L
a mise en place de Solvabilité II, avec ses trois
piliers et son lot d’obligations dûment codifiées
(fonctions clés, rapports écrits…), a conduit
les entreprises à une approche différente de
leurs risques, à se saisir de la problématique
beaucoup plus en amont, et à faire évoluer leurs
processus. «
Nous essayons de partir du plus haut, à
savoir déterminer les grandes orientations de la gouver-
nance. Puis nous voyons leurs déclinaisons en matière
de processus, les acteurs et leur rôle, et comment ces
processus de manière très opérationnelle se déclinent
eux-mêmes en procédures et en modes opératoires. Cela
implique forcément des refontes de process. Ce qui veut
dire pouvoir être structuré, identifier les risques trans-
verses, les risques sur chaque périmètre, donc avoir
une approche par les process qui n’est pas forcément
toujours celle mise en place
», explique Nicolas Dufour.
«
Avec le Pilier II, il est important d’avoir des processus
qui se déploient pour gérer les risques opérationnels et
aussi garantir dans l'entreprise une traçabilité satisfai-
sante. L'entreprise doit complètement intégrer dans ses
décisions à tous les niveaux l’analyse des risques, établir
le couple rendement/risque et le traduire de manière
documentée dans la vie de l'entreprise
», ajoute Renaud
Bruneteau en charge des risques, du contrôle interne
et de la conformité chez Humanis. «
Dans le cadre de
notre modèle interne, nous collectons les incidents et les
pertes opérationnelles enregistrés chaque année dans
toutes les entités du groupe. Nous regardons l’ensemble
de nos process opérationnels et nous en déterminons les
faiblesses. Nous scénarisons sur la base de cette revue,
pour obtenir un montant de capital à mettre face de ces
risques, surtout pour dresser une hiérarchie des risques
opérationnels en affectant un coût à chacun de ces
risques
», détaille Alban de Mailly Nesle.
UNE NOUVELLE FONCTION
QUI SE CHERCHE UN NOM…
Si les réassureurs ont depuis longtemps une direction
des risques dont le responsable est hiérarchiquement
rattaché au plus haut niveau de l’entreprise, la situa-
tion est en revanche plus contrastée dans les autres
entreprises du secteur : «
les bancassureurs, du fait de
l’antécédent Bâle II, sont plus matures sur le sujet et le
détenteur de la fonction risque a souvent par exemple à
sa disposition des mécanismes d’escalade vers le board.
Les grands assureurs se sont ensuite engagés dans ces
démarches
», précise Jimmy Zou. Quant à la dénomina-
tion «Risk Manager » pour désigner le responsable de
UNE APPROCHE HOLISTIQUE
DES RISQUES
Renaud Bruneteau,
en charge des risques, du
contrôle interne et de la
conformité, Humanis
QUE DIT LA DIRECTIVE SOLVABILITÉ II ?
Sur les 312 articles, le 44 (Gestion des risques) et le 45 (Évaluation interne des risques et de la solvabilité) concernent directement la
problématique des risques.
Ainsi dans l’article 44, il est spécifié que «
les entreprises d’assurance et de réassurance mettent en place un système de gestion des risques
efficace, qui comprenne les stratégies, processus et procédures d’information nécessaires pour déceler, mesurer, contrôler, gérer et déclarer, en
permanence, les risques, aux niveaux individuel et agrégé, auxquels elles sont ou pourraient être exposées ainsi que les interdépendances entre
ces risques. Ce système de gestion des risques est efficace, parfaitement intégré à la structure organisationnelle et aux procédures de prise de
décision de l’entreprise d’assurance ou de réassurance et dûment pris en compte par les personnes qui dirigent effectivement l’entreprise ou qui
occupent d’autres fonctions clés ».
Mais aussi que
« les entreprises d’assurance et de réassurance prévoient une fonction de gestion des risques,
qui est structurée de façon à faciliter la mise en œuvre du système de gestion des risques
».
Et dans l’article 45 : «
l’évaluation interne des risques et de la solvabilité fait partie intégrante de la stratégie commerciale et il en est tenu
systématiquement compte dans les décisions stratégiques de l’entreprise
».
«On ne peut pas prendre
de décisions stratégiques,
financières marketing,ou
commerciales, sans avoir
intégré une analyse de
risques et essayé d'avoir
éclairé les conséquences
de cette décision. »
Renaud Bruneteau, en charge
des risques, du contrôle interne
et de la conformité, Humanis
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
19
DOSSIER
SOLVABILITÉ II