PRODUITS ET SERVICES
Dans un contexte économique dynamique, après des années de marasme lié à la crise écono-
mique et au ralentissement du rythme des constructions, le secteur du BTP a plus que jamais
besoin des assureurs pour couvrir les risques inhérents à son activité. Toujours présents, les
assureurs traditionnels voient arriver (ou revenir) des acteurs appétents sur un marché en
pleine évolution technologique et réglementaire.
RISQUES CONSTRUCTION
LA REPRISE DU SECTEUR ATTIRE
DE NOUVEAUX ENTRANTS
Par Aurélie Nicolas
L
e secteur de la construction est un marché qui touche un
grand nombre d’acteurs : architectes, bureaux d’études,
constructeurs, fabricants, promoteurs, exploitants… Tous ces
professionnels ont été impactés à leur échelle par le ralentis-
sement de l’activité qu’a connu le secteur à partir de 2008.
«
Nous avons assisté à un mouvement de fond, avec un phénomène de
report des gros acteurs du BTP sur les chantiers moyens et des PME sur de
plus petits chantiers. Dans le même temps, les 10 premiers du BTP se sont
vraiment ouverts à l’international pour aller y chercher des leviers de crois-
sance, modifiant leur exposition au risque
», estime Philippe Onteniente,
Directeur du département Construction et Énergie chez Siaci Saint
Honoré. «
De leur côté, les assureurs ont dû s’adapter à cette baisse du
nombre de chantiers en France (-15 %) et donc de la matière assurable,
alors même que la fréquence des sinistres ne diminuait pas, compte tenu
du délai d’inertie. Le ratio S/P s’est donc détérioré durant cette période
de crise
».
«
Pour autant, durant cette période difficile, les assureurs historiques
sont restés positionnés et ont continué à accompagner leurs clients. La
construction reste un gros pourvoyeur de chiffre d’affaires et le marché
n’a jamais vraiment perdu son appétit
», précise Nathalie Dautry,
Directeur du Département Entreprise & Construction de Gras Savoye.
APRÈS LA CRISE, LE DYNAMISME
À l’heure actuelle, le marché de l’assurance construction (2,5 milliards
d’euros de primes d’assurances à l’année, contre 18 milliards d’euros
pour l’automobile) reste encore l’apanage de grandes compagnies
d’assurance françaises, même si en termes de distribution, le réseau
du courtage capte une grande partie de l’activité.
Sur ce marché complexe, on distingue d’un côté les risques liés à
l’activité, notamment la RC décennale, très encadrée par la réglemen-
tation, qui ont été peu impactés par la crise, avec un marché plutôt
stable, tant en nombre d’acteurs qu’en niveau de primes. Et de l’autre
côté, les risques d’activité, pour lesquels les réponses des assureurs
dépendent plus des besoins du marché. Historiquement, le cœur
de métier des assureurs sur ce segment est le contrat Tous Risques
Chantier, complété ensuite par la Dommages Ouvrage (DO) et la police
unique de chantier.
«
En 2010, le marché était particulièrement fermé, avec une raréfaction de
l’offre importante et des taux de prime élevés. À l’époque, une garantie
DO promoteurs pouvait atteindre un taux de 2,20 %, contre 1 % en
moyenne aujourd’hui
», explique Claude Delahaye, Directeur Immobilier,
Construction et Développement durable chez Verspieren. Et d’ajouter :
«
Avec la reprise progressive du marché à partir de 2015 et le regain d’op-
timisme chez les professionnels du bâtiment, c’est sur ce segment que
la concurrence est la plus forte. Les primes diminuent et le marché est
en surcapacités : certains assureurs, qui avaient arrêté de proposer de la
DO, se repositionnent aujourd’hui, comme L’Auxiliaire. On voit également
arriver de nouveaux entrants, comme Helvetia et CNA, ainsi que plusieurs
assureurs étrangers pratiquant en Libre Prestation de Services, ce qui pour-
rait soulever à terme des problématiques de solvabilité…
».
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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°13 I
ÉTÉ 2017