S
i, comme le souligne François Malan, Vice-
Président de l’AMRAE et modérateur de cet
atelier, le Risk Manager est «
désormais
reconnu et bien implanté dans les entre-
prises
», le futur réserve bien des défis. Non
seulement la digitalisation fait émerger de nouveaux
business models, dont certains ne font interagir que
des individus, mais elle induit aussi une telle frag-
mentation des processus que l’entreprise devient
plus dépendante de l’extérieur pour la conception,
le financement, etc. Le contrôle de cet écosystème
devient un enjeu majeur, estime Martin Richer, fonda-
teur de Management & RSE et consultant : «
C’est sur
lui que reposera la valeur et les talents seront attirés et
récompensés en capital, à charge pour eux de le valo-
riser, comme c’est déjà le cas dans quelques start-up
de la Silicon Valley.
» Ce paradigme nouveau modifie la
configuration des risques, ajoute Martin Richer : «
Ils
seront plus concentrés, les interdépendances rendront
l’entreprise plus vulnérable, les risques liés à la réputa-
tion et à l’éthique prendront plus d’importance.
»
Comment s’adapter ? Alexis Beguin,
Risk & Insurance Manager de Vale,
estime indispensable une montée en
puissance stratégique et opération-
nelle : «
Le Risk Manager devra s’adapter
aux besoins de l’entreprise mais aussi
être en mesure d’influencer ses déci-
sions. Vis-à-vis de l’extérieur, il devra
assumer un rôle plus important auprès
des assureurs et des réassureurs mais
aussi évoluer vers un management plus
participatif.
» Tout en postulant l’émer-
gence d’émules d’Uber dans l’assu-
rance, il s’oppose à une vision linéaire
du métier : «
Il faut pratiquer le Risk
Manager sous différentes formes, cour-
tier, assureur ou autre, et ainsi affiner
la capacité d’anticipation indispen-
sable pour bien gérer les revirements de
conjoncture.
»
DEVENIR UN AMBASSADEUR DE LA FONCTION
Appelant de ses vœux une réduction de l’incertitude
juridique actuelle et le recours immédiat aux avocats,
déstabilisants et générateurs de coûts, Alexis Beguin
suggère aussi aux futurs Risk Managers de bien gérer
leur temps pour garder la maîtrise des évènements.
Mission impossible ? Pas pour ceux qui savent jouer
plusieurs rôles : «
Pour gérer une complexité croissante
et une accélération permanente, le
Risk Manager devra avoir l’âme d’un
architecte, d’un entrepreneur, d’un
médecin et d’un sportif !
»
Un tel degré d’habileté ne sera
pas de trop car la place du Risk
Manager en entreprise est encore
en devenir, rappelle Martine
Bournerias, Associée du cabinet
Progress : «
Il lui reste à trouver
un positionnement vis-à-vis de la
direction financière ou de l’audit,
faire reconnaître son expertise à un
niveau plus global, attirer les jeunes
talents et les former.
» Une évolu-
tion récente peut aider les Risk
Managers : l’intérêt croissant des
membres des conseils d’adminis-
tration pour leur expertise : «
Les
administrateurs souhaitent de plus en plus analyser les
plans d’action en fonction des risques encourus.
» Pour
tirer parti de cet atout, encore faudra-t-il développer
certaines capacités : «
Le Risk Manager devra être plus
négociateur, pédagogue, savoir partager sa vision avec le
COMEX et devenir un ambassadeur de la fonction au-delà
de l’entreprise.
»
PROSPECTIVE
LE RISK MANAGER DE DEMAIN :
UN CHEF D’ORCHESTRE AU CŒUR DE LA STRATÉGIE
Dans un environnement toujours plus incertain, le Risk Manager peut devenir un acteur stratégique à trois conditions :
partager sa vision avec le COMEX, maîtriser la complexité en pilotant des expertises et… gérer le stress.
Martin Richer,
fondateur de Management
& RSE et consultant
François Malan,
Vice-Président de l’AMRAE
Alexis Beguin,
Risk & Insurance Manager
de Vale
Martine Bournerias (Progress)
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°8 I
MARS 2016
38
« Le Risk Manager devra être
plus négociateur, pédagogue,
savoir partager sa vision
avec le COMEX et devenir un
ambassadeur de la fonction
au-delà de l’entreprise. »
Martine Bournerias,
Associée du cabinet Progress
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RENCONTRES DU RISK MANAGEMENT