entreprises.
DOSSIER
IndicateurAMRAE
du coûtde traitement
des risquesassurables
MÉTIER RISKMANAGER
Définitiondesmissions
etde la structuredu risque
Gestionde sinistres
Formationà la loupe :
lesSeriousGamedébarquent
VEILLE ET POSITION
Lesdéfisde la réparation
dudommageenvironnemental
PORTRAIT
AlexandraPfalzgraf
VP InsuranceandRiskManagement
SchneiderElectric
ATOUT
RISK MANAGER
LAREVUEDESPROFESSIONNELSDURISQUEETDEL’ASSURANCE
TRIMESTRIEL•SEPTEMBRE2014•20€ TTC
N°2
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
17
DOSSIER
COMMUNICATION SUR LES RISQUES