Tous les moyens de transport restent des cibles permanentes. Ce fut le
cas en 2013 à la veille des Jeux Olympiques de Sotchi en Russie [NDLR :
attentats suicides à la gare de Volgograd], ou encore à Madrid en 2004
et Londres en 2005.
Au sein des entreprises, quelles parties prenantes doivent intervenir
pour gérer ce risque ?
Les approches transverses et globales sont toujours les plus efficaces,
c’est-à-dire lorsque plusieurs fonctions de l’entreprise – Risk Manager,
Ressources Humaines, Sécurité, Direction Financière, Comité de
Direction – sont impliquées dans la démarche. Cela commence toujours
par la mise en place de mesures liées au comportement des collabo-
rateurs sur place (lutter contre les démarches trop ostentatoires, être
vigilants quant à la nature des opérations nouées sur le terrain, disposer
d’une meilleure évaluation des environnements locaux…). Nous les
aidons également à renforcer la robustesse de leurs organisations face
aux risques en essayant «d’endurcir» un peu plus les équipes tant en
termes de renseignement que de capacité à piloter les crises.
✧✧✧
Xavier Mallez
Responsable du département Risques Politiques
et Terrorisme de Marsh
Comment appréhender le risque terroriste ?
C’est un élément exogène sur lequel une entreprise a peu de possibi-
lité d’interagir. Les attaques terroristes qui ont frappé Paris en janvier
dernier montrent que cela peut survenir partout. Ce risque se caracté-
rise également par une «multi-dimension» qui peut impacter à la fois
les actifs d’une société, son personnel, ses
sous-traitants ou encore ses clients finaux.
Appréhender ce risque signifie, pour une
entreprise, maîtriser à la fois où vont ses
salariés et identifier les mesures à prendre
pour les protéger ainsi que celles visant à
sécuriser ses actifs en s’assurant d’avoir
des PCA bien adaptés. On essaie également
de travailler avec nos clients sur la rési-
lience, la capacité à gérer des situations
de ce type qui nécessitent également une
communication particulière.
Nos clients nous demandent également de
les aider à modéliser leurs expositions et
les impacts que la matérialisation de ces
risques peut avoir sur leurs opérations. Nous
avons passé un accord avec une société qui
nous permet d’avoir accès à de nombreuses sources d’informations et
notations. Nous avons donc pu sortir récemment une carte du monde
faisant apparaître les risques politiques et terroristes.
Comment qualifier la couverture de ce risque ?
Aujourd’hui, le monde de l’assurance répond de manière assez satis-
faisante avec de nombreuses solutions à partir du moment où il y a
un dommage matériel. La difficulté apparaît lorsqu’il n’y a pas de
dommage matériel, avec l’apparition de coûts additionnels souvent
lourds (ce que les britanniques nomment ICOW pour
Increased Cost of
Working
, à savoir les surcoûts nécessaires à la poursuite de l’activité).
On note des cas extrêmes : l’arrêt de l’activité en raison du risque terro-
riste voire de guerre civile, comme en Lybie récemment ou au Koweït
dans les années 90. Les entreprises implantées ne pouvaient plus pour-
suivre leur activité, non en raison de la dégradation de leurs actifs mais
d’un risque trop fort. Résultat : perte de chiffre d’affaires et des coûts
additionnels pour continuer à opérer ou, en cas extrême, l’abandon
forcé (la perte de la valeur de cet actif est inscrite au bilan).
Quel devrait être le rôle du Risk Manager ?
Le sujet de la gestion du risque terroriste nécessite, au sein des entre-
prises, l’implication de plusieurs départements et commence par une
décision de Direction Générale. L’ensemble des impacts poussent les
entreprises à protéger à la fois le capital humain et la valeur des action-
naires. Les directions financières et les départements sûreté sont
également fortement impliqués.
Xavier Mallez,
Responsable du
département Risques
Politiques et Terrorisme
de Marsh
«Nous constatons une demande
accrue pour la RC suite à des actes
de terrorisme. En effet, les entreprises
souhaitent bénéficier d’une police
au cas où leur responsabilité serait
recherchée par des ayants droits. »
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°4 I
AVRIL 2015
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MÉTIER RISK MANAGER