PRODUITS ET SERVICES
SEPT ASSUREURS AU BANC D’ESSAI
Sept assureurs ont accepté de décrypter leur offre (Allianz, Axa,
Generali, MMA, XL Catlin, SMA et le courtier Marsh). Si l’analyse des
grilles montre une certaine homogénéité dans les risques couverts,
les capacités, ainsi que les exclusions et les franchises, diffèrent.
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correspondent à la réalité du marché. Et de commenter : «
On remarque
que certaines activités de niche sont un peu délaissées par les grands
acteurs traditionnels, comme la DO particuliers, pour laquelle leur
appétence n’est pas très grande compte tenu de la sinistralité, ou bien
les garanties financières, sur lesquelles le marché historique ne se
positionne pas spontanément. En refusant de couvrir certains risques,
le marché a laissé la porte ouverte à des acteurs étrangers, qui en
profitent
».
Un constat partagé par Philippe Onteniente pour qui les parts de
marché laissées vacantes par les assureurs traditionnels sont occu-
pées peu à peu par de nouveaux entrants, notamment sur la cible des
artisans et des particuliers. «
Ces acteurs innovants tentent de trouver
des avantages concurrentiels et de créer le besoin en proposant des
packages proches de l’affinitaire, sur un marché construction très guidé
par le prix. Reste à savoir si l’équation financière leur permettra de tenir
dans le temps
», s’interroge l’expert de Siaci Saint Honoré.
Parmi les nouvelles couvertures qui commencent aussi à faire leur
apparition sur le marché, citons la garantie « permis de construire »,
non présente dans notre grille, qui est proposée notamment par la
D>2 3EP et le \PrRW de =o]dreb Po] de r _o]dre Pd rXb`de d¬P]]d-
lation du permis de construire par un tiers, particulièrement gênant
pour les promoteurs… «
Même si ses résultats techniques varient d’une
année à l’autre, le marché français de l’assurance construction est un
marché mature, qui répond à 95 % des besoins des clients. Pour autant,
au-delà des garanties classiques, et face à la concurrence croissante des
acteurs étrangers (anglo-saxons, lettons…), ils cherchent à se renou-
veler pour proposer à leurs clients des services et garanties adaptées à
l’évolution des usages et des exigences. C’est le cas par exemple de la
garantie de revente, arrivée récemment sur le marché
» explique Claude
Noël, Directeur Développement Construction de Gras-Savoye.
LES ENJEUX ACTUELS ET À VENIR
Interrogés sur les enjeux du marché de la construction pour les
années à venir, les courtiers se montrent prolixes. Décrets d’appli-
cation concernant les travaux de remise aux normes des bureaux,
nouvelles normes en matière d’attestations d’assurance, désormais
plus cadrées et donc plus lourdes à gérer sur le plan administratif et
organisationnel… Pour Claude Delahaye chez Verspieren, le risque de
non-atteinte ou de défaut de performance énergétique d’un bâtiment
est un des principaux risques à prendre en compte par les assu-
reurs. «
Les dispositifs actuels répondent imparfaitement aux enjeux
de l’article 1792 du code civil. Le marché doit donc bâtir des garanties
contractuelles pour ces nouveaux risques, même s’ils restent encore très
théoriques puisqu’aucun sinistre suffisamment significatif n’a encore
eu lieu
».
Un avis que ne partage pas complètement Jean Rondard, Head of Risk
Management de Gras Savoye : «
il y a effectivement eu un débat sur
la couverture de la performance énergétique des bâtiments, mais le
marché a su bien gérer ce virage, et cela a rassuré les professionnels de
la construction, qui savent désormais que les assureurs seront là pour
les accompagner dans les évolutions qui les attendent, notamment avec
les bâtiments connectés. Le BTP est un secteur très innovant et nous
avons la chance en France d’avoir sur notre sol des leaders mondiaux
».
De fait, les process de construction sont en pleine révolution. Avec
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bâtiments, mais aussi de nouvelles attentes de services de la part
des utilisateurs, «
de nouveaux usages vont apparaître et les assureurs
devront suivre ces évolutions pour accompagner au mieux les profession-
nels du secteur…
» estime Philippe Onteniente. « L
es villes connectées
et les smart buildings vont obliger les assureurs à repenser les risques
et les garanties, en intégrant le risque cyber, présent également dans
la construction. Le risque cyber pourrait devenir également une réalité
dans les bâtiments connectés. Mais les perspectives offertes par les IoT
sont aussi positives, avec en ligne de mire une aide à la prévention et
une baisse de la sinistralité… les nouveaux matériaux alliant résistance
et légèreté sont aussi très prometteurs. La construction est un labora-
toire, et les assureurs participent à cette expérience !
».
L’AVIS DE l’AMRAE
Fabrice de Gelas,
Président de la commission Construction
de l’AMRAE
Nous faisons les mêmes constats que les professionnels du sec-
teur. Un marché plutôt globalement dynamique voire concurren-
tiel dans le domaine de l’assurance des risques du bâtiment avec
des capacités et des acteurs plus nombreux (nouveaux ou qui se
repositionnent), ce qui se traduit par une compétitivité des prix
pratiqués. Un marché qui ne connaît pas la même orientation
dans le domaine du génie civil et qui n’évolue pas réellement
dans ce secteur. Un marché qui se trouve dorénavant
confronté à l’enjeu essentiel d’apporter des solutions
face à l’émergence de risques nouveaux et de plus
en plus complexes et où il existe une forte
attente des assurés.
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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°13 I
ÉTÉ 2017