Table of Contents Table of Contents
Previous Page  51 / 60 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 51 / 60 Next Page
Page Background

ACTUALITÉ DE L’AMRAE

ÉVÉNEMENTS

C

est une observation qui rend perplexes les

avocats : après 20 ans d’une jurisprudence

stable sur le sujet, les décisions de la Cour de

cassation se succèdent depuis un arrêt rendu en 2012,

sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude sa

position. En évoquant les arrêts récents et en analysant

les motifs retenus par la Cour qui tantôt valident ou au

contraire censurent les clauses excluant les dommages

subis par les produits et les frais de reprise, Me Cécile

Bordes (PHPG) constatait «

l’absence de logique et de co-

hérence des solutions retenues : l’explication serait-elle à

chercher dans des considérations d’opportunité et de pro-

tection des tiers ? L’insécurité dans laquelle se trouvent

assurés et assureurs est sérieuse

», estimait l’avocate.

UNE BONNE COMPRÉHENSION DES POLICES

EST INDISPENSABLE DE LA PART DES ASSURÉS

Pour tenter de comprendre, il est nécessaire de se poser

la question de la légitimité de cette exclusion du «

risque

d’entreprise

» dans les polices de responsabilité civile

(RC). Intervenants et membres de l’assistance rappe-

laient des raisons historiques de la relation assureur-as-

suré sur ce sujet : position morale des assureurs qui ne

souhaiteraient pas se substituer à leurs assurés dans

l’exécution de leurs obligations ; minimum incompres-

sible devant rester à la charge de l’assuré sans pouvoir

être mutualisé ; évolution du champ de la garantie des

polices de RC ; distinction théorique entre garanties de

dommage ou de responsabilité, obligations contrac-

tuelles et responsabilité civile...  

A l’opposé, Alice Rohmer du cabinet Diot (courtage d’as-

surances) indiquait que «

le risque d’entreprise pouvait

bien être contractuellement transféré aux assureurs

».

Elle évoquait les polices RCD ou encore certaines polices

RC spécifiques «

Bonne Tenue des Produits

», lesquelles

peuvent offrir des garanties de RC Après-Livraison du

fait des dommages subis par le produit livré. Ont éga-

lement été soulignées les possibilités de négocier des

aménagements à l’exclusion du produit ou des rachats

partiels (frais de prévention, frais de retraits, frais de

dépose-repose).

QUELLE RÉACTION DU MARCHÉ SI

CES CLAUSES DEVIENNENT INVALIDES ?

Avantage d’un colloque à taille humaine : un débat lancé

avec plusieurs assureurs présents dans la salle montrait

que des solutions peuvent être trouvées ; mais on pourrait

alors assister à une hausse généralisée des primes, voire à

une augmentation du défaut de couverture du risque RC.   

Pour Marc de Pommereau, «

il faut être clair sur ce qu’on

veut couvrir et transférer à l’assureur. Si les grandes entre-

prises sont avec leurs courtiers en mesure de négocier ligne

à ligne des contrats adaptés aux risques qu’elles décident de

transférer en limitant l’exclusion et en rachetant des garan-

ties de frais de retrait, de dépose/repose, ..., il n’en est pas

de même pour la plupart des entreprises.

»

Et pour ne pas avoir à subir un «

dirigisme contractuel

»

imposé par la haute juridiction, le Vice-Président de

l‘AMRAE concluait en appelant à «

une meilleure défini-

tion de ces clauses d’exclusion, une définition partagée

par toutes les parties

». D’où le rôle fondamental du Risk

Manager : il doit expliquer clairement les activités de son

entreprise à son assureur pour convenir des garanties

adaptées à ses métiers, son implantation géographique

et ses choix budgétaires. 

Le cabinet d’avocats PHPG organisait le 13 septembre un colloque consacré à l’actualité du droit

de la responsabilité et des assurances. L’occasion pour Marc de Pommereau, Vice-Président de

l’AMRAE, d’exprimer le point de vue du Risk Manager sur le devenir des clauses excluant les

dommages subis par les produits et les frais de reprise des travaux effectués par l’assuré dans

les polices de responsabilité civile.

COLLOQUE PHPG

DROIT DE LA RESPONSABILITÉ

ET DES ASSURANCES

Marc de Pommereau,

Vice-Président de l’AMRAE

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°14 I

AUTOMNE 2017

51