RETOUR D’EXPÉRIENCE
AVEC LA COLLABORATION DE
L
ors du choix du système d’extinc-
tion incendie, les exploitants de
data centers préfèrent sauvegarder
les données contenues dans les
serveurs plutôt que protéger les bâti-
ments et les machines. «
Ils cherchent une
solution miracle qui leur assure le moins de
temps d’arrêt possible du service
, constate
Yves Goacolou, Expert en sécurité des data
centers au sein de CNPP. Une analyse des
vulnérabilités doit être menée avant de
choisir la solution adéquate. «
Il faut étudier
la configuration des locaux, définir les scéna-
rios redoutés et se poser la question des objec-
tifs
», rappelle Arnaud Breton, Responsable
expérimentation de CNPP. Il ne reste plus
qu’à choisir : gaz ou brouillard d’eau ?
Brouillard d’eau
❱
Fonctionnement
Les buses de diffusion du brouillard d’eau
défragmentent l’eau en microgouttelettes et
les pulvérisent en basse, moyenne ou haute
pression sur les équipements sinistrés.
Les plus
Le brouillard d’eau «
présente moins de risque
de déclenchement intempestif dans le cas
de systèmes à buses automatiques
», selon
Philippe Charlot, président du Gifex et direc-
teur des solutions extinction chez Siemens.
Contrairement à une installation d’extinc-
tion automatique par gaz, «
avec le brouil-
lard d’eau, l’ensemble des équipements tech-
niques de la salle serveur reste en exploitation,
rapporte Olivier Kachel, Responsable marché
du groupe DEF.
Seule la zone impactée par le
sinistre peut être éventuellement coupée lors
d’une intervention humaine.
»
Les moins
Le brouillard d’eau n’éteint pas complète-
ment le feu. Les gouttelettes ruissellent sur
les obstacles et ne vont pas dans les baies
où se déclarent la plupart des incendies.
«
À moins de mettre des diffuseurs jusque
dans les baies. Mais dans ce cas, toute l’ins-
tallation serait détruite
», complète Yves
Goacolou. «
Au-delà de la destruction des
équipements, il y a un risque d’électrisa-
tion
», remarque Arnaud Breton.
❱
Plutôt adapté pour
les data centers où le personnel est présent
24 h/24 et 7 j/7.
Gaz inerte
❱
Fonctionnement
Lorsqu’un incendie est détecté, du gaz
(argon ou azote) est lâché pour faire baisser
le taux d’oxygène et éteindre le feu.
Les plus
Les systèmes à gaz sont les seuls pouvant
éteindre complètement le feu dès le départ.
Les moins
La surpression provenant du bruit généré
par le lâcher de gaz a été responsable de l’al-
tération voire de la destruction de disques
durs. Fabrice Coquio, président d’Interxion,
a œuvré pour ne pas dépasser 105 dB, seuil
au-delà duquel les disques durs peuvent
être abîmés : «
Nous avons obtenu que le
lâcher de gaz se réalise en 120 s. au lieu de
60 pour réduire le bruit».
Des buses «silen-
cieuses» ont été développées.
❱
Plutôt adapté pour
les data centers neufs conçus pour ce type
d’extinction. «
Il faut former les architectes à
l’installation de la protection incendie dans
les data centers
», pense Yves Goacolou.
Ève Mennesson
Extrait de Face au Risque n°520,
février 2016
Extinction incendie dans les data centers :
gaz ou brouillard d’eau ?
En matière d’extinction automatique d’incendie dans les data centers, deux solutions
existent. Chacune présente des avantages et des inconvénients.
Système de prévention par air appauvri
Cette solution de prévention permet un maintien du taux d’oxygène à un niveau constamment faible par injection permanente d’azote.
«
Cela n’oblige pas à mettre hors tension l’infrastructure informatique et la climatisation
», souligne Éric Lejars, Directeur commercial de
Wagner Group France. Cette solution concerne les data centers avec peu de passage. Travailler avec un faible taux d’oxygène est déconseillé
pour les personnes en insuffisance cardiaque ou respiratoire, voire interdit sans appareillage spécifique en deçà d’un certain taux.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°8 I
MARS 2016
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MÉTIER RISK MANAGER