SANS RISQUE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ?
Quel danger avec Watson, demande alors François Vidal ? «
Que l’hu-
main prenne la mauvaise décision ; alors qu’il avait été bien éclairé
»
répond Michel Teyssedre. Létal pour les Risk Managers selon Laurent
Alexandre qui lui prévoit, sans sourciller, la disparition des Risk
Managers à très brève échéance. «
Si scénariser, modéliser et arbitrer est
bien l’essence du Risk Manager, alors l’Intelligence Artificielle qui opère
en une fraction de seconde, vous a déjà supplantés
» lançait-il à la salle
légèrement estomaquée.
Mais Michel Teyssedre restemesuré : «
En 2050, l’homme décidera toujours,
pas la machine
», affirme-t-il en réponse aux propos du Dr Alexandre.
OSER SE RÉINVENTER
Heureusement, le Président-Directeur Général du Groupe AXA, Henri
de Castries a d’entrée de jeu rassuré, dans sa brillante présentation
d’ouverture, les quelques 1 500 membres de l’auditoire.
Rien ne doit faire verser dans la méfiance ni dans la peur irrationnelle :
si le Big Data est «
un phénomène qui oblige les entreprises à se réorga-
niser
», il assure qu’ «
être défensif ne sert à rien : cela peut même être
mortel face à quelque chose d’inévitable
».
Partisan d’une curiosité humble, Henri de Castries compare la période
actuelle à la Renaissance, une époque, qui a, selon lui, connu autant
de révolutions technologiques qu’aujourd’hui. «
Nos enfants ne vivront
pas dans le même monde que nous, nous vivons une époque nouvelle.
Aujourd’hui, la liberté quasi-totale de circulation des capitaux et des
hommes signifie que tous les business models sont menacés
» juge-t-il.
S’il rejoint le Dr Alexandre quant à l’aspect pessimiste de ces évolu-
tions, affirmant notamment que «
dans dix ans, la moitié des emplois
dans les services aura disparu
», le patron d’AXA propose lui une vision
plus pragmatique et optimiste de la réaction professionnelle à avoir.
Il faut selon lui «
être capable de faire des alliances avec les GAFA pour
améliorer notre savoir-faire, car le stock de données que nous, assureurs,
avons accumulées, est insignifiant eu égard aux Big Data. Et la collecte
va aller crescendo…
».
Le leader du groupe d’assurances aborde aussi ces changements sous
le prisme de l’éthique professionnelle, appelée à se renforcer selon lui :
«
Si une bonne utilisation des Big Data peut améliorer la vie des gens en
permettant aux assureurs d’adapter plus que jamais leurs réponses, une
mauvaise utilisation peut à l’inverse créer des dérapages et une perte de
confiance dans l’assurance. Le Big Data pose donc des questions éthiques
et morales, et appelle une transparence plus grande
» souligne-t-il. Avant
d’interroger les 1 500 professionnels présents : «
Sommes-nous prêts ?
».
ADAPTER LES RÉPONSES ET PROTECTIONS
DE L’ENTREPRISE…
En filigrane tout au long de ces débats et interventions, la question de
la sécurité de l’entreprise interpelle. L’accumulation considérable de
données au sein d’une même entreprise pose la question de la sécurité
de ces données. «
Chaque année, 2 à 5 milliards de personnes s’iden-
tifient grâce à leur passeport, e-mail, carte bancaire… On voit bien la
problématique apparaître
» relève Christian Kuhn, Directeur Marketing
de Gemalto, multinationale spécialisée dans le secteur de la sécurité
numérique. «
Dans ces conditions, il ne suffit pas de construire une
muraille autour de l’entreprise pour protéger les données, il faut égale-
ment les crypter
» estime l’intervenant.
…VIA NOTAMMENT L’ÉDUCATION DES SALARIÉS
Que les données soient cryptées ou non, il faut que les salariés les mani-
pulent avec la sensibilité qu’elles requièrent. Les questions du cloud
– qui implique la diffusion de données entre plusieurs serveurs – et du
BYOD (Bring Your Own Device : les salariés d’une entreprise équipés de
leur propre machine pour travailler : smartphone, ordinateur portable,
tablette dont les usages sont désormais mixtes…) impliquent donc
Henri de Castries,
Président-Directeur Général
du Groupe AXA
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°4 I
AVRIL 2015
21
DOSSIER
RETOUR SUR LES RENCONTRES AMRAE 2015