Xavier Guilhou,
CEO de XAG Conseil
La gestion du risque terroriste nécessite l’implication de nombreuses parties prenantes dans
l’entreprise ainsi que la prise en compte d’analyses extérieures pour avoir une vision élargie des
différents foyers de risques sur le terrain. Explications avec Xavier Guilhou (XAG Conseil), Xavier
Mallez (Marsh), Paul-Vincent Valtat (AMRAE) et Alain Juillet (CDSE).
CE QU’ILS EN DISENT, CE QU’ILS EN PENSENT :
LE TERRORISME
L’AVIS DES EXPERTS
Xavier Guilhou
CEO de XAG Conseil
La donne a-t-elle changé ?
Le risque terroriste, tel que nous venons de le voir lors
de l’affaire Charlie Hebdo, a toujours existé. Il n’y a rien
de changé sur le fond. Sur la forme, ce qui a surpris les
Français, c’est que nous ayons été désignés comme une
cible prioritaire, car cette attaque délibérée portait un
message extrêmement précis à l’encontre des pouvoirs
politiques. Mais il existe un certain nombre de
cellules dormantes, des gens entraînés qui
sont passés par l’Afghanistan, la Tchétchénie
ou encore la Lybie.
La plupart de ces réseaux qui instrumenta-
lisent le djihadisme, appartiennent, pour
l’essentiel, à la grande criminalité. Ce ne
sont pas des réseaux qui justifient qu’on
leur attribue un quelconque niveau de
crédibilité politique. Être en sur-réac-
tion leur donne, de fait, tant sur les plans
politique, sociétal que médiatique, une
légitimité qu’ils ne devraient pas avoir.
Concernant la couverture des risques, si
le politique confirme, au-delà de sa rhéto-
rique médiatique, « être en guerre contre le
terrorisme », cela enclenche tout un processus
institutionnel et juridique et entraîne, de
fait, un bouleversement du champ assuran-
tiel au niveau international. Un certain nombre
de risques ne sont ainsi plus en mesure d’être
couverts par des compagnies privées car ils
relèvent de l’État.
En termes de sites visés, le curseur s’est-il déplacé ?
Dans certaines zones géographiques, on peut avoir des
cibles emblématiques. On l’a vu en janvier 2013 lors
de la prise d’otages sur le site gazier d’In Amenas en
Algérie [NDLR : plateforme gazière coexploitée par BP,
Stanoil et Sonatrach, près de la frontière libyenne] ou
en 2010 lors de la prise d’otages de salariés d’AREVA
au Niger. Mais ce qui m’interpelle le plus, ce sont les
«nouvelles » attaques, celles dirigées contre de grands
centres commerciaux comme à Nairobi ou à Sydney,
des lieux qui représentent, pour ces filières terroristes,
la quintessence de la dépravation et de la corruption
de l’Occident. Par ailleurs, il ne faut pas négliger les
cyberattaques qui sont de plus en plus utilisées par ces
réseaux mortifères.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°4 I
AVRIL 2015
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MÉTIER RISK MANAGER