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Cet espace uni par une même langue reste cependant

fragmenté entre plusieurs niveaux de maturité. «

Le

Risk Management est en développement à des degrés

divers selon les pays,

explique Gilbert Canaméras.

Il a

commencé plus tôt en Europe et en Amérique du Nord

mais il est en train de se développer aussi en Afrique

depuis quelques années avec des differences d'avance-

ment selon les pays.

»

UN MÉTIER EN «PHASE

D’AUTONOMISATION»

Une grille de lecture similaire pourrait s’appliquer au

métier de Risk Manager, encore très jeune, rappelle

Hervé Houdard, Directeur Général de Siaci Saint Honoré :

«

Il y a trente ans, il n’y avait que dix Risk Managers sur le

marché français !

» Une situation qui a beaucoup évolué

depuis les années 2000, du fait de l’impact croissant des

catastrophes naturelles et de la montée des incertitudes.

«

Partout, les fonctions de Risk Management ont été confor-

tées et se sont développées

», estime Hervé Houdard.

Un métier dont la complexité tient aussi à sa genèse,

rappelle Marc de Pommereau, Secrétaire Général du

Club FrancoRisk et Vice-président de l’AMRAE : «

le Risk

Management se situe entre l’assurance et le contrôle

interne. Ses titulaires proviennent de l’un ou l’autre de

ces secteurs

». Une situation qui évolue cependant rapi-

dement, estime-t-il : « 

le métier est en phase d’auto-

nomisation avancée et les entreprises les plus en pointe

adoptent désormais une approche globale des risques

».

Les facteurs limitant la diffusion de la culture du Risk

Management sont cependant conséquents. Le Québec

doit ainsi composer avec sa situation très minoritaire,

explique Stéphane Cossette, Directeur de la Gestion

des Risques de Quebecor Media et Président de l’AGRAQ

(Association des Gestionnaires de Risque et d’Assu-

rances du Québec) : «

Montréal est la deuxième plus

grande ville francophone du monde, après Paris, mais

nous vivons dans un environnement légal et financier

anglophone

».

L’Afrique subsaharienne, autre grand pôle francophone

du monde, bute sur d’autres obstacles. En Côte d’Ivoire,

hormis les grands groupes, les entreprises sont le plus

souvent de taille réduite. La nature de l’économie joue

aussi un rôle clef dans la situation actuelle, explique

Fatola Oyekola, Risk Manager d’Orange Côte d’Ivoire et

Président du RIMRAE, le premier réseau national dédié

à ses homologues. «

Notre économie est basée sur l’ex-

portation de matières premières. Très souvent, les entre-

prises locales sont des bureaux qui gèrent les activités

pour de grands groupes dont les sièges sont en Europe

ou aux États-Unis. La politique de gestion des risques est

donc conçue et décidée ailleurs qu’en Afrique.

»

MOINS DE 1 % DES ENSEIGNEMENTS

Cet éloignement des centres de décision conduit par

ailleurs à mettre en place des pratiques inadaptées aux

réalités locales. «

La complexité de la gestion des risques

telle qu’elle est pratiquée en Europe ou aux USA ne répond

pas aux besoins des économies africaines

», estime Fatola

Oyekola. À tous ces facteurs limitants vient par ailleurs

s’ajouter lemanquedeprofessionnels qualifiés. Lamatière

Risk Mangement reste en effet très peu enseignée.

« La politique

de gestion des risques

est donc conçue et décidée

ailleurs qu’en Afrique. »

Fatola Oyekola,

Orange Côte d’Ivoire et RIMRAE

Gilles Proust,

Associé Fondateur, Arengi

Gaétan Lefèvre,

Président, BELRIM

Hervé Houdard,

Directeur

Général, Siaci Saint Honoré

À FAIRE ET À NE PAS FAIRE

Marthe Ekani Combet, Associée de IRSC Consulting et Fondatrice du forum AFRisques,

a livré sa liste à Atout Risk Manager.

Sensibiliser et former

Communiquer afin d’informer tous

les niveaux hiérarchiques de l’entreprise

Faire du REX un outil et promouvoir

l’uniformisation des connaissances

Connaître le cadre réglementaire et son niveau

de pratique... ainsi que les normes locales

Se résigner à l’absence de contrôle

et de répression

Accepter la corruption

Accepter que le Risk Management reste

la dernière priorité

Négliger les dispositions constructives

des bâtiments existants

Oublier de prendre connaissance et de

mesurer l’impact des us et coutumes locales

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°9 I

JUIN 2016

23

DOSSIER

LA FRANCOPHONIE