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outefois, comme toutes les fonctions
support, les directions des risques ont,
ces dernières années, été contraintes de
se serrer la ceinture : tendance générale à
la réduction des coûts, peu de remplacement des
effectifs en cas de départ, et sauf quelques cas,
rares embauches… «
Si nos effectifs ont augmenté
sur le papier, c'est tout simplement que le groupe
a été réorganisé : nous avons supprimé un échelon
de management intermédiaire – les branches –
et certains risk officers qui intervenaient à ce
niveau-là, ont été remontés à la Direction générale,
entrant ainsi dans mon budget. L'augmentation de
notre budget n'est que faciale : en réalité, les coûts
ont baissé de 30 %
», explique Michel Dennery.
Comme partout, c'est la réduction des coûts qui
est visée chez Engie. Tous les postes, y compris
les budgets de déplacements, ont fondu eux
aussi. «
Nous sommes tenus par les règles groupes
en la matière et devons réduire au maximum nos
voyages, comme nos frais en cas de déplacement.
Mais si la réduction de ces budgets se comprend
bien pour les réunions et même l'animation de
notre réseau, on peut déplorer de devoir également
espacer les visites de site et les audits de risque sur
le terrain qui sont, eux, stratégiques pour notre
métier
», souligne un autre professionnel.
RETOURNEMENT
Les réductions de budget, en revanche, ont été
faciles et importantes dans un domaine : celui des
primes d'assurance qui ont fondu comme neige
au soleil dans de nombreuses sociétés au cours
des cinq ou dix dernières années… Une réduc-
tion qui s'explique à la fois par un marché mou,
par une meilleure gestion des risques dans beau-
coup d'entreprises, permettant une renonciation
des budgets et, enfin, par l'abondance des fonds
mis à disposition des assureurs. Mais le système
semble aujourd'hui avoir atteint ses limites. «
Si
l'on ne peut plus vraiment parler de cycle de l'assu-
rance à l'heure actuelle, il semble quand même que
le secteur a touché un point bas
», estime Thierry
Van Santen.
À tel point que beaucoup de Risk Managers
redoutent aujourd'hui une remontée progressive
du poste sur les prochaines années, et donc un
net accroissement de leur « budget virtuel ». «
Au
cours des cinq dernières années, les directeurs des
risques ont véritablement optimisé leur budget
”primes”. Nous sommes aujourd'hui arrivés à
un point bas, et l'on ne peut que craindre une
remontée, notamment en assurance construction
ou en dommages, où l'on a récemment constaté
de nombreux sinistres, notamment du fait d'évé-
nements naturels
», estime François Malan, Vice-
président «Métier » de l'AMRAE et Directeur de
la gestion des risques du groupe Nexity. «
Plus
qu'une remontée subite, je crains que les assu-
reurs ne multiplient les réductions des champs
de garantie pour nous contraindre à acheter
de nouvelles assurances. Par exemple, il nous
faut aujourd'hui nous couvrir en Cyber pour des
éléments qui étaient auparavant compris dans la
Responsabilité Civile : pour faire face à un marché
qui reste soft, les assureurs ont finalement créé de
nouveaux besoins…
», souligne Christine Gfeller.
Quelle que soit la définition donnée à la dépense,
tous s'accordent à penser que la facture risque
d'augmenter. Au point que certains jugent
qu'il serait d'ores et déjà prudent de préparer
le terrain. «
Nous avons habitué nos directeurs
généraux ou financiers à des budgets à la baisse.
Peut-être vaudrait-il mieux amorcer une petite
remontée de 2 ou 3 % pour éviter sous peu un bond
de 15 %
», s'inquiète un professionnel.
DES BUDGETS VRAISEMBLABLEMENT APPELÉS
À CROÎTRE CES PROCHAINES ANNÉES
Comblés, lesRiskManagers?Selon leBaromètreduRiskManager de2015, 77%desRiskManagers
estiment disposer d’un budget de fonctionnement suffisant et, globalement, les budgets sont
restés stables pour 64 % des répondants au cours des 12 derniers mois, tous secteurs et profils
confondus.
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BaromètreduRiskManager2015
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
22
DOSSIER
LE BUDGET DU RISK MANAGEMENT