LE PHARE DU RÉFÉRENTIEL,
LA PÉDAGOGIE DES SINISTRES
La culture du risque est dans l’agro-alimentaire d’abord une culture de
référentiel. Ce référentiel prend le plus souvent la forme d’un cahier des
charges qui ne se limite pas aux seuls éléments de production. «
Notre
premier sinistre était un point de non-conformité au cahier des charges.
Au-delà du cahier des charges, le BRC (British Retail Consortium), un
référentiel technique pour les fournisseurs de produits à Marques de
Distributeur, qui fournit une base commune d’exigences en matière de
sécurité alimentaire pour les fabricants de produits en marque distribu-
teurs et blanches et International Feature Standard Food sont les deux
éléments structurants.
»
«
S’y conformer, c’est déjà inculquer une culture de la qualité et du
risque à toute l’entreprise. Ils apportent un formalisme qui éduque. Nous
avons aussi des litiges de non-conformité avec nos fournisseurs. Il peut
s’agir de non-conformités machines sur des lignes de production ou de
non-conformités matières. Les recours que nous avons dû exercer étaient
complexes et difficiles, souvent judiciaires, mais nous avons réussi à faire
valoir nos droits en partenariat avec nos assureurs responsabilité civile
parce que nous avions anticipé les situations et que nos dossiers étaient
bien montés. Nos clients n’ont jamais été inquiétés. C’est aussi un béné-
fice que j’accorde à la rigueur que nous impose la gestion des risques,
moi qui suis un anti-bureaucrate par excellence
», sourit l’entrepreneur.
SOURCING ET LIVRAISON :
LE RISK MANAGEMENT À TOUS LES ÉTAGES
Alain Milliat achète des fruits frais et du surgelé de fruits tropicaux en
grande quantité, partout en Europe ou sur le pourtour méditerranéen.
Les clients se trouvent aujourd’hui partout en Europe, mais aussi au
Canada ou aux États-Unis.
«
Nos risques initiaux sont la sécurisation des approvisionnements en
quantité et en qualité, puis la chaîne sanitaire pour la fabrication et la
distribution et sa traçabilité. Acheter à des opérateurs reconnus (coopé-
ratives, importateurs…) s’inscrit dans la démarche de gestion des risques.
Il faut les identifier, les convaincre d’accepter nos contraintes et de nous
livrer, négocier leurs couvertures d’assurances…
».
La rédaction d’un cahier des charges et l’élaboration des règles contrac-
tuelles sont le point de départ. Y sont jointes systématiquement les
attestations d’assurances des fournisseurs qui doivent répondre aux
exigences d’Alain Milliat et de ses assureurs en termes de période, d’ac-
tivités et de montants assurés.
La gestion des risques ne s’arrête pas au seul sourcing, elle porte sur
d’autres domaines de risques tels que les pertes matérielles ou imma-
térielles, documentés par une méthode et des supports : indicateurs
de sinistralité, réalisation d’audits internes, prise en compte et traite-
ment des non conformités, suivi du plan d’assurances…
LA COMMUNICATION DANS ET
SUR LA GESTION DES RISQUES
Outre les classiques audits qualité, les clients, des grands de la distri-
bution ou du fast-food, demandent à préparer des cellules de crise.
«
Elles sont auditées tous les ans. Nos scenarii de communication sont
réévalués, les porte-paroles désignés. Chez Alain Milliat, c’est Alain
Milliat en première intention, moi ensuite
».
«Nous commençons à évoquer
nos process risques à l’externe.
D’une part pour anticiper
les demandes de nos partenaires
ou clients et d’autre part parce
que cela contribue au sérieux
de l’image de l’entreprise. »
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°10 I
SEPTEMBRE 2016
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MÉTIER RISK MANAGER