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Face à cette multitude d’intervenants, l’entreprise a

besoin d’un chef d’orchestre et c’est à ce titre-là que

les Risk Managers, qui connaissent le monde de l’assu-

rance et le mode de fonctionnement des assureurs, ont

une carte à jouer et sont de plus en plus impliqués dans

cette discussion.

✧✧✧

Paul-Vincent Valtat

Administrateur de l’AMRAE

Comment a évolué la notion de sûreté au sein des

entreprises ?

Il y a dix ans, le Responsable sécurité des entreprises

était bien identifié. Depuis sept ans, on a assisté à une

coproduction de sûreté développée par l’État qui vise

à imposer aux entreprises de plus en plus de règle-

mentations sûreté (OIV, plans vigipirates, sécurisation

des expatriés…). Ces risques de sûreté montent donc

en puissance dans les entreprises et intègrent de plus

en plus les cartographies, ce qui fait que, parfois, les

entreprises se retrouvent démunies car il n’y a pas

aujourd’hui de Directeur de la sûreté dans toutes les

grandes entreprises.

Hormis la mise en lumière ponctuelle de ce risque lors

d’attentats, il s’agit d’un risque chronique dans l’entre-

prise sur lequel nous avons des obligations de résultats

comme pour la sécurité. C’est une révolution pour les

entreprises car il y a dix ans, la sûreté était une affaire

d’État. Aujourd’hui, le risque terroriste sensibilise de plus

en plus les Directions Générales à la sûreté mais il faut

aller encore plus loin, notamment au niveau des PME.

Je constate en effet que les entreprises sont mises de plus

en plus en responsabilité dans le domaine. Elles ont doré-

navant une obligation de résultat et non plus une obliga-

tion de moyens en matière de sûreté pour les employés.

Les problématiques d’expatriés sont devenues majeures

pour les entreprises car elles doivent être capables de

sécuriser à la fois leurs salariés expatriés et leurs familles.

En 2002, l’attentat de Karachi au Pakistan, qui avait fait

14 morts dont 11 ingénieurs travaillant à la Direction des

Constructions Navales, hante encore les esprits.

Que pourrait apporter le Risk Manager dans le

domaine de la sûreté ?

Les directeurs de la sûreté sont encore un peu vus par

les grands patrons comme les patrons des vigiles, alors

que se développe une vraie ingénierie de la sûreté qui

nécessite de nouvelles compétences. Cette montée en

puissance peut s’accompagner de profils à la coloration

plus stratégique comme les Risk Managers.

✧✧✧

Alain Juillet

Président du Club des directeurs de sécurité

des entreprises (CDSE)

Comment s’articule ou devrait s’articuler la collabo-

ration entre Risk Managers et Directeurs Sécurité ?

Le spécialiste du risque terroriste ce n’est pas le Risk

Manager, c’est le Directeur Sécurité car il doit prendre en

compte, de manière quotidienne, les risques inhérents

à la sécurité des expatriés, des usines ou des sociétés

à l’étranger. Si l’on prend l’exemple des kidnappings,

c’est au Directeur Sécurité qu’il incombe d’identifier et

d’évaluer les différentes sociétés spécialisées dans la

protection et récupération des salariés (contrat Kidnap

& Ransom) et de déterminer si le contrat est bien adapté

et sera tenu en cas de problème. Le Risk Manager, de son

côté, doit pouvoir identifier ce qui sera ou non assurable.

L’échelle de prise du risque doit être prise par la direc-

tion de l’entreprise sur recommandation du Directeur

Sécurité. Le Risk Manager, qui connaît bien ses contrats

d’assurance, doit alerter en cas de prise de risque. Le

Directeur Sécurité apporte donc sa connaissance du

terrain et le Risk Manager celle concernant la couver-

ture assurantielle. Cela devient un véritable travail en

commun qui doit être réalisé au quotidien.

La mutualisation des informations entre pouvoirs

publics, assureurs, courtiers et prestataires est-elle

optimale ?

Clairement, oui. Des entreprises étrangères viennent

même voir comment fonctionnent le partenariat public-

privé noué entre les Directeurs Sécurité et les services de

l’État pour échanger des informations en permanence, et

dans les deux sens. Le Directeur Sécurité de l’entreprise

doit donc être parfaitement au courant des situations

et des menaces. Au CDSE, quand survient une crise, des

conférences téléphoniques s’organisent immédiatement

entre tous les adhérents ainsi que des représentants de

l’État pour faire un point de situation. Si le Risk Manager

a besoin d’une information, le Directeur Sécurité peut

la lui fournir. Mais si les process fonctionnent correcte-

ment en interne, il doit pouvoir y avoir accès.

Alain Juillet,

Président du Club des

directeurs de sécurité

des entreprises (CDSE)

Paul-Vincent Valtat,

Administrateur de l’AMRAE

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE

I N°4 I

AVRIL 2015

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MÉTIER RISK MANAGER