«
Il y a une antinomie entre le timing de l’écrit et la gestion
des risques au quotidien dans l’entreprise. Positionné dans
un univers extrêmement mouvant, un risque non majeur à
un instant ‘t’ peut très rapidement prendre de l’ampleur
»
souligne Sylviane Hautin, Associée risk consulting chez
KPMG. D’un point de vue juridique, la documentation
financière peut être ‘à charge’. «
Si un groupe commu-
nique sur des mesures de sécurité et qu’on se rend compte
a posteriori qu’elles n’étaient pas correctement appli-
quées, les parties demanderesses à une action conten-
tieuse pourront éventuellement se retourner contre l’en-
treprise en arguant du document de référence comme un
facteur aggravant...
» souligne Jean-Philippe Riehl. Ce
n’est donc pas un hasard si les risques sont exposés d’un
côté et les dispositifs de contrôle d’un autre... «
Nous
évitons ainsi la phrase intermédiaire ”ce qui nous permet
de limiter nos risques”, que les événements postérieurs
pourraient remettre en cause, sachant que le risque zéro
n’existe pas
» reconnaît le Directeur des risques d’un
grand groupe.
DÉMONTRER LA MATURITÉ DE SON DISPOSITIF
À terme ? Qu’elles le veuillent ou non, les entreprises
devront aller vers davantage de transparence. «
C’est
une tendance inévitable, parce que tout le monde le
demande. La qualité de l’information sur le risque est en
réalité très révélatrice du degré de maturité de la gestion
du risque dans l’entreprise
» estime Loïc le Dréau, Client
service manager chez FM Global. En clair : ce sont les
meilleurs dans leur gestion du risque qui commu-
niquent le plus. Quelques leaders donnent déjà le « la »,
à travers l’apparition de nouvelles bonnes pratiques.
«
Quelques groupes lient la sensibilité du résultat à des
indicateurs clés, d’autres ont une communication hiérar-
chisée de leurs risques
» indiquent Sylviane Hautin et
Jean-Pierre Valensi, Associé audit chez KPMG, membre
de Capital Markets Group. D’autres encore ont introduit
une vision dynamique, permettant aux observateurs de
se faire une idée de l’évolution dans le temps des risques
de l’entreprise. Enfin, certains groupes ont eux choisi
de miser sur la méthodologie utilisée, en interne, pour
identifier et cerner leurs risques majeurs : plutôt que de
communiquer sur les risques eux-mêmes, ils mettent
l’accent sur leur dispositif de gestion et présentent...
son efficacité. «
Cela permet de valoriser le pilotage et la
gouvernance de ses risques, sans s’aventurer sur des terri-
toires délicats. On peut, par exemple, parler des compé-
tences de ses administrateurs, des procédures mises en
place et montrer – démontrer, même – la maturité de son
dispositif de gestion des risques...
» estime un profes-
sionnel. De quoi redonner de la confiance, en somme.
La prochaine étape ? Il s’agira de mettre du lien.
«
Aujourd’hui, la communication sur les risques dans le
document de référence est morcelée. Les facteurs de risque
exposés ne sont pas reliés aux éléments du compte de
résultat et du bilan : chacun peut faire sa propre lecture.
Un meilleur chaînage des briques de la communication,
établissant des liens entre la stratégie, les risques, les
dispositifs de contrôle et les indicateurs de performance,
constituera une marche importante
» soulignent Sylviane
Hautin et Jean-Pierre Valensi. Avis à ceux qui cherchent
l’excellence en matière de communication financière : la
différence se fera, notamment, sur le risque. Mais encore
faut-il cesser d’en avoir peur...
Jean-Pierre Valensi,
Associé audit chez KPMG
Sylviane Hautin,
Associée risk consulting
chez KPMG
Actionnaires
Investisseurs
Analystes financiers / Agences de notation financière et extra financière
Réglementation Nationale / Directives Européennes
Normes comptables
Recommandations / interprétation de l’AMF
Document de référence - Annexe financières
Rapport développement durable
RISQUES
FINANCIERS
RISQUES
ENVIRONNEMENTAUX
PASSIFS ÉVENTUELS ACTIFS
INCORPORELS
Document de référence
Chapitre «Facteurs de risque»
Rapport du Conseil sur le contrôle interne
et la gestion des risques
RISQUES
RISQUES
CONTRÔLE
INTERNE
CONTRÔLE
INTERNE
GOUVERNANCE
TRANSPARENCE
MATURITÉ
©ARENGI
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
18
DOSSIER
COMMUNICATION SUR LES RISQUES