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VEILLE ET POSITION

Vienne dispose toujours que «

tout conducteur doit constamment avoir

le contrôle de son véhicule

», et d’autre part, l’article R.412-6 du Code

de la route prévoit que «

tout véhicule en mouvement ou tout ensemble

de véhicules en mouvement doit avoir un conducteur (…) Tout conduc-

teur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commo-

dément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent

».

Or, la définition du «

conducteur

» – notion la plus utilisée et visée dans

le Code de la route – est absente de ces textes alors qu’elle est primor-

diale puisqu’elle détermine notamment l’imputabilité de la plupart des

infractions au Code de la route et l’éligibilité de l’indemnisation des

dispositions de la loi Badinter du 5 juillet 1985.

Pour la jurisprudence, la qualité de conducteur implique que ce dernier

agisse sur les organes de direction et de commandes. C’est donc la

participation active ou non de l’usager de la route dans le contrôle du

véhicule qui détermine sa responsabilité. Si ce dernier perd la qualité

de conducteur au sens de la loi et de la jurisprudence, l’applicabilité

de la loi Badinter aux véhicules autonomes impose que soient respon-

sables en cas d’accident d’autres protagonistes, comme le construc-

teur et/ou le fabricant dès lors que la technologue embarquée a eu un

rôle causal dans la survenance de l’accident.

Les assureurs anticipent d’ores et déjà un transfert de la responsabilité

du conducteur vers celle du constructeur du véhicule afin de garantir le

droit à indemnisation des victimes.

Pour autant, et surtout pendant la période de coexistence des diffé-

rents types de véhicules, se posera systématiquement la question de

savoir si l’occupant a ou non repris le contrôle de son véhicule à un

moment charnière et si son action ne serait pas en définitive la cause

de l’accident ou de son aggravation comme cela a été rapporté sur l’un

des «

incidents

» impliquant la Google Car. Dans cette hypothèse, la

participation active du conducteur à la réalisation de l’accident serait

de nature à exonérer les autres protagonistes de leur responsabilité.

Aussi, pour faciliter le traitement des questions de responsabilités en

cas de sinistre, d’aucuns préconisent la généralisation de l’Event Data

Recorder (EDR), une sorte de boîte noire – qui enregistre notamment

les changements soudain de vitesse, les défaillances du moteur, etc. - à

la condition toutefois de s’assurer de la communication sans entrave

des informations recueillies à toutes les parties impliquées.

Les nouveaux modèles d’assurance automobile devront donc répondre

à l’évolution du système de responsabilité induit par ce nouveau mode

de conduite.

FACE À LA RÉALITÉ DES CYBER RISQUES,

DES RÉPONSES EN COURS D’ÉLABORATION

Les nouvelles générations de véhicules et

a fortiori

les véhicules auto-

nomes ont besoin de capter, analyser, comprendre leur environnement

ce qui nécessite leur connexion permanente à des éléments extérieurs

par des systèmes embarqués, des assistants de navigations ajoutés (GPS)

voire des smartphones, comme c’est le cas avec l’application WAZE.

La prise de contrôle à distance d’une Tesla Model S par des chercheurs

chinois démontre que la cybersécurité automobile est un enjeu central

pour le développement des systèmes de conduite autonome. En effet, les

capacités de connexion (Bluetooth, Wifi, GSM) de la voiture connectée

ouvrent des brèches de sécurité qui permettent de s’emparer à distance

des commandes de pilotage, ce qui pourrait engendrer des accidents

graves. En juillet 2015, deux experts américains ont ainsi piraté, dans

des circonstances exceptionnelles, une Jeep Cherokee, éteignant, entre

autres, le moteur en plein milieu de l’autoroute.

Le risque est donc réel et les constructeurs vont devoir s’adapter. Chez

PSA, une cellule d’experts en cybersécurité participe au développement

des systèmes, conduit des analyses de risque et des tests d’instruction.

Fiat a lancé un programme qui accorde des récompenses pour les hackers

qui mettent des failles en lumière. Volkswagen va créer avec des experts

israéliens une entreprise spécialisée en cybersécurité automobile.

L’industrie automobile cherche ainsi à appréhender au mieux les risques

de cyberattaque visant à prendre le contrôle de la navigation à distance

puisqu’à la différence d’autres objets connectés, de tels phénomènes

peuvent avoir des conséquences directes sur la vie des personnes trans-

portées, et plus généralement de cybercriminalité.

De leur côté, pour faire face à ce type de risques, les assureurs devront

ajuster leur position de garantie et leurs offres de police d’assurance.

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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°12 I

MARS 2017