L’EXPÉRIENCE QATARIE
En 2012, Frédéric Desitter franchit le pas
de l’international en rejoignant le groupe
d’ingénierie Egis Rail, au Qatar, en tant
que Senior Risk Manager, poste davantage
orienté projet car il est chargé d’implémenter
un processus de Risk Management dans le
cadre du programme de développement du
nouveau métro de Doha.
Il intègre ensuite l’entreprise américaine
KBR, toujours au Qatar, pour mettre en
place une démarche de gestion des risques
sur tout le programme de construction et
réfection des routes du pays ; un programme
composé d’une trentaine de projets (plus de
30 milliards de dollars d’investissement).
Depuis juin 2014, Frédéric Desitter est donc
le Directeur de l’ERM du Sidra Medical and
Research Center de Doha, financé par la Qatar
Foundation, entité en création qui regroupe
déjà cinquante nationalités différentes, et
dont la vocation est la création et la gestion
d’un hôpital dédié à la mère et l’enfant (ouver-
ture prévue dans deux ans). Côté risques, si
Frédéric Desitter confirme retrouver les mêmes
items que lors de ces précédentes expériences,
l’environnement ainsi que la maturité face à
l’appréhension des risques, constituent autant
de défis pour la réussite de la démarche ERM.
«
L’approche et le ressenti sont différents selon
les personnes, en fonction de leur métier et
surtout de leur culture
.»
RISQUES SPÉCIFIQUES
ET CULTURE RISQUE
Les risques identifiés sont amenés à varier
en fonction de l’avancement des opérations.
Pour l’heure, Frédéric Desitter en relève
trois principaux : les risques liés à la mise en
œuvre, «
passer du stade de projet à un hôpital
fonctionnel
», trouver les bonnes ressources
qui soient capables de travailler ensemble,
«
l’objectif est de recruter à terme jusqu’à 4
000 personnes
», et enfin le risque de ne pas
être capable,
in fine
, de répondre aux attentes
générées par l’ouverture d’un tel hôpital qui se
veut à la pointe pour la mère et l’enfant. Autre
risque, et non des moindres, qu’il pointe : le
risque de réputation, très fort dès lors que l’on
touche à la santé et à la sécurité des patients.
«
Très peu d’hôpitaux dans le monde ont mis
en place une telle démarche d’ERM. Ce travail
est donc passionnant à plus d’un titre et
notamment au niveau des interactions qu’il
faut développer avec les différentes entités
opérationnelles et stratégiques. Le challenge
étant de parvenir à fédérer deux milieux qui
se parlent souvent assez peu : le médical et les
personnes dédiées à la gestion de l’hôpital,
pour parvenir à développer une culture risque
qui parle à tout le monde.
»
Côté assurances, Frédéric Desitter indique
que «
les polices sont souscrites auprès d'assu-
reurs traditionnels à travers de grands courtiers
internationaux
».
À terme, l’équipe chargée de la gestion des
risques sera composée de cinq personnes : un
directeur (Frédéric Desitter), une personne
dédiée à la gestion des risques, une autre à la
continuité d’activité, une personne pour les
assurances et une assistante. «
L’idée étant,
in fine
, explique-t-il,
de mettre en place dans
chacune des entités, comme ce que nous avons
fait chez ADP, des Coordinateurs en manage-
ment des risques qui soient les relais et animent
la gestion des risques au quotidien.
»
Un comité d’Audit sera également mis en place.
MAINTENIR LE LIEN AVEC L’AMRAE
Éloigné géographiquement, Frédéric Desitter
confirme cette impérieuse nécessité de main-
tenir le lien avec la profession en France et
d’être un artisan de son développement au
Qatar. Administrateur de l’AMRAE lorsqu’il
exerçait en France, il prenait très régulière-
ment la parole lors de conférences théma-
tiques ou à l’occasion des Rencontres. «
Ce que
j’attends aujourd’hui de l’AMRAE, c’est qu’elle
me permette de garder le contact avec les Risk
Managers en France afin de pouvoir partager
les bonnes pratiques et expériences, la profes-
sion étant beaucoup plus structurée en France
qu’elle ne l’est au Qatar.
»
Frédéric Desitter se reconnaît bien dans le réfé-
rentiel métier de l’AMRAE et estime que la certi-
fication du Risk Manager de l’AMRAE, pilotée
par FERMA («RIMAP» pour «RIsk MAnagement
Professional») est un projet capital pour la
reconnaissance de la profession (les premières
certifications devraient être obtenues au 4
e
trimestre 2016). «
Cette certification européenne
doit surtout contribuer à mieux définir la profes-
sion, en précisant ce que recouvrent précisément
le titre de Risk Manager et les compétences qui s'y
attachent. Elle peut être utile pour les emplois à
l'international car beaucoup de pays sont atta-
chés aux certifications.
»
Pour développer les liens avec les autres Risk
Managers du pays, et développer un réseau,
Frédéric Desitter a rejoint un groupe volontaire
placé sous l’égide de l’institution anglaise
l’IRM (Institute of Risk Management) qui se
réunit trois ou quatre fois par an pour partager
les bonnes pratiques et discuter des difficultés
rencontrées dans l’exercice du métier. «
Les
Risk Managers français sont appréciés au Qatar,
car nombre de français y exercent leur talent. Le
Qatar en est au début de la démarche en ERM,
mais elle se développe rapidement car il y a une
vraie volonté de la mettre en place. Il y a, d’ail-
leurs, de plus en plus de conférences et de sémi-
naires sur le sujet.
»
Organization Chart Enterprise
Risk Management Division
CEO
General Counsel
Director of Enterprise
Risk Management
Executive Assistant
Corporate Risk
Management Officer
Corporate
Insurance Officer
Corporate Business
Continuity
Management Officer
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°8 I
MARS 2016
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MÉTIER RISK MANAGER
RISK MANAGER À L’INTERNATIONAL