tion de valeur. «
Les administrateurs sont particulièrement
sensibles à notre approche qui réunit les deux éléments. Ils
sont bien conscients qu’il n’y a pas de stratégie ni d’entre-
prise sans risque,
souligne Didier Serrat, Associé Rivoli
Consulting, coordinateur du module Stratégie, gestion
des risques : création de valeur.
Comme ils sont amenés
à fixer les orientations des activités de l’entreprise, les
administrateurs élaborent également la politique des
risques. Ils maîtrisent ainsi mieux les concepts et peuvent
se concentrer sur les sujets de fond, liés à la pérennité et
au développement de l’entreprise. Ils peuvent être moins
souvent en réaction.
»
L’AMRAE, qui délivre la partie «Gestion des risques & créa-
tion de valeur» accompagne le programme depuis son
origine. Prise de risque acceptable, financement, relations
avec l’audit interne, missions du RiskManager, compétences
requises, pendant 4 heures les messages clés du métier
sont diffusés. «
Les participants réalisent l’intérêt d’un Risk
Management global. De la définition de la stratégie au finan-
cement des risques, en passant par la communication de crise
et la prévention, chacun repart avec des briques de connais-
sance de notre métier qui souvent le passionne
» précise
Bénédicte de Luze, en charge du cours délivré par l’AMRAE.
Les membres de comités d’audit et des risques du
programme sont particulièrement intéressés par cette
démarche qui va au-delà du contrôle financier et comp-
table. Comprenant les enjeux de disposer d’un dispositif
de gestion des risques efficace, ceux-ci appréhendent
mieux le dialogue avec le Risk Manager et les diligences à
mettre en œuvre pour assurer leur mission.
«
Prévoir au moins une fois par an de travailler en conseil
sur la maîtrise des risques devient un réflexe. Cela soutient
d’ailleurs les travaux des équipes opérationnelles
» affirme
Didier Serrat.
Certains Risk Managers suivent le programme - adminis-
trateur de captives - ils souhaitent élargir leur champ de
compétences, valoriser cette expérience et trouver des
mandats…
RETOUR D’EXPÉRIENCE
AVEC LA COLLABORATION DE
La confiance n’exclut pas le contrôle : le pilotage
automatique mis en cause dans le crash
Deux conclusions au moins sont à tirer du rapport d’enquête de l’agence
américaine de sécurité des transports (NTSB) sur les circonstances du crash
du Boeing 777 de la compagnie Asiana Airlines à l’aéroport de San Francisco
le 6 juillet 2013 qui a fait trois morts et 49 blessés graves. D’abord, l’accident
était évitable. Ensuite, il est lié à une trop grande confiance des pilotes dans
les instruments automatiques de l’avion. Le fait de déléguer aux instruments
de bord la gestion du pilotage était a priori une des recommandations de la
compagnie (qui a depuis modifié ses règles). Dans le cas présent, les pilotes
avaient perdu toute conscience des conséquences de leur altitude sur
l’atterrissage du fait de la complexité des instruments.
Ce rapport préliminaire est intéressant en dehors de l’aéronautique. On
peut l’extrapoler au manager qui perd le contrôle avec le terrain en se fiant
uniquement aux indicateurs : la vitesse et l’allure sont bonnes, il n’y a pas de
raison de reprendre les commandes.
C’est un message pour les industries qui automatisent de plus en plus la prise
de décision comme dans l’automobile ou les NTIC. En octobre 2014, Audi a
fait rouler sur le circuit d’Hockenheim (Allemagne) une RS7 sans pilote qui a
même battu un record de vitesse. Google cherche aussi à promouvoir la voiture
sans conducteur. En avril 2014, l’ancien chef de la NSA, l’agence électronique
de renseignement américain, a confirmé que certaines décisions étaient
prises sans intervention humaine et simplement sur la foi de recoupement
d’informations, comme l’envoi de drones de combats sur cibles vivantes...
Mais revenons au crash de l’avion qui avait heurté une digue en entrant sur la
piste.
Pour les enquêteurs, l’accident est aussi lié à une mauvaise formation des
pilotes, à la difficulté à stabiliser l’appareil et à un système automatisé mal
compris. «
Les commandes automatiques ont rendu l’aviation plus sûre
» a
précisé Christopher A. Hart du NTSB en marge du rapport. «
Cependant, même
dans un avion extrêmement automatisé, l’humain doit rester maître à bord.
»
Le groupe Boeing a contesté que le système de vol automatisé ait contribué à
l’accident. «
Cette conclusion n’est pas étayée par des preuves
». La bataille se
déplaçait ainsi du terrain de l’expertise vers celui de l’économie.
Pour étayer ses dires, le NTSB a publié une vidéo réalisée sur un simulateur de
vol à partir des données de navigation des boîtes noires. Chacun peut ainsi à
son tour prendre place dans le cockpit.
David Kapp – La Lettre Retour d’expérience, supplément à Face au Risque
« La fonction d’administrateur
ne s’improvise pas et ne peut
plus être exercée en dilettante.
Elle requiert de plus en plus
d’investissement et
de professionnalisme. »
Daniel Lebègue,
Président d’honneur de l’IFA.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°3 I
JANVIER 2015
45
MÉTIER RISK MANAGER