RETOUR D’EXPÉRIENCE
AVEC LA COLLABORATION DE
Situé à 2,5 km du Rhin, le site de l’équipementier
automobile Faurecia à Marckolsheim (Bas-Rhin)
est également longé par une rivière et traversé
en largeur et sous dalle par une source d’eau
qui se jette dans un étang. Très exposée au
risque inondation, l’entreprise, qui fabrique des
produits insonorisants pour les véhicules, s’est
lancée dans une démarche de prévention pour
optimiser sa résilience.
En février 2015, deux experts d’Allianz (AGCS)
ont audité le site. Après l’étude des cartogra-
phies existantes et la visite des lieux, ils ont
retenu le scénario d’une crue centennale du
Rhin, sans rupture de digues. Avec une hauteur
d’eau de 0,5 mètres maximum sur la surface du
site, les dommages directs et pertes d’exploita-
tion sont estimés à 8 millions d'euros.
«
Sans protection, tout le site serait inondé, souligne
Ludovic Leduc, Ingénieur prévention d’AGCS, en
charge du dossier. Mais comme la crue sera lente, le site a le temps de
se préparer et de se protéger, sous réserve d’application d’un plan d’ur-
gence
». Les accès routiers seront indisponibles pendant la crue et la
décrue. L’entreprise ne pouvant ni se fournir en matières premières,
ni expédier de produits finis, il faut donc arrêter la production, mettre
le site en cocon et le préparer à redémarrer rapidement.
C’est sur la base de ce scénario que des recommandations ont été
faites. Outre l’utilisation des outils déjà en place (murets de réten-
tion et batardeaux sur les façades nord), les protections physiques
vont être renforcées par un muret en façade sud, des batardeaux
sur les entrées du bâtiment de production, des clapets anti-retour
et l’élévation du stockage. Concernant le local sprinkler, en partie
inondable, il doit être étanchéifié.
Par ailleurs, l’une des principales recommandations est la mise en
place d’un plan d’urgence inondation (PUI), en cours de rédaction.
Il définit trois phases.
Avant l’inondation.
L’équipe doit, entre autres, vérifier les barrières
de protection et le matériel de nettoyage, nettoyer les lits des cours
d’eau, déclencher la mise en protection du bâtiment de production
et le plan de continuité d’activité, auquel des séquences spécifiques
au risque inondation vont être ajoutées.
Pendant l’inondation.
L’objectif est de maintenir les protections
et de respecter les principes de prévention. «
On peut empêcher
l’eau d’entrer, résister ou céder, en la guidant. Ici, on évite et on
résiste puisque la hauteur d’eau le permet
», explique Ludovic
Leduc. Les équipiers de seconde intervention (ESI) du site, formés
pour réagir face à l’incendie ou au déversement accidentel, le
seront aussi pour l’inondation. «
Ils trouveront à leur point de
rassemblement des fiches réflexes inondation, le matériel d’obtu-
ration pour éviter les remontées d’eau et les moyens nécessaires
au nettoyage
», détaille Charlène Dorsch, Coordinatrice HSE. Les
managers du site doivent également penser à assurer la sécurité
incendie et se protéger contre la malveillance.
Après l’inondation.
Il faut déclencher le plan de sauvetage, qui
prévoit le nettoyage de certaines zones sensibles, maintenir la
sécurité du site et redémarrer les lignes de production.
À Marckolsheim, le processus est en marche. Toute l’équipe a adhéré
à la démarche, et c’est là l’étape la plus importante.
Gaëlle Carcaly,
Extrait du n° 515 de Face au Risque
Diagnostic inondation : Faurecia se jette à l’eau
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
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MÉTIER RISK MANAGER
RETOUR D’EXPÉRIENCE