EN NOMMANT LE RISQUE,
LA CARTOGRAPHIE LE REND CONCRET
«
Face à des risques de plus en plus complexes et systé-
miques, nous avons mis en place un dispositif global repo-
sant sur le contrôle interne, l’audit interne et la cartographie
des risques, se positionnant de façon complémentaire aux
dispositifs sectoriels préexistants de maîtrise des risques»,
explique Marc Voirin, Chargé de mission Cartographie des
Risques Groupe chez EDF
. «En outre, la cartographie pour-
suit deux objectifs distincts : un objectif de gouvernance
(informer les dirigeants et les organes de gouvernance
du Groupe, chaque semestre, des risques majeurs), et un
objectif managérial (responsabilisation et mobilisation
des managers à des fins d’identification, d’évaluation, de
hiérarchisation et de traitement des risques)
».
En effet, la cartographie s’est muée en outil transverse,
massivement diffusé dans les entreprises. «
Nous obser-
vons chez nos clients une approche de plus en plus ”bottom
up”, avec des informations qui émanent du terrain
»,
indique Gilles Proust, Président associé et Co-fondateur
du cabinet de conseil Arengi. D’après ses observations, la
cartographie gagne du terrain, pas seulement chez les
grands comptes. «
Les ETI se lancent à leur tour dans la
démarche, les PME y réfléchissent sérieusement, de même
que nombre d’organisations publiques
», souligne Gilles
Proust. La cartographie se développe donc massivement
et a une place de choix : pour toute entreprise qui amorce
une démarche de gestion des risques, la cartographie se
révèle un moyen concret et efficient pour «poser» le
sujet du risque dans l’agenda de la direction générale.
QUANTIFIER POUR CARTOGRAPHIER :
UTILE MAIS LOIN D’ÊTRE OMNIPRÉSENT
Sur 40 entreprises interrogées, un tiers d’entre
elles font un usage modéré de la quantifica-
tion, avec une «maturité d’usage» entre 0 et 1
sur une échelle de 1 à 10. «
Pourtant
, énonçait
Denis Zandvliet, Associé fondateur de VALU€360
et intervenant dans l’atelier ”Appréciation des
risques : osez la quantification !”,
le standard de
base en revue de projets est à fréquence
mensuelle. Attendre un an (sauf si
l’activité est stable), c’est perdre
de l’information. À peine un tiers
des répondants ont quantifié
des données opérationnelles.
La quantification en dégâts
humains quant à elle est
encore moins réalisée, ce
qui peut apparaître comme
normal eu égard à l’hétéro-
généité de ce risque selon les
secteurs. »
LE BUDGET COMME RÉFÉRENTIEL, LA BOSSE
DES MATHS DE L’ACTUAIRE COMME SUPPORT
«
Prendre en compte les risques dans l’établissement
du budget
» est ce qui apparaît le plus aisé. Car, pour
David Dubois, Président du Club ERM de l’Institut des
Actuaires, la quantification des risques mobilise à elle
seule du temps et des ressources. «
Cela implique diffé-
rentes étapes : quel est le besoin ? Quel modèle
va-t-on utiliser pour traduire ce chiffre ? Quelle
est la fraîcheur des données ? Ensuite, il faut
tester régulièrement la robustesse du modèle
pour voir s’il produit les effets attendus
».
Si David Dubois estime que «
le background
mathématique est nécessaire afin de repérer
des erreurs dans ce qui a été fait. Mais l’expert
peut avoir une vision plus fermée des choses
»,
Denis Zandvliet assure lui que «
la compré-
hension comportementale de vos
interlocuteurs et de leur appétence
au risque est plus importante
que la base mathématique. Mais
il faut connaître un peu cette
dernière pour comprendre vos
interlocuteurs…
». Bilan : un
travail et des connaissances
en statistique sont un plus
pour les Risk Managers et
peuvent être source d’éco-
nomie pour les entreprises.
Mais la case expert semble
inéluctable à un moment ou à
un autre.
Fanny Dakowski
,
Risk Manager d’Ipsen
Yannis Wendling,
Directeur en charge de l’audit,
du contrôle interne et de la gestion
des risques au Conseil Général
de Seine-Saint-Denis
Denis Zandvliet,
Associé fondateur
de VALU€360
TROIS AVERTISSEMENTS DE PATRICK NAÏM,
Président d’Elseware
Les risques quantifiés en euros se comparent
entre eux, à ceux de concurrents, aux revenus, aux
investissements en réduction, etc. Ils se commu-
niquent, se pilotent et se réduisent de façon plus
objective. Mais la quantification est aussi un risque
de simplification : une fois le chiffre annoncé, il n’est
plus sous contrôle !
Quantifier, pour le Risk Manager, est indispen-
sable. Aucune fonction de l’entreprise n’échappe
à la mesure. Mais cela ne peut être une fin en soi,
c’est un outil pour une exigence de meilleure iden-
tification, de meilleure cartographie, et surtout de
meilleure compréhension des risques.
On ne peut bien quantifier que ce que l’on
comprend bien, c’est l’équilibre entre le qualitatif
et le quantitatif que les Risk Managers doivent
s’approprier.
Atout Risk Manager
consacrera son
prochain dossier à
la quantification.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°4 I
AVRIL 2015
26
DOSSIER
RETOUR SUR LES RENCONTRES AMRAE 2015