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les scénarios les plus probables comme les scénarios majorants. Ce qui

suppose une connaissance en profondeur de l'entreprise pour arriver

à bien poser la problématique de la quantification recherchée. Bien

formuler une question est déjà la résoudre à moitié ! Il doit aussi savoir

dans quels scénarios son entreprise doit se reconnaître. Enfin, il lui faut

des connaissances financières suffisantes pour apprécier les impacts

directs sur les chaînes de valeur de l'entreprise, leur traduction en perte

comme dans les comptes de résultat et dans le bilan



David Dubois met cependant en garde les Risk Managers à ne pas s’oc-

troyer le rôle qui n’est pas le leur dans la mise en place du processus.



La quantification aide à faire passer des messages mais il n’est pas

nécessaire que la quantification soit intégrée dans la responsabilité du

Risk Manager. Il ne peut pas être juge et partie. Il lui faut vraiment cette

capacité à comprendre ce qui a été fait, à pouvoir discuter avec ceux

qui ont quantifié, à pouvoir challenger les modèles utilisés. Et critiquer

- dans le sens positif du terme - une quantification. Le Risk Manager

doit être un expert communiquant : il aide aussi ceux qui quantifient à

prendre conscience de ce qu’ils font, à ne pas oublier un élément impor-

tant ou bien encore à prendre le recul suffisant. De ce fait, cet échange

entre Risk Manager et quantificateur est vital



BF6LD 3 ? 7:46D 

Buant aux bénéfices d¬une telle démarche… ils sont nombreux… à condi-

tion comme le rappelle Françoise Gaucher, de ne pas considérer que

c¬est une fin en soi 

C’est un éclairage complémentaire de la feuille

de route qui présente la trajectoire attendue de l’entreprise sous l’angle

financier et business. L’identification et la quantification des risques

donne de la visibilité supplémentaire aux hypothèses faites dans la valo-

risation de cette trajectoire, en mettant en exergue celles qui comportent

des incertitudes dont on ne pourra pas assurer la maîtrise ni même une

influence dessus (par le biais de lobbying par exemple…). La quanti-

fication doit montrer l’immédiat, mais aussi bien sûr le court terme et

le long terme. Elle aide à se doter d’éléments pour renforcer éventuel-

lement les dispositifs de maîtrise interne des risques (investissements

de sécurité, systèmes d’alerte dès qu’un seuil est atteint…). Mais il ne

faut pas demander l’impossible aux chiffres. Nous sommes tous atteint

de la maladie de l’“Excelité” (usage abusif des tableaux Excel). Or si les

résultats du tableur sont parfois rassurants, il faut les challenger avec

les experts et les sachants. Il est nécessaire de boucler les chiffres de la

quantification avec les dires d’expert



Gis!le Ducrot va pour sa part un peu plus loin… vohant la quantifica-

tion comme un facteur de cohésion au sein de l’entreprise dans un

contexte où le développement des entreprises est lié à l’exposition

à de nouveaux risques… qui sont également des opportunités 

La

quantification permet de mettre tout le monde autour de la table sur

une base de lecture commune et de donner à l’organisation les clés

de la gestion de ses risques. Sur le risque cyber par exemple, le COMEX

intègre mieux les expositions liées aux développements stratégiques, la

direction financière a une vision réaliste de ses expositions, le DSI celle

de l'impact technique mais également de l'opérationnel et du finan-

cier d’une interruption du SI et peut ainsi prioriser ses investissements

de sécurisation, la RH que la non suppression des adresses email, lors-

qu’un collaborateur s’en va, peut engendrer une vulnérabilité. Surtout,

la quantification permet au Risk Manager, qui joue un rôle central

dans cette approche, de disposer de données factuelles afin d’aider

l’ensemble des directions dans l’anticipation et le pilotage des risques

et d’en optimiser le financement, en interne et vis-à-vis du marché de

l’assurance



DE LA QUANTIFICATION DES RISQUES

À LA MODÉLISATION DU DÉVELOPPEMENT

DE LA LONGÉVITÉ

Avant m"me d¬"tre utilisée par les entreprises… la mesure

des risques est aussi un obYet de recherche Stéphane Loisel…

professeur à l¬ISFA —Fniversité Lhon r˜ est porteur du proYet

LoLitA (Dynamic Population Models for Human Longevity with

Lifesthle AdYustments˜ Fn programme sur u ans qui a pour

obYectif de proposer une modélisation du développement

incertain de la longévité humaine à long terme, ainsi que des

méthodes de gestion des risques associés à la longévité dans les

domaines des retraites, de l’assurance-vie et des risques santé

de long terme (dépendance).

L¬un des suYets sur lesquels travaille l¬équipe est l¬accélération

de l¬allongement de la durée de vie Elle a obligé la mise à Your

des tables de mortalité et a des conséquences directes sur les

produits assurantiels. Avec cette question : comment détecter

un changement de tendance suffisamment t+t sans trop de

fausses alarmes 

Pour Stéphane Loisel… le trait d¬union entre son suYet de

recherche et la gestion des risques, c’est le problème de

détection de rupture 

Les méthodes de détection de rupture

existent depuis longtemps car, dans la gestion des risques, une

entreprise doit être capable de détecter suffisamment vite un

changement qui peut menacer ses performances. Pour cela, elle

définit des KRI (Key Risk Indicators) et des KPI (Key performance

Indicators). Les KRI vont être complétés par les signaux faibles, qui

sont la plupart du temps qualitatifs, et qui vont provenir à la fois

de l'intérieur et de l’extérieur de l'entreprise. Cela va permettre

d’objectiver statistiquement une déviation, de déceler rapidement

la survenance d’une rupture sans trop de fausses alarmes. Le

plus difficile va être de combiner les aspects quantitatifs avec

les signaux faibles qualitatifs, en particulier pour les risques

stratégiques. C’est toute l'intelligence du Risk Manager et des

systèmes de gestion des risques de l'entreprise qui va permettre de

combiner l’ensemble de ces informations

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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°5 I

JUIN 2015

20

DOSSIER

LA QUANTIFICATION DES RISQUES