MAÎTRISE DES RISQUES
1
Quels sont les risques majeurs pour votre activité ?
Michel Dennery -
GDF SUEZ est actif dans le secteur de
l’énergie dans de nombreux pays. Les risques régula-
toires et pays sont très importants pour ce secteur. La
sécurité et la continuité des activités sont essentielles
pour les clients, tout comme l’éthique des affaires. Enfin,
la situation économique est un facteur clé pour décider
d’investissements qui ont une durée de vie de 20 à 50 ans
ou plus. Je ne veux pas oublier les actions liées au chan-
gement climatique et donc à la transition énergétique.
Philippe Noirot -
Deux mots tout d’abord sur les critères
d’évaluation retenus pour déterminer si un risque est
majeur. Ils sont assez classiques : probabilité et impact,
avec quatre types d’impacts différents, financier, opéra-
tionnel, humain et image et réputation. Le niveau
acceptable que l’on va chercher à déterminer, risque par
risque, va varier, lui, en fonction de la nature du risque,
sans être nécessairement lié au fait que le risque soit
majeur (exemple : le niveau acceptable pour la corrup-
tion ou le décès humain est de zéro dans beaucoup d’en-
treprises).
Concernant les risques majeurs, comme beaucoup de
sociétés ces derniers mois, Orange est confronté à
des menaces cyber, ainsi qu’à l’évolution de la situa-
tion géopolitique dans le monde, que les crises soient
nationales dans certaines zones où nous opérons, ou
bien internationales. Ce sont des facteurs de risque
que l’on étudie de très près. Pour le reste, le document
de référence annuel répertorie les risques d’Orange,
lesquels se répartissent entre des risques opération-
nels (liés à la stratégie, à l’environnement économique
ou aux ressources humaines), des risques juridiques
(respect de la concurrence, régulation technique du
marché des télécoms) et les risques financiers tradi-
tionnels (change, taux, recours à l’emprunt…).
Comment les traitez-vous ?
M.D. -
Les dirigeants des entités du Groupe valident la
revue de leurs risques une fois par an. Ce faisant, ils
décident du niveau de risque qu’ils acceptent et des
moyens à mettre en œuvre pour maintenir l’exposition
constatée et, si besoin, la réduire encore davantage, ou
au contraire accepter une plus forte exposition en opti-
misant les ressources, dans les marges permises par la
réglementation. C’est typiquement le cas des couver-
tures financières ou assurancielles, pour les risques de
marché par exemple.
P.N. -
Il y a plusieurs comportements possibles face à un
risque. S’il n’est pas à un niveau acceptable, que l’on ne
peut ni le transférer ni stopper l’activité qui le génère,
alors nous allons le traiter en essayant de réduire son
impact et/ou sa probabilité. Nous allons utiliser les
moyens classiques de traitement : le contrôle interne,
l’environnement de contrôle, la gestion des habilita-
tions et des accès au système d’information, des délé-
gations de pouvoirs ou encore un dispositif de lutte
contre la fraude. Au-delà, la politique d’assurance
du groupe va réduire l’impact financier d’un certain
nombre de risques. Nous avons également, et c’est
capital, des politiques de continuité d’activité et de
gestion de crises en place. En matière de traitement,
nous avons aussi développé des politiques de sécurité
au sens large (employés du groupe, de nos sous-trai-
tants ou clients dans les points de vente).
Enfin, parmi les moyens de traitement, il ne faut jamais
oublier les systèmes de management (certifiés pour la
plupart) et l’approche RSE.
Quelle est votre participation dans la construction
des plans d’action, leur déploiement, consolidation
et suivi ?
M.D. -
La Direction des Risques Corporate a besoin
de valider sur le terrain que les méthodes, outils,
approches ERM que nous développons sont utiles aux
prises de décisions. En association avec les Risk Officers
LES 1001 FACETTES
DU RISK MANAGER
Comment les Risk Managers s’appuient-ils sur le référentiel métier
de l’AMRAE ? Quelles en sont pour eux les traductions quotidiennes ?
Maîtrise des risques, gestion des événements non assurés/non assurables
ainsi que gestion de crises : Michel Dennery, GDF Suez, et Philippe Noirot,
Orange, témoignent.
Philippe Noirot,
Risk Manager
du Groupe Orange
Michel Dennery,
Directeur du Management
des Risques, GDF Suez
Risk Manager
RéférentielMétier
80,BoulevardHaussmann75008PARIS
1
À niveau acceptable en fonction des critères de risques retenus.
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°4 I
AVRIL 2015
46
MÉTIER RISK MANAGER