FRÉDÉRIC DESITTER, DIRECTEUR DE L’ERM,
SIDRA MEDICAL AND RESEARCH CENTER AU QATAR
PARCOURS D’UN
PIONNIER DE L’ERM
Frédéric Desitter est tombé dans la marmite de l’ERM il y a 18 ans. Si ce « pionnier » du
Management des Risques travaille aujourd’hui à l’international, au Qatar, c’est dans des
secteurs très variés en France qu’il a appris son métier et aiguisé ses armes de Risk Manager.
A
près dix années passées au sein du
groupe Bouygues à différentes fonc-
tions opérationnelles puis managé-
riales, Frédéric Desitter amorce son
premier virage vers le Risk Management
en 1997, en rejoignant le cabinet anglais Euro Log,
spécialisé dans la gestion des risques de projets, et
qui souhaitait ouvrir un bureau en France. Une expé-
rience riche qui dura sept ans, à une époque où la
notion même de Risk Management commençait tout
juste à poindre en France. «
J’ai beaucoup travaillé
pour le groupe Total. Ma mission consistait à poser les
jalons d’une démarche de management de risques
sur les grands projets de développement pétrolier du
Groupe en offshore profond, dont les premiers à cette
époque étaient situés en Angola
». Cette démarche, le
groupe industriel l’a ensuite reprise pour l’ensemble
de ses projets de développement.
De 2004 à 2008, il œuvre au sein de la branche
transport du groupe Alstom, une structure, encore
une fois, dépourvue d’approche structurée sur le
Management des Risques au niveau des grands
projets «clés en main» (train, métro, tramway)
dans le monde.
L’EXPÉRIENCE ADP
C’est chez Aéroports de Paris (ADP) que Frédéric
Desitter orchestrera une démarche ERM complète
car globale. Lorsqu’il rejoint l’entreprise en 2008,
samission consiste à créer une approchedegestion
des risques au niveau Corporate, dans le cadre
d’une démarche ERM. «
Cette approche compre-
nait la gestion des risques, la gestion de crise, la
continuité d’activité, la sécurité des systèmes d’in-
formation et la sécurité globale de l’entreprise
».
Après avoir élaboré une première cartographie des
risques, son équipe est en charge de faire en sorte
que cette approche se diffuse dans l’ensemble des
structures organisationnelles et fonctionnelles.
«C
e travail de fond nous a pris trois ans. Nous avons
commencé par une démarche top down pour aboutir
à une approche bottom up en travaillant avec
chacune des entités
». Un outil de Governance Risk
and Compliance a été mis en place puis utilisé par
l’ensemble des entités. En plus de cette démarche
ERM, son rôle consistait également à faire en sorte
que les éléments venant du contrôle interne et
de l’audit soient bien liés aux risques que devait
couvrir l’entreprise. «
Cette démarche a permis de
fournir au Board une certaine forme d’assurance sur
la gestion des risques, d’autant que cela correspon-
dait à la mise en œuvre de la directive européenne
de 2008 relative au contrôle interne et à la gestion
des risques dans les sociétés cotées
». Ce chantier,
Frédéric Desitter et son équipe l’ont mené étroite-
ment en lien avec le Top Management.
Frédéric Desitter,
Directeur de l’ERM, Sidra Medical
and Research Center au Qatar
Par Sophie Bougeard
«Aujourd’hui si une
entreprise ne prend pas
en compte ses risques pour
prioriser ses ressources
ou définir sa stratégie,
la gestion des risques
demeure un simple exercice
de compliance théorique. »
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°8 I
MARS 2016
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MÉTIER RISK MANAGER
RISK MANAGER À L’INTERNATIONAL