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MÉTIER RISK MANAGER

ZOOM SUR…

car plusieurs approches s’affrontaient : certains

pays souhaitaient une norme structurante, avec

des process détaillés qui cadrent la démarche.

D’autres, dont la France, plaidaient pour une

norme souple et non-contraignante, fixant des

grands principes à adapter à chaque organisa-

tion en fonction de sa nature, de sa taille, de

ses activités… Et c’est finalement cette vision

qui l’a emporté ! Mais cela a nécessité de lon-

gues et nombreuses discussions, sans compter

le fait que de nouveaux pays d’Amérique latine

et du Moyen-Orient, intéressés par la norme, se

sont greffés à la réflexion en cours de route. Il

leur a fallu du temps pour s’imprégner des dé-

bats et ce n’est finalement que début 2017 que

nous avons pu mettre en ligne l’avant-projet de

révision et lancer l’enquête publique. Après une

dernière réunion en juillet, le projet est désor-

mais en phase de relecture et de mise en page,

et la norme révisée devrait paraître début 2018.

Quelles en sont les principales avancées?

L’ISO 31000:2009 avait été rédigée dans une

vision un peu ancienne du Risk Management,

focalisée sur la sûreté et la sécurité. Lorsque

je suis arrivée dans le groupe de travail avec

d’autres experts internationaux issus de la

jeune génération, nous avons voulu élar-

gir la notion d’incertitude, en la reliant non

plus seulement à des risques négatifs très

connotés sécurité, mais aussi à des aléas

plus diffus voire à des opportunités et à des

conséquences positives, permettant ainsi de

ne pas brider la R&D et l’innovation. Et c’est

cette autre vision du Management des Risques

qui transparait dans la version révisée de la

norme, à travers notamment la notion d’éclai-

rage de la prise de décision.

Globalement, le texte est un peu plus concis

et clarifie plusieurs points : tout d’abord

la notion de critères de risques et de prise

de risques mais aussi la problématique des

systèmes de management, que beaucoup

d’entreprises mettent en place pour se sen-

tir sécurisée. La France, aux côtés d’autres

pays, s’est battue pour ne pas transformer

le Risk Management en « système de Risk

Management », et pour conserver la souplesse

nécessaire pour se greffer et s’adapter aux

systèmes existants. Également, nous avons

re-travaillé et clarifié les notions de contexte

interne et externe, afin d’introduire de la

dynamique et de mettre en avant le fait que

les process sont vivants et itératifs.

Et concernant la place du Risk Management

dans les organisations ?

Lors de la révision de la norme, il y a eu dé-

bat pour savoir si le Management des Risques

était en soi un processus de prise de décision...

Finalement, la formulation qui a été retenue

établit que non. Nous avons voulu montrer que

le Management des Risques est là pour épauler,

informer, éclairer, accompagner le processus

de prise de décision, mais qu’il ne s’y substitue

pas. Tout type d’organisation qui sera guidée

par cette nouvelle version de la norme devra

donc intégrer et diffuser une démarche de Risk

Management globale, depuis la gouvernance

jusqu’aux entités opérationnelles.

En parallèle, nous avons essayé d’améliorer

la prise en compte de l’humain dans la ges-

tion des risques, en le présentant comme une

ressource à protéger de façon incontournable

et en évoquant lors des débats (sans le men-

tionner à l’écrit) les droits de l’Homme inter-

nationaux. Enfin, nous avons intégré dans la

norme la notion de « sustainability ». Au final,

nous produisons un texte un peu plus court,

mais intégrant de nouvelles notions apparues

depuis l’élaboration de la première version.

Avez-vous des frustrations ? Des points qui

restent à approfondir ?

Nous aurions pu être plus précis sur la nature

des différents objectifs qu’une organisation

peut poursuivre. Au-delà des objectifs pure-

ment «business», nous aurions pu évoquer les

ambitions ou les enjeux liés au tissu social et

sociétal, pour se rapprocher de l’ISO 26000,

relative à la responsabilité sociétale des orga-

nisations. Mais nous avons déjà fait un énorme

travail compte tenu de l’hétérogénéité des ap-

proches et des cultures des différents pays du

Globe, ce sera peut-être pour la version 3… !

Qui va déployer la norme révisée auprès des

organisations ?

Le site ISO international va mettre en ligne

les grandes lignes du contenu de la norme dès

qu’elle sera officiellement publiée. En France,

un planning de communication va être mis en

place autour de l’ISO 31000 nouvelle version

à l’AFNOR afin de sensibiliser tous les acteurs

concernés (que ce soient les Risk Managers,

les assureurs et les courtiers ou les cabinets de

conseil, les agences de notation, les actuaires,

les auditeurs, les institutions académiques en

charge de l’enseignement du Management des

Risques...). Je ne doute pas que l’AMRAE s’en

fera également le relais. Les Rencontres de

Marseille seront une occasion supplémentaire

d’en parler puisqu’un atelier est déjà prévu sur

le sujet des normes et référentiels génériques

pour le Management des Risques !

Quelle est la place de l’ISO 31000 au sein du

groupe la Poste ?

Avec plus de 250 000 collaborateurs (dont

88% en France) et 22% de son chiffre d’af-

faires à l’international, notre Groupe a adopté

depuis janvier 2015 une nouvelle charte de

Management des Risques, qui intègre l’ISO

31000:2009 et y fait explicitement réfé-

rence. Dans cette charte, ISO 31000 cohabite

avec le référentiel COSO 2013 («

Committee

of Sponsoring Organizations of the Treadway

Commission

») pour le contrôle interne. La

prise en compte de la révision de la norme se

fera tout en souplesse. Le gros enjeu à venir

pour nous va être de concilier efficacement la

prise en compte du Management des Risques

dans le nouveau système de management par

l’excellence retenu par la Branche Services

Courrier Colis et permettre ainsi de transfor-

mer toutes les nouvelles activités en opportu-

nités et non en risques…

DES MOYENS IMPORTANTS MOBILISÉS / UN GROUPE DE TRAVAIL INTERNATIONAL

2009 :

lancement de ISO 31000:2009 sous une forte impulsion australienne à partir du

standard AS/NZS 4360-2004. 25 pays adoptent la norme.

Révision de la norme 

2011 :

Initialisation des travaux de révision au niveau ISO.

2012 :

création d’un comité technique (Technical Committee TC) se substituant à

un comité de projet (Project Committee PC) ; secrétariat du TC assuré par La France

- environ 50 experts internationaux issus d’entreprises, d’associations ou du monde

académique, désignés par leur organisme de normalisation national participent

activement aux travaux de révision.

2011-2017 :

2 réunions du TC par an et des vidéoconférences ou des conférences

téléphoniques si nécessaire pour les groupes de travail.

Des milliers de commentaires à examiner au niveau du TC ou des sous-groupes de travail

(dernière réunion en juillet 2017 : plus de 900 commentaires à balayer pour finaliser le

texte).

Fin 2015 :

55 pays ont adopté la norme et se sont impliqués dans sa révision.

Augmentation du nombre d’organismes acceptés comme observateurs en liaison avec

le TC : FERMA bien entendu en fait partie mais l’IIA également…

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°14 I

AUTOMNE 2017

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