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des formations et le Risk Manager peut être aux manettes sur ces sujets

»,

souligne Sylvie Le Damany.

Chez bioMérieux, nous sommes très vigilants à la sensibilisation. «

Nous

travaillons dans une entreprise familiale avec des valeurs fortes. Maîtriser

les risques éthique et conformité, c’est aussi assurer la pérennité de l’en-

treprise. Notre programme Ethique et Conformité comprend un programme

de formation pour les filiales, les managers, et également les distributeurs.

Face au renforcement des réglementations internationales et à l’émer-

gence de réglementations locales de plus en plus contraignantes, nous

constatons que nos interlocuteurs sont de plus en plus sensibles aux risques

éthique et conformité

», remarque Céline Fantin Le Calvé.

« Installer des dispositifs

en place pour être éthique

et conforme n’est qu’une première

étape. Il faut les faire connaître,

respecter et évoluer dans

des organisations internationales

le plus souvent complexes. »

Sylvie Le Damany, Fidal

LES LANCEURS D’ALERTES SUR LA SELLETTE

Très médiatisés ces dernières semaines en raison de plusieurs

procès les impliquant, les lanceurs d’alertes (qui ont pour noms

Edouard Snowden, Julian Assange, Irène Frachon, Antoine Del-

tour…) sont perçus par certains comme les héros des temps

modernes tandis que d’autres (en général les États ou les en-

treprises dont ils ont dénoncé les méthodes), les voient comme

des traîtres et des criminels. Agnès Touraine considère ces nou-

veaux acteurs (elle y inclut aussi certaines ONG) comme des

garde-fous nécessaires. «

Ils renforcent encore la nécessité d’une

politique RSE élaborée et bien comprise

». Certaines entreprises

comme Bureau Veritas ont mis en place en interne un système

de lanceur d’alerte «

que nous allons faire évoluer avec une ligne

d’appel logée chez un prestataire externe »

, précise Anne-France

Arnoux-Saugnac. Malgré tout, la position des lanceurs d’alerte

reste très fragile. Antoine Deltour, à l’origine de l’affaire

LuxLeak (accords fiscaux conclus entre le fisc luxembourgeois et

les cabinets d'audit pour le compte de grands clients internatio-

naux), risque plusieurs années de prison tandis que d’autres ont

perdu leur emploi ou doivent se cacher.

En France, le statut de lanceur d’alerte existe, mais ses contours

sont flous. La Loi Sapin 2 devrait apporter une clarification et un

renforcement de cette protection.

LA POSITION DE L'AMRAE

L’avis de Brigitte Bouquot

Présidente de l’AMRAE

Comme le décrit très bien cet article,

nous avons assisté depuis les années

2000 a une évolution constante du cadre

réglementaire et juridique des économies de l’OCDE.

Si elle correspond à la réponse des régulateurs aux excès d’une

économie globale et à sa financiarisation, cette évolution est aussi

la réponse politique des États aux attentes sociétales de leurs

citoyens en matière d’environnement et de justice sociale. Ces

cadres sont venus compléter les règlementations existantes et

orientées métier : aviation, nucléaire, chimie, santé, et aussi

assurances…

Dans le même temps, le concept d’éthique, fortement inspiré

de la culture américaine, s’est développé dans les entreprises,

pour traiter le sujet globalement à travers toutes les fonctions

de l’entreprise, et surtout l’inscrire dans les valeurs de l’entre-

prise et de ses hommes.

Enfin, la circulation immédiate de l’information dans les médias

a propulsé le risque de réputation au premier plan des préoccu-

pations de l’entreprise et de ses dirigeants. 

Il faut saluer le fait que les entreprises françaises se sont bien

adaptées à ce nouvel environnement en mettant en place des

Directions éthique et conformité, qui animent et déploient des

programmes de grande ampleur pour y faire face. Parce que l’en-

treprise est un «tout», où les scénarios de risque cristallisent de

multiples facettes. Il nous semble évident que le Risk Manager

doit les interfacer, voire meme les piloter, afin de veiller à leur

bonne prise en compte dans la gestion globale des risques, en

termes de cartographie et de méthodologie. Cela, même si les ori-

gines du Risk Managers sont les risques opérationnels assurables.

C’est d’autant plus vrai que le métier de Risk Manager, en se pro-

fessionnalisant, devient lui aussi «acteur» de l’éthique, d’ailleurs

un corpus de règles se dessine avec la certification du RIMAP.

Mais il faut rester très prudent, car derrière les

perspectives et la communication positive, se

trouvent des sujets complexes, commandés

par des référentiels juridiques pointus sur

fond de guerre économique. Si le Risk Ma-

nager n’est pas toujours préparé à ces su-

jets qui entraient jusqu’alors plus naturel-

lement dans le champ des missions

de l’Audit Interne, il y a tout son

rôle à jouer, l’analyse de risques

étant la première phase de tout

programme de compliance.

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°9 I

JUIN 2016

19

DOSSIER

ÉTHIQUE ET CONFORMITÉ