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dans le rapport annuel

», explique-t-il. Une approche qui donne ainsi

beaucoup plus de visibilité aux Risk Managers.

La Direction des risques et assurances du groupe Center Parc - Pierre &

Vacances a ainsi conduit une étude approfondie sur les risques de rupture

de digues aux Pays-Bas. «

Cela nous a permis de voir de quelle manière, en

modélisant le risque, nos Center Parcs auraient pu être touchés en cas de

rupture de ces digues. Nous avons pu ainsi vérifier que la localisation des

Center Parcs aux Pays-Bas permettait d’éviter un sinistre majeur en cas

de rupture ou débordement de digues malgré la présence de certains sites

en bordure de littoral

», explique Cédric Malki. Si ces modélisations ont

permis de montrer que le Groupe n’aurait été que faiblement impacté,

ce travail est devenu indispensable aujourd’hui pour les risques non

couverts par les polices. «

Il y a une nécessité prioritaire de modéliser

les risques qui ne sont pas couverts par les polices, comme les ruptures

et débordements de digues qui sont des exclusions générales dans les

contrats d’assurance de dommages aux Pays-Bas, tout comme les vagues

déferlantes en Allemagne

», rappelle-t-il.

MODÉLISER POUR PRIORISER

«

Les conséquences économiques des catastrophes naturelles restent pour

70  % non-assurées

», rappelle Emmanuel Fierens, Chief Underwritting

Officer, Head of Business Solutions, Scor (

cf encadré

).

Le groupe industriel Faurecia qui développe, fabrique et commercia-

lise des composants et équipements à destination des constructeurs

automobiles, a développé une vraie stratégie pour appréhender le

risque de CatNat. Tout est parti d’un constat chiffré éloquent, comme

l’explique Michel Josset, Risk Manager de Faurecia. «

Sur 10 ans, on

s’est aperçu que l’impact du risque naturel sur nos sites représentait

12% de notre sinistralité globale. Et si l'on étend le sujet aux carences,

donc avec des pertes d’exploitation, cela passe à près de 40% (12%

direct/27% indirect)

».

La Direction des risques et assurances élabore alors une cartogra-

phie afin de suivre 12 risques naturels (mise à jour tous les six mois).

«LA (RÉ)ASSURANCE “STRESSE” LES MODÈLES POUR COMPRENDRE LES CONSÉQUENCES

DES SCÉNARII EXTRÊMES ET DÉFINIR LES BORNES DE L’ASSURABILITÉ»

Emmanuel Fierens, Chief Underwritting Officer, Head of Business Solutions, Scor

Quels sont les risques environnementaux/naturels qui impacteront demain les entreprises ?

Les risques naturels ont toujours fait partie des expositions auxquelles font face les pays, les économies et donc les entreprises. Certaines

expositions sont « normales », c’est-à-dire connues et cartographiées. Elles dépendent des localisations, des typologies de sols et de

reliefs. Les risques naturels intègrent aussi des phénomènes extrêmes, identifiés et récurrents qui font l’objet d’études particulières. C’est

le cas du phénomène El Nino, connu depuis les années 1920. Lorsqu’il se manifeste, El Nino a des conséquences majeures sur le niveau de

précipitations ou encore sur l’ampleur des sécheresses, comme on peut le constater sur la côte Ouest des États-Unis,

ou sur la côte Est de l’Australie.

La question posée aujourd’hui est de savoir si ces risques naturels vont évoluer avec le réchauffement clima-

tique. Le rapport 2014 du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat) fournit des

informations détaillées et argumentées aux États et aux acteurs économiques tels que les entreprises, pour leur

permettre d’apprécier et de mesurer les conséquences du changement climatique sur leurs domaines d’inter-

vention et d’activité, afin de mieux se préparer. Pour les entreprises, ces données peuvent constituer une grille

d’analyse de vulnérabilité qui contribue à les guider dans leurs choix d’investissement et de partenariat dans

certains pays/zones.

Les risques climatiques sont-ils assurables ?

Dès 2009, l’Association de Genève (think tank de l’industrie de l’assurance) confirmait la mobilisation du

secteur à développer des solutions afin de limiter les conséquences d’événements catastrophiques, dans le

cadre d’un dialogue avec les autorités administratives, lorsque les frontières de l’assurabilité sont atteintes.

Le CERES (organisation américaine dédiée à la promotion du développement durable) souligne que les assu-

reurs Dommages américains prennent un nombre croissant de mesures pour protéger leurs intérêts et leurs

bilans, tout en développant un nombre plus important de solutions pour le marché.

Toutefois, l’assurance, seule, ne peut pas fournir toutes les solutions. En moyenne annuelle, en raison de

la faible pénétration de l’assurance dans certaines zones ou en raison d’une non-assurabilité, les consé-

quences économiques des catastrophes naturelles restent pour 70% non-assurées. L’engagement des

États à réduire le réchauffement climatique est primordial. L’assurabilité des risques climatiques, sous

réserve qu’ils soient soudains et fortuits, requiert la combinaison d’un périmètre légal bien défini, d’un

exposé clair des enjeux et vulnérabilités, et d’une capacité à modéliser les expositions. Ces conditions

sont d’autant mieux remplies que les pays sont matures et les entreprises développées.

Pour anticiper les risques liés au changement climatique, la (ré)assurance «stresse» les modèles pour

comprendre les conséquences des scénarios extrêmes et définir les bornes de l’assurabilité. La complexité,

la diversité des situations des pays et l’ampleur des risques climatiques demandent la mobilisation de

l’ensemble des acteurs, notamment les pouvoirs publics, les régulateurs, les (ré)assureurs et les assurés.

Emmanuel Fierens,

Chief Underwritting Officer,

Head of Business Solutions,

Scor

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°7 I

DÉCEMBRE 2015

29

DOSSIER

LES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX