MÉTIER RISK MANAGER
RETOUR D'EXPÉRIENCE
«
Tout peut arriver, il faut être préparé au pire
».
C’est à peu près dans ces termes que les Risk
Managers des sociétés de loisirs voient actuel-
lement le risque terrorisme. Après les attentats
du Bataclan, du Stade de France et plus récem-
ment de Nice, les rassemblements festifs sont clairement
désignés comme des cibles potentielles. Qu’il s’agisse
de concerts, de manifestations sportives, de parcs d’at-
tractions ou de villages de vacances, toutes les parties
prenantes ont dû adapter leur politique de gestion des
risques dès le début de la vague d’attentats de 2015.
«
Le métier vivait déjà à l’unisson du climat social et des
risques politiques, aujourd’hui il faut rajouter la dimen-
sion terroriste
», estime ainsi un Risk Manager.
DES MESURES DE SÉCURITÉ COÛTEUSES
Première conséquence directe des attentats : le renfor-
cement des investissements de sécurisation des sites
(en millions d’euros pour les grands groupes) et des
mesures de protection et de sécurité. Bien perçues par
la clientèle qui se sent rassurée, elles prennent la forme
de fouille des sacs à l’entrée, de passage au détecteur
de métaux voire de fouille corporelle. Elles sont bien
entendu adaptées en fonction du nombre de specta-
teurs attendus, de la typologie de l’événement et de son
emplacement géographique (avec dans l’ordre Paris, la
région parisienne, les 10 plus grandes villes de France et
enfin le reste du territoire).
Compte tenu du personnel nécessaire, ces mesures
représentent un surcoût non négligeable pour les orga-
nisateurs, qui peut aller jusqu’à 10 % du chiffre d’af-
faires de l’événement selon l’UNIMEV (Union Française
des Métiers de l'Événement). Mais ces contrôles sécu-
ritaires sont aussi la condition de tenue de l’événe-
ment. De fait, pour obtenir l’autorisation de la préfec-
ture, les organisateurs ont l’obligation de mettre en
place un dispositif de sécurité tenant compte de l’état
d’urgence, en partenariat avec les forces de l’ordre
présentes le jour J, pour lesquelles ils doivent verser
une participation financière. «
Si l’état d’urgence dure
trop longtemps, certains événements de petite taille ne
pourront plus avoir lieu, car les organisateurs n’auront
plus les moyens de financer les dispositifs de sécurité
»,
prévient Olivier Porte, Directeur Sports, Événements &
Fine Art et Directeur Technique Affinitaire et Spécialités
de Gras Savoye.
UNE BAISSE DE FRÉQUENTATION SENSIBLE
Le deuxième impact de la montée du risque terrorisme
est bien entendu une désaffection sensible du public,
constatée dès le lendemain des attentats contre
Charlie Hebdo, mais décuplée après ceux du Bataclan
et de Bruxelles. La baisse de fréquentation des salles
de spectacle, mais également des parcs de loisirs et
complexes hôteliers représente un réel manque à
gagner pour les sociétés concernées. Associé à la
hausse des coûts de sécurité, l’addition commence
à être salée. «
La restitution lourde des médias étran-
gers sur la situation et l'état d'urgence en France a eu
des impacts négatifs sur la fréquentation de la clientèle
étrangère qui se sont chiffrés en centaines de millions
d’euros
», énoncent plusieurs Risk Managers de parcs
de loisirs en France.
RISQUE TERRORISME
REPENSER LA GESTION DES RISQUES
DES ACTIVITÉS DE LOISIRS
Plus d’un an après les attentats du Bataclan, et alors que la menace terroriste reste toujours à son
plus haut niveau sur le territoire national, les sociétés d’événementiel et les structures de loisirs
doivent faire face à ces risques d’un nouveau genre qui impactent durablement leurs activités.
Olivier Porte,
Directeur Sports,
Événements & Fine Art
et Directeur Technique
Affinitaire et Spécialités,
Gras Savoye
Par Aurélie Nicolas
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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I
N°11
I DÉCEMBRE 2016