L
'
heure n'est plus au débat avec les clima-
tosceptiques. «
En partant du postulat que
les changements climatiques vont avoir
lieu et ont même déjà cours, il s'agit de
se concentrer sur les impacts : les impacts
que les entreprises causent à l'environnement ; et les
impacts de l'environnement sur les entreprises
», indique
Clément Cavoret, Manager Risques et Assurance chez
Eurodisney SCA, modérateur de l'atelier «
Anticipation
des conséquences des changements climatiques sur un
site industriel
». Grâce au développement des outils
numériques et grâce à une connaissance accrue des
modèles climatiques (qui incluent atmosphère, hydros-
phère, cryosphère, lithosphère…), il est désormais
possible d'obtenir une vision, à plus ou moins long
terme, des variabilités du climat.
«
Pour schématiser, il existe des supercalculateurs
permettant d'effectuer des simulations. Cela fonctionne
et permet d'anticiper les évènements extrêmes de type
fonte des banquises, réchauffement de surface, ampli-
fications continentales, précipitations…
», explique Ara
Arakelian, chercheur en analyse de simulation numé-
rique à l'Institut Pierre-Simon Laplace. Il rappelle que
l'activité anthropique contribue
de facto
à l'augmen-
tation des phénomènes climatiques extrêmes. «
Les
interactions entre activité économique et climat sont
acquises. Pour preuve, le dernier rapport du GIEC ne se
contente pas des seuls travaux de climatologues. Les
rapports d'économistes y occupent également une large
place
», pointe Clément Cavoret.
ENVISAGER LES RISQUES
D’UN SITE INDUSTRIEL
Pour l'entreprise, la modélisation constitue une
opportunité. «
L'analyse des datas permet une vision à
l'échelle globale mais aussi à l'échelle locale. Cela peut
aider à réduire le risque sur un site bien précis
», observe
Hans-Leo Paus, Expert chez KA Köln Assekuranz Agentur
(filiale de l'assureur ERGO Versicherung), société qui a
développé (K.A.R.L.), un logiciel pour répertorier sur
une carte, les zones sensibles. Risques de volcanisme,
de tremblement de terre, d'inondation, de tsunami, de
tornade, de grêle… Rien n'échappe aux radars de la
modélisation et permet d’envisager les risques précisé-
ment définis d’un site industriel dans son écosystème
global, tant économique qu'écologique.
«
Sachant que plus de la moitié des cas de rupture de
chaîne d'approvisionnement sont dus à des évènements
climatiques, la modélisation est un atout essentiel pour
préparer un site à l'évolution de ses risques, et assurer sa
résilience
», souligne Christophe Brouillet, Responsable
Groupe Ingénieurs Terrain chez FM Global. Préservation
des bâtiments, sécurisation de la supply chain, antici-
pation de nouvelles réalités climatiques et donc adap-
tation du business model : la modélisation aurait tout
bon. Néanmoins, et même si de l'avis de nombreux
scientifiques et économistes de tels outils favorisent
la gestion des risques, ils ne peuvent pas tout faire.
«
Les Risk Managers ont encore beaucoup d'idées reçues
sur les risques de catastrophes naturelles : ils doivent les
dépasser !
», note Clément Cavoret.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES :
MODÉLISER POUR ANTICIPER
Les outils de modélisation des changements climatiques, futurs meilleurs alliés des Risk Managers ?
«Sachant que plus de la
moitié des cas de rupture de
chaîne d'approvisionnement
sont dûs à des évènements
climatiques, la modélisation
est un atout essentiel pour
préparer un site à l'évolution
de ses risques, et assurer sa
résilience. »
Christophe Brouillet, Responsable Groupe
Ingénieurs Terrain chez FM Global
Clément Cavoret,
Manager Risques et Assurance
chez Eurodisney SCA
Ara Arakelian,
Chercheur en analyse
de simulation numérique
à l'Institut Pierre-Simon
Laplace
Christophe Brouillet,
Responsable Groupe Ingénieurs
Terrain chez FM Globa
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ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DE L’AMRAE
I N°8 I
MARS 2016
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