Table of Contents Table of Contents
Previous Page  53 / 84 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 53 / 84 Next Page
Page Background

MÉTIER RISK MANAGER

RETOUR D'EXPÉRIENCE

«

Après les attentats, nous avons connu une importante

désaffection sur nos villages en Turquie et au Maghreb,

et nous avons réduit la période d’ouverture de Djerba

»,

confie de son côté Morgane Pourchet, Directrice Risques

et Assurances du Club Med. «

Nous essayons d’optimiser

nos vols charters, qui évitent les correspondances dans les

capitales plus exposées et dans lamesure du possible, nous

faisons preuve de souplesse en proposant d’autres desti-

nations à nos voyageurs. Au total, notre chiffre d’affaires a

baissé de 30 à 40 % sur les destinations sensibles

».

DES ASSUREURS PLUS FRILEUX

ET PLUS REGARDANTS

Dans ce contexte particulier, les sociétés de loisirs et

d’événementiels se sont rapprochées de leurs assureurs.

Si les premières disposent généralement de contrats

d’assurance à l’année et n’ont vu pour l’instant que peu

de changements lors des renouvellements (parfois une

légère hausse de primes ou l’apparition de franchise),

les sociétés d’événementiel qui s’assurent de façon

temporaire, événement par événement, sont en revanche

confrontées depuis 18 mois à une réelle frilosité des assu-

reurs, qui ont considérablement durci leurs conditions de

souscription et n’ont pas hésité à augmenter leurs primes.

Les difficultés ne portent pas sur l’assurance des

dommages matériels en cas d’attentats sur

le site, réassurés par l’intermédiaire du

GAREAT. En revanche, pour couvrir

la RC organisateur (risques aux

tiers), les dommages immatériels

et les pertes d’exploitation, c’est

plus difficile. Et Olivier Porte de

confirmer : «

Depuis les attentats,

les assureurs sont plus réticents et

travaillent plus en co-assurance.

Pour les petits et moyens événements,

ils proposent des pleins de garanties

entre 3 et 10 millions d’euros. Au-delà,

nous montons des programmes d’assurance

mixte avec des assureurs londoniens

».

Il en est de même pour la garantie annulation d’évé-

nements (intempéries, incendie, lieu indisponible…),

dans laquelle les assureurs excluent désormais l’attentat

et ne le proposent qu’en «

extension de garantie

», afin

d’analyser chaque événement au cas par cas. La garantie

annulation est très prisée par les organisateurs d’événe-

ments, autant pour ne pas imputer leur bilan que pour

soigner leur image de marque. «

Avec les attentats, les

organisateurs ont pris la mesure de l’intérêt de souscrire

une assurance annulation

», confirme l’UNIMEV. «

Mais

le marché souffre actuellement d’un effet ciseau (plus de

demande mais moins d’offre de la part des assureurs en

retrait). La garantie ”Attentat” qui était souvent ”France

entière” ne s’applique désormais plus que dans un péri-

mètre restreint, allant de 500 m à 50 km autour du lieu

de l’événement assuré. Certains assureurs continentaux

ou du marché anglais continuant toutefois de la proposer

sur la France entière, à des tarifs forcément plus élevés

»,

précise Olivier Porte. La date d’annulation par rapport

à la date de l’événement joue également sur la couver-

ture, tout comme le fait déclencheur de l’annulation de

l’événement, qui ne doit pas être le fruit d’une décision

unilatérale de l’organisateur mais faire suite à un retrait

d’autorisation par les autorités publiques, comme cela a

été le cas après les attentats du Bataclan.

LES PLANS DE GESTION DE CRISE

À L’HONNEUR

Néanmoins, une des conséquences «

positives

» du

contexte terroriste actuel est d’avoir remis à l’honneur

les plans de gestion de crise, souvent délaissés

ou informels. Ceux qui n’en avaient pas se

sont mis à y réfléchir, tandis que les

plus avancés en ont profité pour les

réajuster ou les compléter par des

plans de continuité et une forma-

tion spécifique du personnel.

«

Au Club Med, la sécurité est un

préalable incontournable syno-

nyme de sérénité et tranquillité

d’esprit. Nous travaillons avec les

autorités locales, les ministères

des affaires étrangères et le RAID, en

effectuant des audits sécurité réguliers

sur nos sites. Depuis la vague d’attentats,

nous avons renforcé nos plans de gestion de crise, en

partenariat avec Europ Assistance

», confirme Morgane

Pourchet. La plupart des professionnels reconnaissent

ainsi que les plans de gestion de crise sont désormais

plus intégrés, avec au final pour tous plus de synergies

entre les acteurs, les assureurs, les assisteurs et les

pouvoirs publics. 

Morgane Pourchet,

Directrice Risques

et Assurances, Club Med

LE CHIFFRE 

Le coût de l’assurance

annulation pour un événement

d’un million d’euros est passé

de 1 % du budget

à

2

ou

3 %

depuis

les attentats.

53

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°11 I

DÉCEMBRE 2016