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nique devrait se contracter de 0,4 % et 0,3 % aux troisième et quatrième

trimestres 2016 puis de 0,1 % à chaque trimestre de 2017. Pour l’instant,

les premiers chiffres publiés fin août montrent que ce ralentissement n’est

pas encore net. «

La baisse de la livre sterling est pour l’instant la seule

conséquence certaine et palpable du Brexit. Les effets sur l’économie réelle

prendront plus de temps à se révéler

», précise François Beaume. «

La plupart

des décisions qui nécessitent des investissements ou des recrutements sont

reportéespourl’instant

».D’aprèsAdeccoGroupUK&Ireland,unemployeur

sur cinq prévoit de réduire son investissement dans la formation en raison

du Brexit et seuls 36 % pensent augmenter leurs effectifs dans les trois

prochains mois, contre 40 % avant le Brexit. «

Depuis le 23 juin, le risque

géopolitique est perçu de manière aiguë par les investisseurs, notamment

asiatiques, qui hésitent face aux grands projets d’infrastructures (ponts,

bâtiments…). Clairement, cela va prendre du temps avant que ce choc soit

compris, assimilé et digéré

», renchérit Peter Etzenbach.

DES BARRIÈRES AUX ÉCHANGES COMMERCIAUX

Si l’adhésion à l'UE a réduit les coûts des échanges entre le Royaume-Uni

et l'Union européenne, non seulement par la suppression des barrières

tarifaires, mais aussi par la réduction des obstacles non tarifaires dans

le cadre du marché unique européen, on peut légitimement supposer

que le Brexit aura des conséquences inverses : les sociétés britanniques

auront un accès moins facile aux produits européens et vice versa.

Là encore, tout dépendra du type d’accord conclu à l’issue des deux

ans de négociations. Aujourd’hui, le solde de la balance commerciale

est favorable à la France, qui exporte davantage que son voisin outre-

Manche dans leurs échanges bilatéraux. Le Royaume-Uni n’est d’ail-

leurs que le septième partenaire commercial de la France. Néanmoins,

si l’accès au marché britannique se complexifiait, ou si le Royaume-Uni

établissait des accords commerciaux plus avantageux avec d’autres

pays tels que les États-Unis, les entreprises françaises et européennes

pourraient perdre des parts de marché. Pour éviter ces possibles freins,

nombre de structures européennes ont déjà annoncé leur intention

de relocaliser leur production et leurs équipes en Europe continen-

tale, avec les hausses de coût du travail que cela impliquerait (sauf à

déplacer les équipes vers les pays de l’Est).

Quant aux sociétés britanniques, certaines parlent déjà de racheter

des sociétés françaises, italiennes ou allemandes pour contourner les

futures barrières commerciales à l’entrée, afin d’avoir un point d’an-

crage dans l’Union européenne. En outre, «

certaines entreprises vont

être amenées à réorganiser leur logistique, car quelles que soient les

futures règles douanières et tarifaires, le rétablissement des frontières

va nécessairement ralentir le flux des marchandises qui transitent entre

l’UK et l’UE. Cela ne sera pas sans incidence sur certains secteurs, comme

l’automobile par exemple, qui fonctionne en flux tendu, avec très peu

de stocks

», estime François Beaume, avant d’ajouter : «

le secteur des

services sera moins touché par ces problèmes douaniers que les indus-

tries manufacturières. L’assurance devrait s’en sortir plutôt bien, mais

attention aux taxes sur les profits, qui pourraient, elles, augmenter

».

Pour Peter Etzenbach d’Allianz France, «

les Britanniques vont tout faire

pour protéger la City et en faire un centre financier low-cost attractif, mais

en contrepartie, les entreprises industrielles du pays risquent de souffrir.

Une disparition de certaines sociétés anglaises n’est pas à exclure

».

DES ENJEUX JURIDIQUES, FISCAUX ET RÉGLEMENTAIRES

De fait, au-delà des aspects douaniers et commerciaux, les incertitudes

pèsent aussi sur la nouvelle politique que le Royaume-Uni adoptera en

matière fiscale : nouveau taux de TVA (avec sa sortie de la TVA intra-

communautaire), nouvelle imposition sur les bénéfices des sociétés…

Au sein des grandes multinationales, de nombreuses questions se

posent. Même les échanges «

intragroupes

» risquent d’être impactés,

«Quelles que soient les futures

règles douanières et tarifaires,

le rétablissement des frontières

va nécessairement ralentir le flux

des marchandises qui transitent

entre l’UK et l’UE. »

François Beaume, Bureau Veritas

LES CONSÉQUENCES POUR LES TPE/PME

Moins solides financièrement que les grands groupes, et dispo-

sant de moins d’experts pour les aider à anticiper les risques,

les PME seront plus rapidement impactées par les variations ré-

glementaires, commerciales et économiques : défaillance d’un

fournisseur anglais, hausse des coûts de transports ou d’ap-

provisionnement… cela peut vite prendre des proportions im-

portantes. D’ores et déjà, la baisse de la livre sterling a eu pour

conséquence de baisser le prix relatif des produits et matières

premières britanniques pour les PME européennes, mais aussi

de rendre les produits finis européens plus chers pour les clients

anglais. Dans le secteur du tourisme, les TPE et PME seraient les

premières touchées, avec un impact sur les recettes du secteur

estimé en France entre 500 millions et 1 milliard d'euros par an

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Source : étude France Stratégie

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°10 I

SEPTEMBRE 2016

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DOSSIER

BREXIT