D
epuis sa création, aucunpays n'avait jamais quitté
l'Union européenne (excepté le Groenland en
1985, avec une incidence limitée). Suite au réfé-
rendum du 23 juin 2016, la Grande-Bretagne
sera donc bientôt la première à sortir du giron euro-
péen. «
C’est la première fois que l’on voit une telle
situation : c’est nouveau pour tout le monde !
»,
rappelle Guy-Antoine de la Rochefoucauld,
Directeur général de Lloyd’s France. Les consé-
quences de ce Brexit (acronyme résultant de la
contraction de
British exit
) sont donc totalement
inconnues et difficiles à établir, autrement que
par des estimations et des scénarios.
«
LeBrexit vagénérer denombreux risques demanière
collatérale, pas encore tous identifiés ou évaluables
en termes de conséquences, car beaucoup dépendront
de la nature du nouveau partenariat que Londres négo-
ciera avec ses homologues européens, et de ses conditions
d’accès au marché unique
», estime François Beaume,
Administrateur de l’AMRAE, Président de la commis-
sion Systèmes d’information. Mais en attendant d’être
fixés sur la date et les conditions de sortie de la Grande-
Bretagne, tous les acteurs économiques et financiers
européens réfléchissent aux différentes conséquences
possibles, tant sur le plan macroéconomique, qu’à
l’échelle de leur activité ou de leur entreprise.
DÉPRÉCIATION DE LA LIVRE STERLING
Si la livre sterling avait déjà perdu 8% face à l'euro à l’ap-
proche de la date du référendum, incitant la Banque d'An-
gleterre à augmenter ses réserves en devises étrangères
pour lutter contre la volatilité, c’est sans surprise qu’elle
a subi une chute drastique dans les jours qui ont suivi le
23 juin, pour finalement se rétablir partiellement après
quelques semaines. Début août, la Banque d’Angleterre a
néanmoinsréduitsontauxdirecteurà0,25%etaugmenté
de 60 milliards de livres sterling son programme d'achats
d'obligations d'État et de 10 milliards de livres celui dans
les actifs d'entreprises. «
Un divorce à l’amiable à 28 sera
difficile. Il serait étonnant que la guerre des devises entre
le dollar, le yen, l’euro et la livre, déjà forte actuellement,
ne se poursuive pas. La volatilité va aller crescendo et il faut
vraiment se prémunir contre ces risques de change
», estime
Peter Etzenbach, Membre du comité exécutif d’Allianz
France, en charge de la finance. Reste à savoir quels
seront les impacts de cette dépréciation dans les mois à
venir sur la croissance et l’activité économique du pays,
et par ricochet sur celle des pays de l’Union. Le cabinet
PricewaterhouseCoopers a estimé à 100milliards de livres
sterling la perte de revenus du Royaume-Uni d'ici 2020,
soit 5,5%de son PIB. Et d’ores et déjà, le fonds souverain
norvégien a déprécié de 5 % ses actifs au Royaume-Uni.
Selon les économistes de Barclays, l'économie britan-
BREXIT
QUELS IMPACTS
POUR QUELS RISQUES ?
«Leave» : la réponse que les citoyens britanniques ont apportée à la question posée par le
référendum du 23 juin 2016 relatif au maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l'Union
européenne a fait l’effet d’un véritable pavé dans la mare. Aucune sphère de l’économie et des
entreprises ne sera épargnée par ses effets, encore pour le moins incertains. Décryptage.
François Beaume,
Administrateur de l’AMRAE,
Président de la commission
Systèmes d’information
Peter Etzenbach
,
Membre du comité exécutif
d’Allianz France
Par Aurélie Nicolas
REPÈRES CHIFFRÉS
45 %
des exportations
et
53 %
des importations du Royaume-Uni
se font avec les pays de l’UE (chiffres 2014).
Depuis son entrée dans l'UE en 1973, le Royaume-Uni a
augmenté de
55 %
ses échanges avec les pays membres
et de
20 %
son PIB par habitant.
Les exportations de l’UE vers le Royaume-Uni ne
représentent que
3 %
du PIB de l’UE, alors que les
exportations britanniques vers l’UE représentent
environ
13 %
du PIB britannique. Au total,
le commerce avec les autres États de l’UE
génère
3,3
millions d’emplois au
Royaume-Uni.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
24
DOSSIER
BREXIT