Et à l’issue du processus de sortie de l’Union européenne, qu’en sera-t-il ?
Notre plan au Lloyd’s est clair : nous nous engageons à poursuivre nos opérations en
Europe pour continuer à accompagner nos clients. Notre option préférée serait de conti-
nuer à avoir accès au marché unique avec le passeport européen. Mais nous explorons
aussi deux options alternatives qui nous permettraient de conserver nos relations avec
nos partenaires européens : la première serait d’ouvrir, dans chacun des pays euro-
péens, une
branch
(succursale) agréée pour le marché du Lloyd’s en tant qu’assureur
non-européen. La seconde serait de créer une
subsidiary
(filiale) dans un pays membre
de l’Union européenne permettant la souscription sur une base transfrontalière au sein
de l’UE. Une situation comme le Brexit n’est encore jamais arrivée, mais au cours de ses
trois siècles d’existence, le Lloyd’s a toujours su s’adapter et maintenir son expertise au
travers de ses solutions d’assurance et de réassurance dans les domaines qui sont les
siens. Nous travaillons dur avec nos équipes d’experts et de conseillers juridiques, et
nous trouverons dans tous les cas une solution pour permettre aux Risk Managers et à
leurs courtiers de continuer à accéder au marché du Lloyd’s !
Olivier Campenon,
Président de la Chambre de commerce franco-britannique
Le peuple britannique a voté démocratiquement et
a choisi de quitter l’Union européenne. C’est bien
sûr un grand choc pour toute l’Europe mais aussi
une date historique puisqu’elle signifie l’entrée
dans l’inconnu. Beaucoup de scénarios ont été
esquissés pendant la campagne mais la vérité est
que nous ne savons pas ce qui va suivre, si ce n’est
que nous faisons face à une Europe différente.
Et parce que l’économie n’aime pas l’incertitude,
celle-ci risque d’être chahutée pendant un certain
temps. La Chambre de Commerce franco-britan-
nique existe depuis 143 ans en France et sa mission
a toujours été d’aider les entreprises françaises et
britanniques des deux côtés de laManche dans leurs
échanges commerciaux bilatéraux, à la négociation
des tarifs et des réglementations. Désormais, notre
préoccupation première doit être de s’assurer de
la continuité des échanges commerciaux et nous y
contribuerons par tous les moyens.
Anne-Marie
Fournier,
Vice-présidente
de l’Amrae
LE POINT DU VUE DE L'AMRAE
Le Risk Manager doit anticiper les conséquences de
cet événement pour préparer l’entreprise au nouvel
environnement dans lequel elle devra évoluer. En
l’occurrence, il est assez difficile d’anticiper les
conséquences du Brexit à moyen terme puisque
l’événement ne semble pas devoir se produire avant
plusieurs années… En matière de risques et d’assu-
rances, le marché anglais s’est toujours distingué
par une flexibilité qui lui a permis d’attirer un
volume d’affaires important : dans un contexte dans
lequel beaucoup de capitaux sont disponibles et où
les capacités des marchés d’assurance européens
(mais aussi asiatiques ou américains) affluent, le
Brexit ou son éventualité peuvent nuire au marché
Anglais en créant, notamment pour les Européens,
des contraintes administratives supplémentaires :
non-application de la directive LPS au UK, besoins
d’émissions de contrats locaux au UK, impossibilité
de faire émettre un contrat européen à partir du UK…
Anticiper pour s’adapter
Les mouvements observés récemment de renchéris-
sement des prix au UK et baisse de la livre sterling
par rapport à l’euro sont-ils durables ? Le pragma-
tisme anglais ne permettra-t-il pas la conclusion
d’accords bilatéraux réduisant ou annulant les effets
du Brexit ? Le pays se lancera-t-il dans une politique
d’attraction ou de rétention massive des capitaux
européens ? Ces questions sont à la base des raison-
nements que suivront les entreprises dans chacun de
leur domaine d’activités et influeront sur leurs stra-
tégies particulières.
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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
DOSSIER
BREXIT