IMPACT HUMAIN ET ÉCONOMIQUE
L
e 25 avril 2015, la région de Katmandou au Népal
a connu un séisme d’une ampleur telle qu’il a
déplacé l’Everest de 3 centimètres. Côté consé-
quences humaines, elles ont été dramatiques. En
plus du terrible chiffre de 12000 victimes recen-
sées, l’Organisation Internationale pour les Migrations,
a relevé que le quotidien de 8,1 millions de Népalais en
avait été bouleversé, 550000 habitations ont été rasées
et 280000 sont devenues inhabitables.
Selon une étude du réassureur allemand Munich Re,
les catastrophes naturelles ont généré plus de pertes
humaines au premier semestre 2015 que l’année précé-
dente à la même période. Ainsi, entre janvier et juin
2015, 16200 personnes sont décédées lors d’événements
climatiques de grande ampleur (contre 2800 au premier
semestre 2014) dont 12000 pour le seul séisme népalais
et la vague de canicule de mai-juin en Inde et au Pakistan.
Sur l’économie, l’impact de ces catastrophes est égale-
ment considérable. Selon FM Global, elles coûteraient
en moyenne, dans le monde, 100 milliards d’euros par
an (300 milliards en 2011, après le tsunami au Japon
et les inondations en Thaïlande). Sans compter l’impact
économique et humain d’autres phénomènes tels que
la sécheresse, qui fait régulièrement flamber le prix des
céréales, entraînant des famines.
LES LEÇONS DU PASSÉ
Les grandes entreprises et grands groupes présents à
l’international connaissent bien cette menace protéi-
forme. Véritable épée de Damoclès, le risque de CatNat
peut survenir à tout moment, entraîner d’importantes
pertes d’exploitation et provoquer des dégâts considé-
rables tant sur le plan humain que matériel.
Le 17 août 2007, le cyclone Dean ravageait les petites
Antilles. Pour le Groupe Pierre&Vacances - Center Parcs,
qui possède deux villages de vacances en Martinique et
en Guadeloupe, les dégâts se sont chiffrés à 2 millions
d’euros, à la fois en dommages et en perte d’exploita-
tion. Avec 300 sites disséminés un peu partout dans le
monde et notamment dans des régions potentiellement
exposées aux risques, le Groupe s’était préparé à rece-
voir Dean. Dès les premières alertes, et avant le passage
du cyclone, les bâtiments avaient été sécurisés et des
mesures de sécurité communiquées aux vacanciers.
Le Groupe avait par ailleurs bloqué les réservations et
les arrivées programmées.
In fine
, sur les 2 millions
d’euros de dégâts, tous dommages confondus, «
la perte
d’exploitation a été indemnisée à hauteur de 700 000
euros par Axa
», se souvient Cédric Malki, Directeur des
risques et des assurances du Groupe. «
Ils nous ont très
bien accompagné lors du sinistre,
explique-t-il,
notam-
ment via des visites sur sites pour regarder ensemble les
mesures conservatoires à prendre
».
Le Risk Manager précise au passage que lors de la
construction des villages, le Groupe était allé un peu
plus loin que les normes classiques de construction
pour anticiper. Une vision préventive qui lui permet
aujourd’hui d’afficher une bonne résilience. Dernier
exemple en date lors des inondations qui ont frappé la
région PACA le 25 octobre 2015, Cédric Malki explique
que les dégâts ont été très peu nombreux compte tenu
du nombre de sites du Groupe dans la région.
LA MODÉLISATION
Les conséquences économiques des événements de
Fukushima et des inondations en Thaïlande ont provoqué
un électrochoc au sein des entreprises qui ont approfondi
leurs analyses de risques événements naturels et supply
chain en scénarisant plus en profondeur. Pour Laurent
Barbagli, Administrateur de l’AMRAE, le rôle et l’impli-
cation du Risk Manager en cas de catastrophe naturelle
s’accroissent à l’occasion d’événements tels que ceux
survenus en 2011. «
Avant, on modélisait le risque naturel
pour déterminer les limites d’assurances. Aujourd’hui, il
faut le faire afin d’avoir unemeilleure visibilité des risques,
dans une logique de compliance et l’écrire, notamment,
Cédric Malki
,
Directeur des risques
et des assurances,
Groupe Pierre & Vacances
- Center Parcs
QUAND LA NATURE
SE DÉCHAÎNE
Tempêtes-Ouragans-Cyclones (TOC), mais aussi inondations ou tremblements de terre, les défis
imposés par Mère Nature aux entreprises, confèrent aux Risk Managers un rôle croissant dans
la prévention et la gestion de ce risque protéiforme pour à la fois protéger l’activité et réduire
les franchises d’assurance. Un mois avant les Rencontres AMRAE « Climats à hauts risques »,
Atout Risk Manager donne un premier aperçu des pratiques dans l’industrie et les services.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°7 I
DÉCEMBRE 2015
28
DOSSIER
LES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX