L’état des mentalités et la faible diffusion d’informa-
tions viennent encore compliquer la tâche, confirme
Marthe Ekani Combet, Associée de IRSC Consulting et
Fondatrice du forum AFRisques. «
Trop souvent encore
les accidents sont attribués à la fatalité et les connais-
sances manquent. Lors d’une formation en 2012, en Côte
d’Ivoire, j’ai constaté que certains participants décou-
vraient l’existence des sprinklers.
»
Enfin, l’état du marché des assurances et sa dynamique
ne sont encore guère propices, ajoute Étienne de Varax,
Mandataire général adjoint de l’assureur HDI Global : «
la
zone CIMA regroupe 14 pays avec un même code des assu-
rances depuis 1995 mais ce marché reste trop fragmenté.
Il y a encore trop de compagnies, trop faiblement capitali-
sées et qui ne respectent pas encore entièrement les stan-
dards internationaux
». Cette profusion de concurrents a
par ailleurs enclenché une dynamique peu satisfaisante.
«
La notion d’assurance se diffuse mais elle s’accompagne
d’une concurrence si âpre, pour acquérir rapidement
des parts de marché, que la gestion des risques est esca-
motée
», déplore Marthe Ekani Combet.
LE RISK MANAGEMENT PORTÉ
PAR LES ATTENTES DES BANQUES
ET BAILLEURS DE FONDS
Malgré ces obstacles, le Risk Management a un brillant
avenir devant lui. La diffusionde la culture du risque est en
effet portée par des acteurs clés. «
Les banques et les bail-
leurs de fonds des grands projets d’infrastructures attendent
désormais des entreprises qu’elles aient une démarche de
gestion des risques. Une logique du même ordre percole
entre les grands groupes et leurs fournisseurs. L’extension
du Risk Management suit les traces des vagues précédentes
comme la qualité ou le RSE qui ont progressivement irrigué
les entreprises
», rappelle Gilles Proust dont le cabinet est
désormais présent en Afrique.
Dès que la dimension internationale s’affiche, le Risk
Manager est encore plus essentiel, renchérit Dominique
Brossais, Directeur Général de Naudet, spécialiste de
l’expertise industrielle et commerciale. «
Nous sommes
un tiers de confiance entre l’industriel et l’assureur. Lors
d’un sinistre, élément perturbant pour une entreprise,
nous nous trouvons face à différents interlocuteurs. Le
Risk Manager est essentiel pour améliorer la qualité des
échanges, identifier le décideur et gérer le souci croissant
des entreprises de protéger les informations stratégiques
ou confidentielles. Il est encore plus indispensable dans
les groupes internationaux où ces problématiques sont
encore plus aiguës.
» En Afrique, d’autres facteurs favo-
rables sont aussi à l’œuvre. Ainsi, le Maroc, en accueil-
lant toujours plus d’entreprises européennes, acquiert
un niveau de maturité grandissant, que ses entreprises
commencent à diffuser dans la zone CIMA où elles s’im-
plantent en nombre croissant.
L’Afrique subsaharienne bouge elle aussi. Marthe Ekani
Combet organise depuis 2010 un forum, AFRisques, afin
de favoriser l’émergence d’une culture de la gestion du
risque. Lors de sa 2
e
édition, en 2012, elle a constaté à
quel point la demande était forte : «
beaucoup de partici-
pants m’ont interpellé en me demandant pourquoi une telle
manifestation n’avait pas eu lieu plus tôt !
». La 3
e
édition,
qui doit se tenir du 10 au 14 octobre 2016 à Abidjan,
accueillera pour la première fois le Club FrancoRisk.
LA FIN DU «PLAFOND DE VERRE» ?
Marthe Ekani Combet note aussi un changement d’état
d’esprit global des acteurs économiques : «
Les gens
se rendent compte qu’il est désormais possible de déve-
lopper des potentialités économiques sur place. Le mouve-
ment est tel que de très nombreuses personnes formées
à l’étranger et d’intellectuels reviennent en Afrique. Ils
contribuent à diffuser l’idée que c’est là qu’il faut être et
agir
». Les États de la région contribuent eux aussi à faire
évoluer les attitudes en abordant de façon coordonnée
la question du terrorisme, instillant ainsi l’idée que le
risque peut et doit être géré.
700 MILLIONS DE FRANCOPHONES
EN 2050
Le français, 2
e
langue la plus parlée en 2050 ?
Aujourd’hui, plus de 274 millions de personnes
parlent le français dans le monde, répartis dans
75 pays. La langue de Molière se place donc en qua-
trième place parmi les idiomes transnationaux les
plus parlés, derrière l’anglais, l’arabe et l’espagnol.
Et le futur s’annonce encore plus prometteur. Selon
l’Organisation Internationale de la Francophonie
(OIF), le nombre de personnes s’exprimant en fran-
çais devrait dépasser les 700 millions en 2050, soit
8 % de la population mondiale, qui devrait alors
atteindre 9milliards d’individus. Elle gagnerait ain-
si quelques rangs et pourrait devenir la troisième
voire même la deuxième langue transnationale la
plus parlée dans le monde derrière l’anglais. Une
progression dont l’essentiel serait assuré par le
continent africain. Selon l’OIF, 85 % des franco-
phones seront alors des natifs de ce continent.
Marc de Pommereau
,
Secrétaire général, Club
FrancoRisk et Vice-président
de l’AMRAE
Étienne de Varax,
Mandataire général adjoint,
HDI Global SE
Dominique Brossais,
Directeur Général, Naudet
« Le Risk Manager est encore
plus indispensable dans les groupes
internationaux où ces problématiques
sont encore plus aiguës. »
Dominique Brossais, Naudet
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°9 I
JUIN 2016
24
DOSSIER
LA FRANCOPHONIE