M"me tonalité chez Patrick Leroh Président de la
commission Responsabilités de l¬AMRAE :
Quantifier
permet de suggérer, de hiérarchiser des priorités d'ac-
tion qui soient basées sur de véritables études d'impact
afin de mieux les légitimer. Il faut donc avoir en main
des études suffisamment solides. Il faut impérative-
ment arriver à objectiver les impacts des menaces et faire
l'exercice de leur quantification
Buantifier n¬est donc
pas seulement un moyen de valoriser un risque mais
aussi de compléter une démarche qualitative pour
apporter une aide à la décision.
Pour Patrick Leroy, c’est une démarche que ne peuvent
plus ignorer les Risk Managers :
ils font de plus en plus,
l'objet de questionnements de la part des Directeurs
financiers, des Comex, des administrateurs, qui leur
demandent une vision stratégique des risques de l'entre-
prise, c'est-à-dire des menaces susceptibles d'entraver
gravement la bonne marche de l'organisation. Or pour
donner cette vision stratégique (résumée sous la forme
des 5H), il y a notamment le How Much ? Combien ? Quel
chiffre ? Le Risk Manager ne peut plus se contenter soit
d'acheter de l'assurance (on a complètement dépassé ce
stade), soit de décrire les menaces de façon vaguement
technique en essayant de faire peur. Il ne peut pas non
plus s'abriter simplement derrière une liste de procédures
internes ou promouvoir un peu de prévention au hasard
pour essayer de démontrer une “certaine maîtrise”
UNE DÉMARCHE POUSSÉE PAR LA MONTÉE
DES RISQUES ÉMERGENTS
Mais dire que la quantification est une démarche
nouvelle dans les entreprises hors financi!res est
faux. Dans son étude, Denis Zandvliet rappelle que
certaines organisations font de la quantification depuis
pr!s d¬une trentaine d¬années
La maturité n’est pas
la même entre entreprises financières et les autres parce
que malheureusement, c’est l’incitation du règlemen-
taire qui fait prendre conscience des réalités, même si,
dans certains domaines, cette prise de conscience existe
depuis longtemps. Par exemple, dans les industries à
très haut risque, spatiales, nucléaires, hydroélectriques.
Beaucoup d’entre elles utilisent les réseaux bayésiens
depuis très longtemps pour mesurer leurs risques
souligne Catherine Veret-Jost, Présidente du cabinet
de conseil 4aveYo forte d¬une longue expérience du
monde bancaire et qui a assisté, avec Bâle II, à l’intro-
duction de la quantification des risques
Cependant, avec l’évolution du contexte dans lequel
op!rent les entreprises le suYet a pris ces derni!res
années une nouvelle dimension, comme le rappelle
Gis!le Ducrot Senior Manager chez EJ :
La probléma-
tique de la quantification s’est vraiment révélée avec l’évo-
lution de la typologie des risques auxquels sont soumises
les entreprises. Pendant longtemps, la plus grande partie
de la gestion des risques était regardée par les Directions
des assurances et couverte par des programmes d’assu-
rance essentiellement «dommage aux biens» (property).
Sur ces risques, la quantification est issue d’études histo-
riques, permettant des processus stables et une fluidité
entre le risque, son niveau de maîtrise et sa logique de
financement. Mais aujourd’hui, nous sommes sur des
risques plus immatériels qui peuvent mettre en jeu le déve-
loppement de l’entreprise. À l’instar des risques cyber, des
risques liés à la réputation, à l’image… Les entreprises
s’internationalisent et donc s’exposent à de nouvelles
typologies de risques moins facilement contrôlables. Des
risques qui sont aujourd’hui inclus dans la cartographie
des risques des entreprises mais qui deviennent difficiles à
appréhender, tant en termes d’impacts que d’anticipation
de leurs évolutions
Patrick Leroy est encore plus direct dans son approche
pour appeler les Risk Managers à s¬emparer du suYet Il
prend l’exemple de la fraude et du risque cyber, avec
notamment les impacts de mise en cause de responsa-
bilités de la personne morale et des dirigeants :
Si l’on
pose la question de savoir combien de Risk Managers ont
procédé véritablement à une étude pour évaluer ces types
de risques et éclairer leurs Directions générales sur les
impacts directs et indirects, on s'apercevra rapidement
de l’insuffisance du niveau de maturité. Ensuite, si une
démarche est mise en place pour solliciter le marché de
l'assurance en vue d’une couverture, il va falloir jauger
les besoins tant en termes de contenu de couverture
qu'en montant quantifié. Car à défaut, comment fera le
Risk Manager pour mettre en place des outils de finance-
ment de risques et connaître l'appétence aux risques des
Patrick Leroy,
Président de la commission
Responsabilités de l’AMRAE
Gisèle Ducrot,
Senior Manager chez EY
Catherine Veret-Jost,
Présidente du cabinet de
conseil Cavejo
«Quantifier permet
de suggérer, de hiérarchiser
des priorités d'action qui
soient basées sur de véritables
études d'impact afin de
mieux les légitimer. »
Patrick Leroy, Président de la commission
Responsabilités de l’AMRAE
L6D C D62FI 32J D:6?D
UNE APPROCHE INDUCTIVE
Les réseaux bahésiens sont la conYonction du théo-
rème de Bayes sur les probabilités conditionnelles
et de la théorie des graphes, c'est-à-dire le fait de
pouvoir faire des arbres de causalité assez com-
plexes mais qui distinguent bien les causes et les
conséquences. Et trouver à partir de là les indica-
teurs pertinents afin de mesurer explicitement l im-
pact des actions de réduction.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°5 I
JUIN 2015
15
DOSSIER
LA QUANTIFICATION DES RISQUES