MÉTIER RISK MANAGER
RISK MANAGER À L’INTERNATIONAL
mobiles, responsabilité civile…) et les réviser
plusieurs fois par an. Inutile toutefois de
compter sur lui pour céder au syndrome de la
nouveauté : «
Oui, il y a des cyber risques et des
attaques terroristes,
concède-t-il.
Mais la réalité
est que 80 % des risques ont une nature tradi-
tionnelle et sont couverts par des assurances
».
Stéphane Cossette n’est pas pour autant un
partisan de la cartographie des risques, un
processus qu’il estime «
stérile
» car principale-
ment axé sur la redditionde compte : «
L’essentiel
est d’inculquer la conscience des risques
». Un
travail doit être effectué auprès de plusieurs
acteurs. D’abord auprès des preneurs d’affaires
pour qu’ils quantifient les risques pris… mais
aussi à prendre. Les vendeurs figurent parmi
les populations auxquelles il prête une grande
attention. Pour se prémunir contre toute dérive,
Stéphane Cossette est leur interlocuteur incon-
tournable dès qu’ils envisagent un changement
des clauses contractuelles…
DÉBUSQUER LES «VRAIS RISQUES»
Les décisions managériales sont aussi un
terrain privilégié de découverte des «
vrais
»
risques. Il se rappelle particulièrement l’achat
d’un terrain. Plusieurs propositions étaient
en lice, dont un espace comportant un cours
d’eau. «
Là où le décideur ne voit qu’un ruis-
seau, mon rôle est de lui fournir l’étude hydro-
graphique ainsi qu’un état des constructions
environnantes afin qu’il mesure toutes les
dimensions du risque si un incident survient sur
l’ouvrage projeté
», précise Stéphane Cossette.
L’assurance sert trop souvent de solution de
facilité, estime-t-il : «
C’est un danger de tenir
un discours qui minore un risque au motif qu’il
est assuré. C’est d’autant plus dangereux si le
risque génère un tort irréparable. Dans le cas
du risque de réputation, l’entreprise s’expose
à une brusque réduction, voire à une cessa-
tion, de son activité. Aucune assurance ne peut
compenser cela.
»
Pour mener à bien cette sensibilisation perma-
nente, il visite chaque année une cinquantaine
de sites et mène autant d’entretiens. «
Il faut
créer des liens de communication afin d’être
alerté en amont et de pouvoir apporter une
recommandation utile. Le pire est de devenir un
obstacle qui doit être évité. Il faut être un facili-
tateur
». Un rôle qui lui est largement reconnu
puisqu’il participe aussi aux processus de
fusions/acquisitions en plus de son rôle conseil
auprès des comités de direction.
QUI DOIT PORTER LES RISQUES ?
Dans les contrats entre Quebecor Media et
ses partenaires, Stéphane Cossette prône un
«
transfert efficient
» des risques entre parties
prenantes. Pour autant, il s’insurge contre les
mécanismes basés sur les rapports de force
qui font porter les risques les plus importants
sur le contractant le plus faible. «
C’est une
erreur ! Il ne faut jamais oublier que transférer
les risques, c’est aussi transférer les profits !
».
Chaque année, il rencontre aussi ses assureurs :
FM Global, Allianz, AIG, QBE et Lloyds, pour les
éclairer sur les risques assumés par le Groupe.
Mais alors, au final, qui doit porter le risque ?
«
Celui qui peut au mieux le contrôler
»,
résume-t-il. Et de regretter l’attitude si
répandue des grands acteurs économiques,
toujours si prompts à vouloir faire porter les
risques par leurs fournisseurs. «
C’est une stra-
tégie non optimale car cela revient à décorréler
la gestion du risque des acteurs qui peuvent le
mieux le contrôler.
» Sa philosophie associe au
contraire risque et profit. «
Celui qui a le risque
a aussi le profit. Mais la décision revient au
comité de direction qui doit se demander quels
risques l’entreprise doit garder. Pour moi, la
réponse est claire : les risques payants.
»
NE PAS PRENDRE DE RISQUES ?
ATTENTION, DANGER !
Stéphane Cossette rappele qu’il existe aussi
un autre danger, souvent méconnu : l’insuf-
fisance de prise de risques. Lors de la mise
aux enchères du spectre d’ondes nécessaire
pour créer un réseau de téléphonie cellulaire,
acheter la licence exigeait de débourser 700
millions de dollars canadiens. «
Sans cette
licence, il était impossible d’avoir des clients,
se rappelle Stéphane Cossette.
Pour autant,
fallait-il prendre un tel risque ? Nous avons
renversé la perspective et nous nous sommes
projetés dans le futur
». Il est alors apparu que
la pérennité de Quebecor allait de pair avec
cet investissement et que ce risque valait la
peine d’être pris.
De cette carrière déjà bien remplie, il a tiré
une philosophie : «
La gestion de risque est
plus qu’une profession, c’est un point de vue.
En tant que courtier, assureur ou gestionnaire
de risque, il faut garder à l’esprit que le but
n’est pas de fuir les risques, mais bien de les
gérer afin de pouvoir en prendre plus
».
« En tant que courtier, assureur ou gestionnaire
de risque, il faut garder à l’esprit que le but n’est
pas de fuir les risques, mais bien de les gérer afin
de pouvoir en prendre plus. »
Pour en savoir plus sur l’AGRAQ, Association des Gestionnaires de Risques
et d'Assurance du Québec, consultez
Atout Risk Manager n°8.
UN RAPPROCHEMENT RÉUSSI AVEC L’AMRAE
Dans le large spectre d’expériences de Stéphane Cossette figure aussi son implication auprès
de l’AGRAQ, le chapitre québécois de RIMS. Lorsqu’il en était président, de 2014 à 2016, il a
travaillé avec Marc de Pommereau et Gilbert Canameras afin de créer des rapprochements
professionnels entre les membres de l’AMRAE et leurs homologues du Québec. Une démarche
qui a débouché sur l’adhésion de l’AGRAQ au club Francorisk.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE
I N°12 I
MARS 2017
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