P
artager la langue de son interlocuteur ? «
Une
chance inestimable
», estime Gilbert Canaméras,
Président du Club FrancoRisk. «
Les échanges sur
les concepts se font plus facilement dans sa propre
langue. Nous devons profiter de ce vecteur de communi-
cation commun entre tous les pays francophones. Quand
tous les protagonistes sont francophones, cela fluidifie
les échanges et améliore la gestion des risques. Parler
une langue commune permet d’éviter les simplifications
de vocabulaire quand la langue étrangère et son vocabu-
laire technique sont parfois difficiles à maîtriser
». C’est
l’une des raisons de la création du Club FrancoRisk en
2015 dont l’une des vocations est de favoriser le déve-
loppement des échanges sur l’approche de la gestion
des risques en langue française.
Le partage d’une approche culturelle commune s’avère
aussi important que la langue. Solvay, présent dans
55 pays, est particulièrement sensible à ce paramètre,
confirme Sonia Cambier, Responsable des Assurances
et de la Prévention de cet acteur majeur de l’industrie
chimique. «
La moitié de nos expositions se trouvent dans
des espaces juridiques inspirés du Code civil napoléonien.
Mais l’aire culturelle est plus importante que les codes
dans la gestion des litiges. La loi thaï, inspirée du Code civil
napoléonien, prévoit qu’un recours est possible en cas de
dommage mais dans la pratique, cela ne se fait pas. Il faut
donc aussi prendre en compte les pratiques culturelles.
»
UN FACTEUR DE COMPÉTITIVITÉ
Dans un environnement toujours plus ouvert, partagé
entre plusieurs blocs linguistiques concurrents, utiliser
une même langue peut même constituer un atout écono-
mique de premier plan, ajoute Gilles Proust, Associé
Fondateur d’Arengi : «
avoir des interlocuteurs issus de
sa propre aire culturelle est un atout capital. C’est un
facteur de compétitivité et de performance par rapport
au monde anglo-saxon.
»
Un avantage particulièrement manifeste dans le cadre
de la gestion d’un sinistre, souligne Gaétan Lefèvre,
Président de BELRIM, l’association belge des Risk
Managers : «
même si chaque modèle présente son
intérêt, gérer un sinistre dans le cadre de la common law
anglo-saxonne peut prendre des proportions très impor-
tantes, qui se répercuteront sur les coûts finaux. Avec les
systèmes juridiques inspirés du Code civil napoléonien,
les risques sont mieux maîtrisés grâce à une jurispru-
dence étayée au fil du temps.
»
LA FRANCOPHONIE : LEVIER
MAJEUR DE DÉVELOPPEMENT
DU RISK MANAGEMENT
Proche de la maturité dans certains pays occidentaux, le Risk Management a tout à gagner à
envisager son avenir à l’échelle de l’ensemble des pays de l’espace francophone. En favorisant
la diffusion des bonnes pratiques déjà rodées dans les économies les ayant adoptées et en
organisant les mises en réseau des acteurs d’environnements géopolitiques distincts, c’est
l’ensemble de la communauté de la gestion des risques qui sortira gagnante.
Par Gilmar Sequeira Martins
«La moitié de nos
expositions se trouvent dans
des espaces juridiques inspirés
du Code civil napoléonien.
Mais l’aire culturelle est plus
importante que les codes dans
la gestion des litiges. »
Sonia Cambier, Solvay
Gilbert Canaméras,
Président, Club FrancoRisk
Sonia Cambier,
Responsable des Assurances
et de la Prévention, Solvay
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°9 I
JUIN 2016
22
DOSSIER
LA FRANCOPHONIE