E
ncore embryonnaire, le secteur des EMR devrait couvrir 3,5%
de la consommation électrique française en 2020. «
Une
expansion souhaitée et poussée par l’État
», rappelle Sophie
Chirico, Responsable Assurances EDF Énergies Nouvelles,
qui va installer des parcs d’éoliennes au large des côtes de
Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Nazaire. «
Chaque parc produira
ainsi l’équivalent de la consommation annuelle de 700 000 personnes.
L’accord passé avec l’État prévoit qu’EDF rachètera pendant 20 ans
l’électricité produite à un prix prédéterminé
». Mais comment évaluer et
assurer les risques dans ce secteur nouveau pour les assureurs qui, aux
dires même de François Renelier, Senior Account Executive chez Bessé,
pose des problématiques singulières ? Sans exclure le risque de concep-
tion, il préconise de suivre la courbe d’apprentissage de la filière : «
des
assurances avec des sous-limites de garantie, une franchise dédiée ou
une évolution au fil de l’exploitation peuvent être des solutions
». Le trai-
tement du risque sériel exige surtout de bien maîtriser la question de la
responsabilité civile.
LES CÂBLES : UNE ÉCONOMIE MINEURE
POUR UN RISQUE MAJEUR
Si le risque de contingence lié à l’interface entre les sous-stations des
parcs d’éoliennes et le réseau électrique pose une question difficile à
traiter, celui lié à l’aléa climatique semble moins épineux tant l’hypo-
thèse d’un épuisement du gisement de vent paraît impossible, estime
François Renelier. Si le risque d’accumulation géographique se réduit
avec le déploiement croissant de parcs d’éoliennes, il reste à savoir
si ces contrats vont relever des assurances terrestres ou maritimes.
«
Dans le premier cas seront appliquées des règles relatives aux Cat Nat
et au Gareat, ce qui alourdira la prime et pourrait perturber la compé-
tition entre assureurs européens. La proposition de loi sur l’Économie
Bleue actuellement en discussion va dans le bon sens en permettant aux
EMR d’être rattachées au régime des assurances maritimes
», résume
François Renelier.
Quant à l’origine des sinistres, elle provient en grande partie des câbles
reliant les éoliennes à la sous-station (récupérant la production) et
au réseau électrique. Alors qu’ils ne représentent que 11% du CAPEX
des projets, les câbles sont impliqués dans 40% des déclarations de
sinistres et 83% du total des indemnisations versées. D’où ce conseil
de Matthew Yau, Directeur chez Lloyd Warwick : «
même si le secteur est
très concurrentiel, ne choisissez pas les contracteurs les moins-disants
mais plutôt les plus expérimentés
». D’autant que le temps s’écoulant
entre la commande et la livraison de câbles peut aller de six à douze
mois, une durée dont l’importance peut avoir un impact négatif sur
l’équilibre financier d’un projet. Quelques maigres économies valent-
elles de prendre un risque qui peut se chiffrer en millions d’euros ?
ÉNERGIES MARINES RENOUVELABLES :
UN RISQUE MAÎTRISABLE MAIS ATTENTION AUX
ÉCONOMIES GÉNÉRATRICES DE RISQUES…
Promises à un fort développement grâce à l’appui des pouvoirs publics, les énergies marines renouvelables (EMR) présentent
un profil de risque singulier.
« La proposition de loi sur l’Économie
Bleue actuellement en discussion
va dans le bon sens en permettant
aux EMR d’être rattachées au régime
des assurances maritimes. »
François Renelier, Senior Account Executive chez Bessé
ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°8 I
MARS 2016
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RENCONTRES DU RISK MANAGEMENT