Table of Contents Table of Contents
Previous Page  30 / 84 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 30 / 84 Next Page
Page Background

DOSSIER

L'APPROCHE DU RISQUE DE 25 CEO

Si je vous dis «

risque

», quels sont les trois premiers mots qui vous viennent à l'esprit ?

Normalité

 :

le risque neme fait pas peur, c'est le quotidien d'un dirigeant d'entreprise.

Maîtrise

,

car c'est la contrepartie de la normalité : il ne faut pas embarquer l'entreprise – et ses salariés –

dans un risque trop important, mais maîtriser son analyse de risque. Enfin,

Innovation

 : pour

innover, il faut prendre des risques, c'est même au cœur de l'enjeu de l'innovation, qui est un

élément moteur du développement des entreprises. Malheureusement, la prise de risque est anti-

nomique du principe de précaution actuellement requis en France…

Quel est le principal risque aujourd'hui pour les entreprises ?

Être balayé par un élément extérieur que l'on ne maîtrise pas. En 2006, Maviflex a subi un juge-

ment qui a entraîné une crise majeure, et manqué de conduire à la disparition de l'entreprise.

En plus de l'enjeu direct de leur développement, les entreprises sont tributaires d'éléments

extérieurs qui peuvent conduire à leur disparition. Il faut donc être très vigilant sur ces éléments

qui, de prime abord, n'entrent pas directement dans le champ de vision des risques du dirigeant.

Ensuite, bien sûr, il y a le risque d'une rupture technologique, mais je perçois ce risque comme un

enjeu de développement et une opportunité. Enfin, le risque normatif est important : les entre-

prises peuvent aujourd'hui voir leur continuité remise en cause par l'application d'une nouvelle

règle européenne, voire par la mise en application de cette dernière par le législateur français, qui

veut souvent en faire plus, et crée ainsi des déséquilibres concurrentiels.

Comment peut-on identifier des risques émergents ?

Nous faisons de plus en plus de veille technologique, au niveau de notre branche professionnelle,

mais aussi de façon transverse. Ainsi, je m'intéresse beaucoup aux évolutions dans d'autres

métiers car ces évolutions pourraient, à terme, s'appliquer aussi à mon univers industriel. Nous

surveillons par exemple la pression qui s'exerce dans d'autres domaines sur les matériaux utilisés.

Les enjeux environnementaux pourraient aussi avoir une influence majeure sur l'évolution de nos

produits.

Quels seront les principaux risques dans…25 ans ?

Ils viendront tout d'abord de l'échiquier politique mondial, du terrorisme, de la guerre… Au

regard des grands enjeux de développement économique, on peut véritablement s'interroger

aujourd'hui sur l'évolution du monde. Quelle sera la place de la France au niveau industriel

dans 25 ans ? Quelle sera celle de l'Europe ? Où en seront les pays porteurs de développe-

ment : la Chine ou l'Afrique ? Et, finalement, qui seront nos acheteurs demain ? Par ailleurs,

si la technologie est source de développement, elle porte aussi des risques : il faut réussir à

inventer les produits de demain et réinventer les services associés, sans oublier les enjeux

managériaux générés par le numérique.

Il y a 25 ans… quels étaient les principaux risques ?

La mondialisation me faisait peur il y a 25 ans : je craignais que l'on puisse faire moins cher

ailleurs et que cela détruise notre métier. Aujourd'hui, ma vision est inversée : l'Europe est un

marché énorme et le monde est une opportunité de développement pour l'entreprise.

Le risque en une phrase ?

«

Notre plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque fois

», Confucius.

C'est une phrase qui me suit depuis longtemps et que je me suis appropriée alors que j'étais au

bout du rouleau et que j'ai dû me battre. En France, on n'a ni la culture du risque, ni celle de

l'échec. Ce dernier est mal perçu et c'est un vrai frein à la croissance économique française. On

apprend pourtant plus de ses échecs que de ses réussites. Il faut aussi faire évoluer le regard que

l'on porte sur le risque : on considère aujourd'hui en France qu'il faut mettre du coton autour de

tout, mais on ne peut éviter tous les risques.

Anne-Sophie Panseri,

Présidente de Maviflex

et Présidente du Réseau des FCE

(Femmes Chefs d'entreprise)

Entreprise familiale

N° 2 européen de la porte

souple industrielle

21 millions de chiffre d'affaires

124 salariés

ANNE-SOPHIE PANSERI

PRÉSIDENTE DE MAVIFLEX ET PRÉSIDENTE DU RÉSEAU

DES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISE

« Notre plus grande

gloire n'est pas de

ne jamais tomber,

mais de se relever

à chaque fois.»

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°11 I

DÉCEMBRE 2016

30