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armi de nombreux volets concernant l’éco-

nomie figurent d’importantes dispositions

sur la lutte contre la corruption, prévoyant

notamment un renforcement des obligations

en matière de vigilance contre la corruption

pour les entreprises et une aggravation des sanctions.

SUIVRE LES RECOMMANDATIONS

DE L’«AGENCE DE PRÉVENTION DE

LA CORRUPTION»

Le projet de loi prévoit la création d’une «Agence

de prévention de la corruption», sous tutelle des

Ministères de la Justice et de l’Économie, qui parti-

cipera à l’élaboration de la politique nationale an-

ti-corruption. Ces recommandations feront l’objet

d’un avis publié au Journal officiel. Elle possédera

également des pouvoirs d’enquête.

Les entreprises devront suivre ces recommandations

et prévenir les éventuelles enquêtes de l’Agence.

PROTÉGER LES LANCEURS D’ALERTE

Le projet de loi prévoit d’unifier la protection des

lanceurs d’alerte, au sein d’entités publiques comme

privées.

L’alerte pourra emprunter successivement trois ca-

naux : en interne, auprès des autorités judiciaires,

administratives ou professionnelles, ou enfin par di-

vulgation publique. L’entreprise doit donc s’assurer

que le lanceur d’alerte peut prévenir son supérieur

hiérarchique ou un référent désigné au sein de l’en-

treprise. Le signalement ne pourra être rendu public

que face à l’inertie des deux précédents canaux,

et au bout de trois mois, en cas de danger grave et

imminent ou en présence d’un risque de dommages

irréversibles.

Seules sont protégées les informations couvertes

par le secret de la défense nationale, le secret mé-

dical ou le secret des relations entre un avocat et

son client.

Le texte prévoit également une protection du lan-

ceur d’alerte contre la discrimination au recru-

tement ou à l’avancement, la charge de la preuve

reposant sur l’employeur en cas de contentieux. Il

prévoit aussi une possibilité de dédommagement fi-

nancier du lanceur d’alerte de la part du Défenseur

des droits.

Les entreprises devront donc mettre en place des

canaux d’alerte et notamment des référents au sein

de l’entreprise, et veiller à respecter les nouveaux

droits des lanceurs d’alerte.

PRÉVENIR ET DÉTECTER LES FAITS DE

CORRUPTIONOUDE TRAFIC D’INFLUENCE

EN FRANCE OU À L’ÉTRANGER

Les sociétés qui emploient au moins cinq cents

salariés en leur sein et dans leurs filiales, dont le

siège social est fixé sur le territoire français et à

l’étranger, qui réalisent un chiffre d’affaires net

d’au moins 100 millions d’euros, se voient imposer,

ainsi que leurs filiales, des obligations de vigilance

contre la corruption.

Le premier projet de loi prévoyait de mettre cette

obligation à la charge des présidents, directeurs gé-

néraux et gérants, mais le Sénat l’a fait peser exclu-

sivement sur les personnes morales.

LE PROJET DE LOI «SAPIN II »

UN ARSENAL ANTI-CORRUPTION À

RENFORCER POUR LES ENTREPRISES

Le Projet de loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de

la vie économique a été voté par le Sénat le 8 juillet 2016. Le texte suit la procédure accélérée,

et devrait donc être voté avant la fin de l’année. Transaction judiciaire avec les autorités,

augmentation de la portée internationale du droit répressif français, protection accrue des

lanceurs d’alerte : Alexandre Regniault et Marguerite de Causans, Avocats à la Cour chez Simmons

& Simmons LLP, font le point.

Alexandre Regniault et

Marguerite de Causans,

Avocats à la Cour chez

Simmons & Simmons LLP

Par Alexandre Regniault et Marguerite de Causans

ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE

I N°10 I

SEPTEMBRE 2016

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VEILLE ET POSITION