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Pour réduire ces risques, il faut, selon elle, mettre en place un processus

itératif comprenant plusieurs étapes : la définition du périmètre de

l’étude de risques et la prise de connaissance du contexte (quels sont les

objectifs du projet notamment en termes de budget, planning, perfor-

mances, quel est son environnement...), l’identification des risques,

leur hiérarchisation, la stratégie de leur traitement et le suivi des plans

d’actions pour contrôler leur efficacité.

LES RÈGLEMENTATIONS LOCALES,

VÉRITABLE CASSE-TÊTE

Autre risque, autre point d’achoppement : les règlementations et obliga-

tions locales.

Le groupe L’Occitane, présent dans 35pays répartis sur les cinq continents,

enaparfois fait les frais. Encherchant à s’internationaliser dès ledébut des

années 2000, le groupe souhaitait à la fois une rationalisation des coûts

et une optimisation des couvertures d’assurances. «

Notre objectif priori-

taire a consisté à harmoniser les garanties au sein du Groupe

tout en essayant de répondre aux besoins spécifiques de nos

filiales

» explique Gaëlle Haubre, Insurance Risk Manager

de l’Occitane International SA. «

Les principaux critères

que nous avons dû prendre en compte pour minimiser les

risques assurables furent liés aux obligations réglemen-

taires locales, aux exigences assureurs, à l’adaptation aux

cultures locales, en préservant une éthique Groupe

».

L’Occitane s’est rapidement retrouvée face à plusieurs

contextes : les ”

Good local Standards

“, tels que l’

Employers

Liability

au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Italie ou en

Espagne ; la faute inexcusable en France ; le

Cash before

cover

qui demande une anticipation sur le renouvellement

des garanties et le paiement des primes sous peine de

pénalités...

Quatre catégories de contraintes ont été constatées :

Contraintes étatiques :

système indemnitaire obligatoire et mutuali-

sation de primes par le Consorcio de compensaciôn de seguros, orga-

nisme public d’assurance qui intervient en Espagne pour les claims en

CAT-NAT, par exemple.

Contraintes liées à la ventilation des taxes/fiscalité :

prise en

compte des pays soumis aux règles

Admitted

ou

Non-Admitted

et de la

clause Finc qui s’applique en cas de sinistre en RC, Dommage, D&O...

Contraintes documentaires :

exigence d’une police locale pour

garantir les transports domestiques (Inde, Chine, Brésil), exigence du

certificat d’assurance, de l’attestation annuelle de dédouanement...

Contraintes administratives :

pour l’exploitation d’un local commer-

cial, il a été imposé par le bailleur de souscrire auprès d’une compagnie

locale intégrée.

«

Le principal enseignement est que les ETI sont confrontées aux mêmes

problématiques et enjeux de risques que les grands groupes, notam-

ment lorsqu’elles se développent à l’international

» observe Renaud de

Pressigny, Directeur Général de QBE. «

En outre, les ETI sont beaucoup

plus vulnérables que les grands groupes. Elles disposent rarement en

interne des ressources et des expertises qui leur permettent d’appré-

hender et d’anticiper les risques majeurs auxquels elles sont

confrontées, et leur surface financière les rend moins rési-

lientes que les grands groupes. Elles doivent donc s’appuyer

sur des expertises externes, et les courtiers et assureurs ont

un rôle important à jouer pour les aider à mieux anticiper,

identifier, quantifier, prévenir et globalement, gérer ces

risques. Enfin, comme les ETI sont souvent fournisseurs

des grands groupes, la performance de ces derniers dépend

souvent de l’efficience des entreprises de taille moyenne ou

intermédiaire

» dit Renaud de Pressigny. «

L’amélioration de

la qualité des risques des ETI et PME bénéficie donc égale-

ment à leurs clients grands groupes

».

D’après l’étude de QBE, les ETI estiment à 28% que le

risque politique (guerres, tensions diplomatiques, natio-

nalisations…) est l’un des risques majeurs pour leur

développement à l’international.

CARTOGRAPHIE ET COMMUNICATION

Comment alors, une entreprise peut-elle déjouer ces risques et mieux

les appréhender ? Deux points principaux ont été évoqués : «

Dans

les grands groupes, la cartographie des risques repose sur une organi-

sation, une méthodologie et des outils déjà en place dans l’entreprise,

que le Risk Manager partage avec les équipes projet

» explique Stéphanie

Canino, Risk Manager chez Eramet. «

Pour ce qui est de l’organisation,

le Risk Manager est souvent mis à disposition du projet par un départe-

ment de Management des risques, à temps plein ou à temps partiel selon

la taille et la complexité du projet. Une bonne anticipation des risques

est une des clés de succès du projet, c’est pourquoi il est recommandé

de commencer l’analyse des risques dès son démarrage, où la capacité

à ”dérisquer” est plus importante

». Complète et la plus exhaustive

possible, cette cartographie doit bien sûr être adaptée à l’activité de

l’entreprise – Stéphanie Canino rappelle qu’Areva s’est créé son propre

«

univers de risques

», reprenant des familles de risques spécifiques

au nucléaire –, mais aussi aux particularismes du pays en question.

Attention aussi à observer l’évolution dans le temps des risques, pour

adapter constamment sa cartographie.

En conclusion, la Risk Manager rappelle l’importance d’une communi-

cation soutenue : «

La communication sur les risques est nécessaire pour

le chef de projet en interne : vis-à-vis de son management, du comité

d’audit… ou en externe avec les partenaires, clients, fournisseurs…

».

Gaëlle Haubre,

Insurance Risk Manager de

L’Occitane International SA

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°4 I

AVRIL 2015

30

DOSSIER

RETOUR SUR LES RENCONTRES AMRAE 2015